Tunis vivra du 17 au 27 juin au rythme de la 3è édition de la Foire Nationale du Livre Tunisien qui a été annulée l’année dernière à cause de la COVID-19. « Voix d’Avenir » a rencontré Mohamed El May, directeur de cette édition qui nous a présenté les grandes lignes du programme. Entretien :
Voix d’Avenir : Peut-on dire que cette 3è édition est celle de tous les défis ?
Mohamed El May : En effet, d’abord, il y a le défi de la conjoncture actuelle, à savoir le corona virus qui sévit dans le pays et tout ce qui en découle, ce qui nous a obligés de retarder la date de la tenue de cette 3è session. D’ailleurs, la vie culturelle a été très affectée par cette pandémie depuis deux ans ou presque. Le fait que nous tenons à organiser cette session dans de telles circonstances est un grand défi en soi. L’ouverture est prévue pour le 17 juin ; c’est vrai que c’est une période d’examens pour les élèves et les étudiants et que la température sera un peu relevée, mais heureusement que les lieux de la foire sont assez spacieux et assez agréables pour accueillir les exposants et les visiteurs qui y trouveront toutes les commodités et les équipements nécessaires. Un autre défi consiste à satisfaire une demande provenant des éditeurs tunisiens qui ont été très touchés dans leurs activités par cette pandémie et qui se plaignent d’une certaine mévente et de rétention de stocks ; de là est venue l’idée de consacrer toute cette session aux seuls éditeurs pour qu’ils puissent écouler leurs marchandises. Cette période qui coïncide avec la fin de l’année scolaire et universitaire pourrait leur être une occasion favorable. Donc, la tenue de la foire est pour eux une nécessité, malgré les circonstances.
– Quelles sont les nouveautés à apporter par cette 3è édition par rapport à celles qui ont précédé ?
– D’abord, retenons que cette édition est réservée strictement aux éditeurs tunisiens et non pas aux librairies. Ensuite, pour la première fois, un catalogue englobant les noms de toutes les maisons d’éditions, tous les membres du Comité organisateur et toute la programmation détaillée de la foire, sera élaboré et distribué gratuitement aux visiteurs. Ce catalogue est considéré comme le guide de la foire dans la mesure où il comprend même le statut de la foire qui précise l’objectif, les moyens et les règles de fonctionnement, si bien que le visiteur sera informé sur tout le continu de la foire jusqu’ au moindre détail. De plus, ce qui est exceptionnel pour cette édition, tous les travaux des colloques prévus seront imprimés le jour même et seront à la disposition du visiteur. Autre chose inédite dans l’histoire de la foire du livre, un grand hommage sera rendu aux éditeurs le jour de l’ouverture, même ceux qui nous ont quittés. En outre, à l’instar de la Foire Internationale du Livre qui invite des auteurs tunisiens ou étrangers, nous avons opté pour l’invitation d’une ville de la Tunisie et notre choix a été fixé sur Sfax.
– Pourquoi Sfax et pas une autre ville ?
– Comme c’est une première expérience, nous voulons qu’elle soit réussie. Nous avons donc opté pour Sfax d’abord parce que c’est une ville qui pullule d’éditeurs, d’écrivains, de poètes, d’artistes, de penseurs et d’universitaires ; ensuite beaucoup de Sfaxiens habitent à Tunis et banlieue, ils peuvent ainsi se rendre facilement et massivement à la foire. A la différence d’autres villes tunisiennes dont les originaires sont peu nombreux à la capitale.
– Vous avez prévu des expositions, des colloques, des hommages, des séances de dédicaces… Vous ne trouvez pas que le programme est trop chargé pour être exécuté en dix jours ?
– Oui, en effet, le programme est bien fourni. Justement, on ne peut pas concevoir une foire de livres sans activités culturelles. La culture est la colonne vertébrale de notre foire, c’est pourquoi nous avons prévu ce grand nombre d’activités culturelles qui seront réparties sur toute la période de la foire. Du fait que la foire du livre est avant tout un événement culturel tant attendu, il faut qu’elle s’accompagne de diverses manifestations culturelles pour ne pas se contenter d’une simple vente de livres. De toute façon, on doit équilibrer entre le marché du livre et la culture en général ! Je tiens à vous dire que nous avons prévu 150 participants qui auront à assurer les différentes activités (poésie, nouvelle, roman, arts plastiques, théâtre, colloques, rencontres, signatures…) et autour de 65 éditeurs tunisiens seront présents.
– Quelle est la part de l’enfant dans tout ce programme culturel ?
– Sans doute, nous avons pensé à l’enfant, vu que la culture de l’enfant est primordial : outre les activités ludiques et culturelles dirigées à l’enfant sur les lieux de la Foire (livres sonores, contes, lecture, ateliers, jeux…) le Comité directeur a concocté également un programme spécial et alléchant qui cible les enfants SOS Gammarth.
– Le grand penseur tunisien Hichem Jaïet vient de nous quitter et ainsi son nom a été attribué à cette 3è édition. Cela entraine-t-il un changement dans le contenu du programme ?
– D’abord, nous avons prévu un grand hommage à Hichem Jaïet avant même sa mort. C’est aussi la première fois dans l’histoire qu’une session de la foire nationale du livre est désignée par un nom ; c’est le moins qu’on puisse faire pour ce grand penseur national. Et puis, nous avons prévu une journée pour célébrer l’historien tunisien, ayant pour titre : « Qui écrit l’histoire ? ». De plus, un colloque sera tenu par l’Institut de la Traduction à l’honneur de feu Hichem Jaïet autour de son dernier livre.
Propos recueillis par Hechmi KHALLADI