Université de Monastir
Institut Supérieur des Langues Appliquées de Moknine
En partenariat avec
Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire en Discours, Art, Musique et Economie (LR18ES23)
&
Laboratoire de Recherche École et Littératures (LR21ES22)
organisent le colloque
La place de l’oral dans la formation de futurs enseignants
(8 et 9 Novembre 2022)
Argumentaire
Dans le parcours universitaire, l’oral occupe une place peu importante dans la formation des étudiants. Il semble associé à un apprentissage plutôt « naturel » et « intuitif » par opposition aux savoirs « techniques » ou « scientifiques » dont bénéficient, par exemple, la morphologie, la littérature ou encore les compétences écrites. Dans ce sens, la formation reçue par l’étudiant, futur enseignant et citoyen, est fondée essentiellement sur l’acquisition de l’écrit. Aussi les descriptifs des modules et les critères d’évaluation sont-ils clairement présentés et organisés pour l’écrit. Par contre, l’oral ne jouit pas d’un statut clair ou d’objectifs précis. En fait, rares sont les matières consacrées exclusivement à l’oral. Pourtant, les enseignants universitaires soulignent l’importance de l’oral puisque les étudiants, futurs enseignants pour la plupart, devront s’exprimer davantage oralement que par écrit et devront, surtout, assumer le rôle de modèle linguistique auprès de leurs élèves. Mais n’ayant reçu aucune formation solide en matière de pédagogie de l’oral, les enseignants universitaires ont tendance à « enseigner » et, par la suite, à évaluer l’oral comme étant de « l’écrit oralisé ».
L’enjeu de ce colloque est de voir si l’apprentissage de l’oral se borne uniquement des enseignants de langue, essentiellement de phonétique ou s’il associe aussi les enseignants de littérature à travers de multiples activités : des explications de texte orales, des débats, des exposés oraux, etc. On se demande s’il existe des approches qui facilitent l’intégration, voire la fusion des activités de communication orale aux activités de lecture, d’analyse littéraire, d’étude stylistique, etc. L’objectif est donc double : multiplier les activités et les séances de l’oral et établir un lien entre la maitrise de l’écrit et celle de l’oral. Les didacticiens ont montré que la maitrise de la communication orale nécessite sa pratique fréquente et constante dans toutes les activités des enseignants de langue, de littérature et de civilisation. Un tel emploi régulier constitue un facteur primordial dans l’acquisition de toutes les compétences orales.
Le second enjeu de ce colloque est lié à la question de l’évaluation de l’oral. Puisque c’est un objet d’enseignement ayant un statut à part entière, selon quels principes et règles se fait l’évaluation de l’oral ? Doit-on prévoir, comme autrefois, des épreuves orales à ceux qui réussissent à l’écrit en littérature et civilisation ? Comment harmoniser les critères d’évaluation alors que la pratique de l’oral concerne plusieurs matières et qu’elle est même pour plusieurs didacticiens une activité transversale ?
L’évaluation de l’oral pose donc des problèmes d’ordre théorique et pratique. En effet, contrairement à l’écrit, l’oral, étant « volatile », présuppose une évaluation en temps réel. Alors comment pourrait-on l’évaluer et comment pourrait-on garantir une évaluation précise et systématique ?
La tâche de l’évaluation de l’oral est encore plus difficile, sinon inutile pour certains modules de l’écrit comme la linguistique. Dans ce cas, l’enseignant est sensé accorder une note orale en plus de la note écrite sans qu’il y ait une idée claire sur les critères d’évaluation. Dans la quasi-totalité des cas, on réduit l’évaluation de l’oral à la simple présence de l’étudiant ou à sa participation en classe, chose qui ne semble pas vraiment pertinente ou judicieuse.
Par ailleurs, la pratique de l’oral dans les textes littéraires n’est pas mise en valeur. Il n’est pas inutile de s’intéresser aux marques, au fonctionnement et aux objectifs de l’oralité dans un texte littéraire. Il serait vraiment intéressant de penser à théâtraliser une scène ou « chanter » un poème.
On s’interroge alors sur le statut de l’oral clairement marginalisé dans la formation universitaire de façon à produire de futurs enseignants incapables de s’exprimer oralement en toute fluidité.
Il est donc temps de revoir la place de l’oral dans notre système éducatif universitaire. Si l’on cherche à améliorer la qualité de l’enseignement et à créer les conditions d’une meilleure réussite dans les apprentissages, un renouvellement des pratiques enseignantes s’impose afin d’améliorer la formation aussi bien à l’oral qu’à l’écrit.
Par ailleurs, une autre composante de la formation à l’oral s’impose, celle de la pratique culturelle francophone, car une langue qu’on ne parle pas souvent est difficile à maîtriser. Il conviendrait même de songer à une forme de socialité ouverte à la francophonie, loin de certaines considérations idéologiques mêlant les présupposés politiques à la formation scientifique et à l’éducation culturelle ouverte sur l’universel humain. Et dans ce cadre, force est de se fixer sur le cliché classique d’une langue plus utile que l’autre car, comme dit le proverbe, un homme vaut autant d’hommes qu’il n’en connaît de langues et chaque langue apprise a sa plus-value dont il faut savoir tirer profit.
Dans cette perspective, nous proposons, en plus des séances consacrées aux communications, des ateliers pratiques dont l’objectif est le travail interactif avec les étudiants.
Axes des communications
Des axes de réflexion peuvent être suggérés, à titre indicatif, sans s’interdire l’hospitalité à d’autres pistes de recherche avancées par les intéressés. Les nôtres sont les suivants :
-le statut de l’oral dans le système éducatif universitaire : lacunes et solutions possibles ;
– Approches théoriques et pratiques pour l’enseignement/apprentissage de l’oral ;
-Critères et stratégies d’évaluation de l’oral ;
-Rôle de la littérature (poésie, théâtre, littérature orale) dans l’enseignement/apprentissage de l’oral ;
-Apprentissage de l’oral et pratique de la civilisation et de la culture ;
-Quelle pratique de l’oral dans la société tunisienne d’aujourd’hui ?
Axes des ateliers
-Expression orale et stratégies efficaces de didactisation de l’oral : interview, exposés, sketch…
-Pratique de l’oral à travers le théâtre et ou la poésie : mise en scène, lecture de poème…
-Pratique de la langue : de l’oral à l’écrit et de l’écrit à l’oral : modalités d’énonciation, phonétique corrective, etc.
Modalité de participation
Les collègues intéressés par cette problématique peuvent participer avec une communication et/ou proposer d’animer un atelier. Pour ce faire, il est demandé de préciser pour chaque proposition s’il s’agit d’un atelier ou d’une communication avec un résumé de 300 mots.
- Les propositions sont à envoyer à Mme Hayfa Ammar(hayfa_h@hotmail.fr)
- Pour tout autre renseignement, vous pouvez contacter Mme Zeineb Ammar(ammar.b@gmail.com) ou Mme Sonia Agili (agili.sonia@live.fr)
Calendrier
Lancement de l’appel à communication : Juin 2022
Date limite de soumission des projets de communication : 30 Août 2022
Réponse du comité scientifique : 10 octobre 2022
Date du colloque : 15/16 Novembre 2022
Date de publication des articles : 2023
Comité scientifique
- Mansour M’henni
M.Mustapha Trabelsi
- Abderrazak Sayadi
- Nizar Bensaad
Mme Zouhour Ben Aziza
- Badereddine ben Henda
Comité d’organisation
Mme Wided Dhrief
- Nabil Najjara
Mme Zeyneb Ammar
Mme Imen Maalej
Mme Sonia Agili
Mme Boutheina Boughraira
- Mouhamed Maalej
Mme Hayfa Ammar
Indications bibliographiques
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