Pour ne pas avoir un caractère expéditif et arbitraire, la non attribution d’un prix littéraire, qui constitue une décision grave de la part d’un jury, doit se fonder sur un argumentaire imparable. Lorsqu’on décide, d’un revers de la main, de faire le blackout sur les efforts de nombreux auteurs en se prévalant du critère relatif et discutable du niveau, c’est qu’on se considère soi-même comme une autorité douée d’une crédibilité absolue et d’une compétence incontestable. C’est user de son pouvoir en redresseur de torts.
En effet, une telle suppression ne peut être que polémique. Elle retentit comme une sonnette d’alarme, comme un cri pour attirer l’attention du public sur des faiblesses, voire la médiocrité d’une production qui ne mérite que d’être jetée aux orties, en bloc !
Le cru poétique de l’année 2022 – 2023 est-il à ce point catastrophique pour mériter un verdict aussi sévère ? Cette sentence, pour ne pas dire cette condamnation, est la responsabilité d’un jury souverain qui marque d’un point noir la troisième édition d’un prix encore jeune et qui gagnerait à trouver des modalités moins répressives et moins clivantes pour hisser la discipline littéraire vers l’excellence. Dans l’attente de connaitre les motifs de la suppression du prix dédié à la poésie, je propose que le montant de 20 000 DT alloué à cette récompense (qui ne sera pas attribuée cette année) soit remis au croissant rouge tunisien, au profit de Gaza.
P.S : Merci de bien vouloir rendre publique la liste des candidats disqualifiés.