La Tunisie a été éliminée des finales de la Coupe d’Afrique des Nations de football, sans atteindre les huitièmes de finale, alors qu’elle projetait d’atteindre au moins les demi-finales. « A chacun ce qu’il peut et non ce qu’il veut », dit-on ! Pourtant, on dit aussi « qui veut peut ». En matière de football africain, la Tunisie a choisi le premier dicton, ne réussissant pas à marquer plus d‘un seul but en trois matchs disputés ! Trop peu pour l’objectif fixé.
Si la Tunisie a manqué de réalisme en orientant son objectif vers les demi-finales, c’est parce qu’elle a manqué d’objectivité à évaluer ses moyens d’action en fonction de ses stratégies de préparation et de gestion des compétitions programmées. A la fin, on se satisfait de la démission de l’entraineur, qui n’en est pas une en fait, puisque, semble-t-il, son contrat est signé jusqu’à la CAN 2024 de football, avec un objectif précis, au moins les demi-finales.
Pourtant, tout le monde, ou presque, était sceptique quant à la réalisation de l’objectif fixé de par toutes les conditions que tout le monde savait. Mais tout le monde, ou presque, croyait pouvoir dépasser les défaillances en tout genre à coup de prières : c’était le cas de la plupart des commentateurs, des supporteurs et même des supporters, peu avant le dernier match contre l’Afrique du Sud. C’est dire déjà que ces prières étaient l’expression d’une impuissance du « peuple du foot » à changer quelque chose dans une débandade annoncée.
En effet, voilà un temps que les cordes ne sont pas accordées entre le ministère de tutelle et la fédération concernée, que le président de cette dernière est entre les mains de la justice pour différents chefs d’inculpation dont certains essaient de le laver pendant que d’autres essaient de l’y enfoncer plus profondément, que la direction technique de l’équipe a été reconstituée sur la base d’une supposée divergence entre l’ancien entraîneur et son adjoint, conclue au profit de ce dernier qui, devenu premier responsable technique, n’a pas échappé à la même divergence, plus médiatisée, entre lui et son adjoint. Ajoutez à cela tous les tiraillements relatifs aux joueurs qui sont injustement convoqués et ceux qui injustement écartés, ainsi qu’à ceux qui, convoqués, sont injustement prioritaires pour jouer ou injustement mis dans les rangs des remplaçants alors qu’ils sont jugés rentrants par les commentateurs, spécialistes ou non.
Pour tout dire, nous nous retrouvons en matière de football comme en matière de tous les autres sports qui ne sont pourtant pas classés comme tels. A commencer par la politique. Que tout le monde ait et émette même un avis sur toute chose concernant son pays, c’est dans l’ordre des choses et c’est la juste loi de la démocratie. Ce qui est contraire à cette loi, et qui brise l’éthique qu’elle suppose, c’est de vouloir imposer son opinion et sa façon de voir par la violence, surtout celle la plus dangereuse, celle du discours manipulateur qui se fait fort de sa rhétorique, de dépréciation et de diffamation même, ainsi que de tous les appuis qu’il peut avoir en matière d’argent, d’autorité et de combines.
En bref, ce que nous vivons aujourd’hui en matière de football est un indicateur fiable d’un mal plus généralisé qui ronge notre société. A nous de prendre nos échecs pour des leçons d’avenir et de faire ce qu’il faut, en conséquence.