Par Mansour M’henni
On ne soulignera jamais assez l’importance d’initiatives comme celles du Collectif-CURA (Culture-Université-Recherche-Associations) à même de propulser la réflexion et les actions portant sur la dynamique sociétale et la conscience citoyenne. C’est dans ce cadre informel de coordination qu’est programmé, annuellement, le colloque international « Science-Culture-Citoyenneté », conduit par l’association « Questions et Concepts d’Avenir » (QCA), parrainé par l’Université Tunis El Manar, organisé en partenariat avec le CERES et en association avec les structures associatives, institutionnelles et de recherche du collectif CURA et de ses collaborateurs.
Cette année, la quatrième édition du colloque (SCC 4) s’est tenue les 20 et 21 février 2025 dans les locaux du CERES et a bénéficié d’une hospitalité et d’un appui fort louables de la part de ce centre pertinemment dynamique. Elle a eu pour objet un thème aussi grave (dans les deux sens du mot) que motivant, celui de « l’afroméditerranéité », surdéterminé par le sous-titre fort significatif, « le Sahara une mer à deux visages ». Force est d’abord de souligner le succès de la manifestation grâce à l’effort des organisateurs, et à leur tête le Directeur général du CERES, Pr. Youssef Ben Othman, et la Présidente de QCA, Halima Ouanada. Mais l’important est de s’attarder sur les questions posées et les idées développées par cette rencontre pour inviter à y creuser davantage les éléments d’une pensée plus profonde et plus gratifiante d’un meilleur vivre-ensemble, à tous les niveaux de la socialité humaine.
L’interrogation première a tourné autour de la relation et de l’analogie entre le désert et la mer en général, et particulièrement entre le Sahara et la Méditerranée. Ce lien remonterait à un passé très lointain lié à la structure dynamique du globe terrestre et au mouvement des continents, mais il prend une dimension plus cruciale dans le monde moderne, en passant par cette « idée folle » de la fin du XIXe siècle cherchant à « reverdir le Sahara par l’eau de la Méditerranée ». En fait, cette idée apparemment « folle » au vu de sa réalisation matérielle devient on ne peut plus intelligente quand elle s’inscrit dans l’usage symbolique où la verdure ambitionnée devient une modernité de la pensée partagée et une efficacité du développement solidaire dans le respect des valeurs fondamentales de l’humanité de l’Homme.
Tout dans notre monde et dans son évolution nous ramènerait, d’une façon ou d’une autre, à un apport crucial de l’Afrique à cette notion de monde qui l’a pourtant longuement négligée. Aujourd’hui, si l’homme veut s’inscrire dans la logique de la supériorité de sa race parmi les autres créatures, il se doit de repenser son rapport à l’Afrique dans les termes et dans la pratique d’une juste parité des droits et d’une équitable valorisation des mérites, avec l’esprit incorruptible du respect mutuel et de la solidarité humaine. Le reste en découlerait logiquement, notamment tous les problèmes cuisants de ces derniers temps, en rapport aux différentes migrations et à leurs problèmes.
L’importance et la pluralité des perspectives d’approche de la question, en l’occurrence la sociologie, la psychologie, l’économie, la littérature, les arts et la politique, toutes reconduisent implicitement ou explicitement la grande question de la gestion des intérêts particuliers en restant profondément ancré dans l’inaliénable attachement à ce qui est essentiellement et universellement humain.