En 2011, le « Printemps arabe » valait Révolutions prometteuses et avenir meilleur dans les pays où il s’était déclenché. Aujourd’hui, une décennie plus tard et à peu de nuances près, les populations qui ont tant espéré de ce renouveau déchantent amèrement. En tout cas, la carte du monde arabe affiche, par rapport à celle de la planète entière, le plus grand nombre de foyers de guerre et de brasiers interminables.
En Irak, en Syrie, au Yémen, en Palestine, en Libye, les conflits se multiplient et prennent à chaque fois une couleur et une tournure différentes. La paix, la stabilité, l’essor économique, paraissent maintenant aussi éloignés de ces pays que la planète ‘’Farout’’ du Soleil. Quant aux autres pays où la guerre ne sévit pas encore, ils ne renvoient que des signes inquiétants quant à leur proche ou lointain avenir. Ainsi en est-il de notre Tunisie, du Liban, de l’Egypte, de l’Algérie et à un degré moindre de la Jordanie et du Maroc.
De quel avenir parler dans tous ces pays, alors qu’ils n’ont pas leur destin en main, et que, désormais, les puissances classiques comme les puissances émergentes décident à leur place de ce sort. En fait, et depuis la décolonisation commencée au milieu du siècle dernier, rares sont les pays arabes et musulmans qui ont véritablement et totalement pris en main leurs destinées. Les quelques velléités d’autonomie manifestées par certains gouvernements ont été très vite et diversement matées. Il fallait, dans ces temps-là, se résigner à choisir son bord entre l’un des deux blocs dominants à l’Est ou à l’Ouest.
Aujourd’hui, la situation n’a guère changé en profondeur. Certes, les superpuissances ne sont plus tout à fait les mêmes ; mais les Arabes n’ont toujours pas leur destin en main. Et l’on voit mal comment, dans dix, vingt, trente ou cinquante ans, il pourrait en être autrement. C’est décourageant, tout cela. En effet. Mais c’est hélas la vérité. Pire encore, le spectre est là d’un retour imminent à la situation d’avant la colonisation. Dans la région, les multiples conflits d’intérêts menacent actuellement d’installer sur place les anciens-nouveaux colons : en plus de la Russie et des U.S.A. qui ont déjà fait leur nid notamment au Moyen-Orient, en plus de la France qui tente de sauvegarder une mince partie de son ancien et vaste empire colonial, voici la Turquie qui met son pied et un peu plus que son pied en Syrie, en Libye et plus insidieusement en Tunisie. Israël n’est bien évidemment pas en reste. L’Etat sioniste n’a d’ailleurs jamais cessé d’implanter ses colonies en Palestine, ni de s’infiltrer partout et de toutes les manières possibles (permises ou pas) en terre arabe et musulmane.
De quel avenir parler dans les pays du Printemps arabe mensonger, illusoire, miné ? Les crises se suivent et se ressemblent ; les trésoreries se vident ; les richesses naturelles s’épuisent inexorablement parfois ; les dettes s’accumulent, s’accumulent, s’accumulent, sans garantie de pouvoir s’en acquitter à court, à moyen ou à long termes ; les populations n’ont plus que le temps de courir après leur survie ; tandis que, contre d’humiliantes bagatelles, leurs dirigeants courent au service des maîtres américains, soviétiques, français, britanniques, turcs, israéliens, allemands ou italiens.
Avenir ! Avenir ! Avenir ! C’est aussi agréable à l’oreille que Printemps ! Printemps ! Printemps ! Mais ce qui se profile sous nos yeux, ce que nous vivons au jour le jour en terre arabe, n’a rien d’agréable, ni de prometteur, ni de rassurant. Tous les indices sont au « noir foncé », quand ils ne virent pas au « rouge sang » ! Comment éviter cet « avenir » terrifiant ? Comment modifier la couleur de nos voyants divers ? Comment faire pour que l’avenir nous sourie rose? Car, depuis longtemps maintenant, il ne fait que nous « sourire jaune » !
BADREDDINE BEN HENDA