Je ne peux parler de l’école en général, même en ces temps du pire de ses états, sans évoquer son rôle d’éducation à la citoyenneté ni sans penser à mon école, de son ancien nom « Ecole primaire de Lamta », qui m’avait ouvert ses bras le jour où l’école de mon village avait refusé de m’accepter parce que je n’avais que cinq ans. J’ai toujours un grand attachement à tous les lieux et les établissements où il m’a été donné d’acquérir du savoir et de la connaissance, en apprenant ou en enseignant ; mais j’ai un amour exceptionnel pour ma première école.
L’année dernière, j’y ai rendu visite à son directeur et certains de ses collègues et, autant j’ai été surpris par la restructuration de son espace, plus réduit pour des raisons d’ordre foncier, autant j’ai jubilé en admirant l’esthétique qui s’y dessine et la conscience environnementale qui s’y illustre : la propreté, l’entretien des plantes, les décorations, etc. Tout cela malgré une précarité de moyens qui aurait pu pousser à l’abandon et à l’indifférence. On avait parlé alors d’y organiser des activités culturelles, en collaboration avec des associations et d’autres parties, publiques et privées. L’occasion de son 90ème anniversaire nous paraissait bien à propos pour réunir des anciens de l’école, des parents, des élèves et du personnel enseignant et administratif ; mais la covid a constitué un obstacle incontournable. J’espère que ce n’est que partie remise ! C’est un report qui concerne notre collaboration envisagée, évidemment, car pour le reste du labeur interne, les responsables de mon école sont inlassables et le feu de leur passion est difficile à étouffer.
En effet, voilà que je trouve, il y a moins d’une semaine, sur ma page facebook, des photos montrant un nouveau programme environnemental dans cet établissement, réalisé avec l’appui du ministère de l’Environnement. Des poubelles de tri sélectif des déchets sont disposées devant les classes, différenciées par leurs couleurs respectives : bleue, noire, jaune, verte. A côté, un pot de fleurs de plantes grasses.
Il y a certes une part de subjectivité dans ce qui est écrit ici ; mais au-delà, il y a bien une logique d’implication citoyenne et une conscience de l’intérêt public, un intérêt commun, qui sont les piliers principaux de la mission d’éducation. La culture environnementale est au centre de la civilité et se nourrit du respect des personnes, sans ségrégation, du respect de la faune et de la flore, ainsi que du respect de l’espace en tant que partenaire aux dimensions multiples, du plus petit au plus grand. Or cette éthique et cette culture a besoin d’une pédagogie particulière, en triangulation entre la famille, l’école et la société. Il lui faut aussi commencer très tôt pour grandir avec l’enfant et s’ancrer dans sa conscience. Pour réussir, elle a surtout besoin d’une implication plurielle et solidaire entre les citoyens, l’administration et les entreprises, ainsi que d’une ambiance de communication alliant l’intelligence et l’affection.
Que c’est heureux de voir toute la famille d’une école attentive à la moindre infraction à cette éthique du respect pour intervenir, non par la violence ou la sanction ni même par le dénigrement ou par l’ironie blessante, mais par la conversation horizontale avec l’enfant, en vue de lui faire sentir le sens de la responsabilité. Un enfant ainsi encadré et intelligemment accompagné dans son évolution affective et mentale serait même un bon éducateur à la maison si dans sa famille on n’est pas sensible à la pédagogie environnementale comme une école de citoyenneté.
Merci mon école, je continuerai de nourrir ma conscience du lait de ton savoir, produit par ces gens simples, humbles et patriotes qui me changent de toutes les folies qui nous entourent et nous empoisonnent la vie !