Arts plastiques : Hassen Soufy, le dernier de l’Ecole de Tunis, expose à Saladin
A 85 ans, même verve, même passion
Né à Tunis en 1937, Hassen Soufi est un artiste peintre octogénaire. L’un des deux derniers de l’Ecole de Tunis, avec Fethi Ben Zakour. Il est diplômé de l’école des Beaux-Arts de Tunis et de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Il a enseigné la décoration et l’histoire de l’art à l’Ecole des Beaux-Arts. Il a participé à plusieurs expositions dans le monde : Etats Unis, Canada, France, Allemagne, Grande Bretagne, Turquie, Italie, Maroc, Grèce, Espagne…
Au début, il s’adonnait à l’art abstrait, amplifiant même cette tendance qui s’opposait au réalisme de l’époque, adopté par ses collègues de l’Ecole de Tunis. Cette orientation lui vaudra d’être reconnu comme l’un des pionniers de l’abstraction en Tunisie. Ses œuvres artistiques étaient différentes de celles des artistes de l’Ecole de Tunis connus pour leurs travaux figuratifs alors que lui, il s’est penché essentiellement sur la création abstraite. Plus tard, Hassen Soufi a changé de cap pour épouser le style figuratif, c’est qu’il a emprunté un chemin inverse de celui des artistes de l’Ecole de Tunis qui, eux, se reconnaissaient surtout à leurs productions orientalistes et traditionnelles.
Ce vétéran de l’art, malgré le poids de l’âge, continue de créer sans relâche. Le voilà qui revient à la Galerie Saladin avec une nouvelle exposition personnelle de 30 tableaux récents, où le style figuratif est prépondérant. Trente œuvres dont deux seulement en peinture à huile sur toile, le reste est en acrylique sur papier, faites de couleurs gaies et claires et surtout de lumière et de fraicheur d’où émanent le bonheur et la joie de vivre. Le visiteur remarquera facilement l’absence totale de la couleur noire dans tous les travaux exposés, comme si l’artiste voulait nous fournir une bouffée d’espoir et d’optimisme pour nous faire échapper de la grisaille du quotidien.
Deux thèmes caractérisent cette exposition : le nu (peinture des femmes) et la nature (paysages et compositions florales), deux thèmes qui évoquent la beauté, la grâce, le charme, la splendeur et la séduction. Les toiles exposées sont ainsi agréables à voir, tant qu’elles sont exécutées avec beaucoup de goût, de sensibilité, d’imagination et de virtuosité.
Côté nu, on peut voir des tableaux comme « Femme à la robe rouge », « La femme au divan bleu », « Nue aux bras levés », « La femme tatouée », « La ballerine », « La baigneuse », « La femme pudique ». Dans ces travaux, l’artiste ne peint pas en vérité la femme nue autant qu’il fait apparaitre sa féminité et sa délicatesse. Il fait agrémenter les différents portraits de ces femmes avec des éléments harmonieusement en concordance avec les sujets peints, moyennant des couleurs tendres presque naturelles bien reposantes et réjouissantes pour l’œil.
Quant aux travaux sur la nature, on peut voir des toiles merveilleuses montrant soit des paysages, soit des bouquets de fleurs : « « La forêt émeraude », « « Paysage aux narcisses », « Citrons verts » « Bougainvilliers et opaline », « Paysage d’automne », « Les hibiscus », « Paysage orange », « Le printemps des mimosas », « Paysage marin », « Le printemps du village ». On y remarque toute la singularité de l’artiste à travers ces vues pittoresques et ces natures mortes qui dénotent sa bonne humeur et sa gaité qu’il veut communiquer et partager avec les autres.
L’on découvre aussi dans cette exposition ces tableaux monochromes où l’artiste n’emploie qu’une seule couleur dans des tons différents, (le bleu, le vert ou le rouge), que l’artiste applique par couches successives, faisant voir des nuances échelonnées sur toute la toile, comme on en voit dans le tableau intitulé « La forêt émeraude », pour ne citer que cet exemple.
Ainsi Hassan Soufy a su maintenir, malgré l’âge, cette grande exigence de qualité plastique aussi bien dans la peinture du nu que dans celle de la nature morte, les deux étant faites dans un style figuratif moderne.
Hechmi KHALLADI