VOIX D’AVENIR-Revue N°1 Ouverture : Interroger les concepts

Voix d’Avenir est un nouveau-né des périodiques de la pensée, de la recherche et de la culture. C’est une revue semestrielle bilingue (arabe et français), éditée par l’association « Questions et Concepts d’Avenir » (QCA) et participant du média de l’association dont le lien est : https://voixdavenir.org/

Voix d’Avenir se voudrait un espace d’échange et d’approfondissement de notre réflexion sur les questions problématiques en vue de leur concevoir des issues moins inquiétantes, et sur les concepts que nous utilisons sans nous soucier d’en préciser les contours et d’en préciser l’essence et la portée. Tout cela pour inscrire l’action dans la perspective de l’avenir, celui proche qui nous concerne directement et que nous sommes appelés à édifier sur de bonnes bases, et pourquoi pas celui lointain, des générations futures, pour lui léguer des traces de notre conscience que nous en sommes aussi responsables que du nôtre. Sans doute le concept de soutenabilité nous y inviterait-il.

Ce numéro inaugural de la revue Voix d’Avenir est centré sur l’interrogation du concept de démocratie et des questions y afférentes, aussi bien dans sa partie française (Dossier 1) que dans sa partie arabe (Dossier). Un deuxième dossier complète la partie française, portant sur le confinement et certaines des réflexions ou des textes de création qu’il a suscité chez les intellectuels.

Le Professeur Fathi Triki, directeur de la Chaire Unesco de Philosophie en Tunisie, nous propose la « démocratie participative et active » comme concept adapté à la conjoncture socio-politique. C’est une forme de dépassement de la démocratie participative préconisée par Habermas, par une solide articulation du concept à l’action civile, à la participation associative et à la solidarité sociale comme « une condition du vivre-ensemble démocratique ».

De son côté, Professeur Rachida Triki, éminente critique d’art de renommée internationale, s’attaque à l’analyse des pouvoirs de l’art dans un engagement démocratique. De ce point de vue, elle remarque que la démocratisation de la consommation artistique par les industries culturelles prétend se fonder sur l’exclusion de l’élitisme pour une égalité de la réception et du goût, mais en définitive, elle ne fait que standardiser « les comportements au point d’affaiblir le sentiment même d’existence dans l’appropriation de son imaginaire et de ses désirs ». Car, conclut-elle, « la force de l’art reviendrait à déstabiliser les représentations instituées par les puissances émancipatrices et démocratiques. Elle consisterait justement à développer un imaginaire stratégique qui manifeste par des situations artistiques la pure irréalité des désirs pour inciter à voir et à vivre autrement la virtualité de son réel ».

Quant au chercheur et universitaire Houcine Bouslahi, il a interrogé, du point de vue de l’analyse des discours, la façon dont un écrivain et politicien comme J. Giraudoux s’est attaqué au mythe d’Electre. Il montre alors comment le face à face de la logique de la raison et la logique de la passion débouche sur l’effondrement du pouvoir individuel et de la cité entière.

Dans la lignée du concept de Nouvelle Brachylogie, dont il est l’initiateur, le Professeur émérite Mansour M’henni, chercheur, écrivain, traducteur et homme des médias, conduit pour sa part un début de réflexion sur le concept de soutenabilité, largement à l’ordre du jour des préoccupations internationales. Il se demande s’il n’y a pas lieu d’œuvrer, culturellement, au sens large, au changement des mentalités à l’instauration d’une nouvelle éthique de la démocratisation fondée sur l’esprit de conversation, cher à Socrate.

Le chercheur, universitaire et écrivain Badreddine Ben Henda ouvre le dossier consacré aux « Fleurs du Mal » du confinement. Il part de ses impressions face au fléau de la Covid pour conduire une réflexion cherchant à mettre le doigt sur « la complexité des questionnements qu’induit l’épidémie du Coronavirus et l’inquiétude croissante de l’humanité face à ses nombreuses limites ».

Houcine rapplique avec le confinement, pour s’intéresser à au cas Shéhérazade des Mille et une nuits et réfléchir sur la problématique de la survie. Il conclut que, « pour échapper à la mort qui la menace en permanence, [Shéhérazade] fait savamment usage du récit pour assurer son salut [et use] la narration devient, non seulement une forme d’expression esthétique […], mais aussi un moyen de lutte contre la chronologie de la finitude ».

Le site électronique de Voix d’Avenir, ci-dessus cité, a ouvert pendant le confinement un espace de conversation sous forme de forum. De nombreuses impressions et plusieurs avis y ont été exprimés. La rédaction de la revue a jugé bon de partager avec ses lecteurs une partie de ces « textes et commentaires ».

La partie français finit après par deux lectures critiques du premier roman de Badreddine Ben Henda, un produit du confinement, et d’un roman de Youssef Wahboun, respectivement réalisées par Mansour M’henni et Mounir Serhani, chercheur, universitaire, écrivain et traducteur marocain.

Comment clore cet éditorial sans remercier l’artiste et universitaire Sami Ben Ameur pour l’amitié et la générosité dont il a fait preuve à notre égard en offrant les images des deux couvertures de la revue ?

Osons croire ensemble à l’avenir par le partage de nos pensées et de nos créations, dans VOIX D’AVENIR par exemple !

Couverture

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sami Ben Ameur (Tunisie). Vitalité. Acrylique sur toile. 54 x 74.

 

Sommaire (Fr)

 

¤ Ouverture : (Mansour M’henni) – 3

 

¤ Dossier 1 : Interroger les concepts. Le cas de la démocratie

¤ Pour une démocratie participative et active (F. TRIKI) – 5

¤ Art et démocratie (R. Triki) – 13

¤ Autocensure et transgression dans l’écriture tragique ou le paradoxe du signe

(H. Bouslahi) – 21

¤ Soutenabilité et société de conversation (M. M’HENNI) – 35

 

 ¤ Dossier 2 : Covid, covid, quand tu nous tiens… Les Fleurs du Mal

¤ L’énigme Covid 19 : Un débat dans le flou des incertitudes (B. BEN HENDA) – 43

¤ Confinement, sursis et mise en hypothèque. Le cas Shéhérazade des Mille et une nuits (H. Bouslahi) – 51

¤ Confinement : Florilège de textes et commentaires – 61

 

¤ Lectures :

¤ Dormances… entre la phrase et la parenthèse (M. M’henni) – 67

¤ Trois jours et le Néant, l’autre hymne à la vie (M. Serhani) – 71