On s’étonnerait de l’intitulé donné à cette catégorie d’article, une désignation plus courante dans les annonces ; mais ici le choix est intentionnel, cherchant à conduire simultanément les significations synonymiques d’opinion, de sentiment, d’annonce et de communication.
J’avoue d’emblée que parallèlement à ma carrière pédagogique et académique, j’ai toujours été un fan, directement ou indirectement impliqué dans le secteur des médias et passionné par sa mission. Cela fera bientôt un demi-siècle, ce qui n’est certes pas pour me rajeunir, et cela continue de plus belle. De fait, je demeure un éternel errant entre les médias écrits, audiovisuels et électronique, responsable discipliné quand je suis fonctionnaire, libre et autrement responsable quand je suis dégagé de toute fonction officielle.
Cette histoire d’amour (c’en est vraiment une !) avec les médias, comme avec d’autres aspects de la science, de la pensée et de la culture, nécessiterait peut-être, rien qu’à elle, un livre au moins de poétique mixte entre le romanesque, l’autobiographique et le commentatif. Mais ce que j’en retiens aujourd’hui, c’est mon accord spontané à toute proposition cherchant à créer un nouveau média ou à venir au secours d’un média en difficulté, par l’énergie et les acquis que je pourrais retrouver en moi à cet effet. C’est pourquoi j’ai tout de suite dit oui à la proposition de mon ami Raouf Khalsi de m’associer à une entreprise de réhabilitation du journal Le Temps, qui a été le deuxième journal francophone de Tunisie après La Presse (une autre famille pour moi), et dont il avait assumé précédemment la direction.
Le Temps m’est cher de par mes premiers essais de créateur dans le supplément « Le Temps des jeunes » dirigé par Abdelkrim Kabous, puis mon expérience de rédacteur-chronique, surtout dans la page littéraire coordonnée par feu Nébil Radhouane dans le service culturel dirigé par Ridha Kéfi. Aujourd’hui ce journal, et peut-être toute l’entreprise de Dar Essabah, ont besoin d’un grand soutien pour retrouver leur rayonnement d’antan et leur fonction jamais révolue. J’invite tous ceux qui peuvent le faire à ne pas hésiter et je reprends, à leur intention et à celle de tous les lecteurs intéressés, ce statut que j’ai publié sur ma page facebook du 4 août 2021 :
« Le Temps new look
Je suis heureux de ce nouvel élan dans Dar Assabah qui cherche à redorer le blason d’une entreprise médiatique fragilisée par les courants incontrôlables et les aléas difficilement surmontables du cours du temps présent, mais trouvant des intentions louables et un potentiel appréciable dans une équipe volontariste et dévouée, malgré son nombre limité : Mohamed Ouahada (Délégataire), Sofien Rejeb (Directeur de la Rédaction), Raouf Khalsi (Rédacteur en chef ), Samia Harrar (Rédacteur en Chef-adjoint ) et Mohamed Mejri (Directeur du Pré-presse ).
Le mardi 3 Août 2021, Le Temps (New look) paraît dans sa nouvelle version, accompagnant un sursaut de conscience de la société tunisienne concrétisé le 25 juillet 2021. C’est dire combien il est important de réhabiliter le second journal francophone du pays (après La Presse de Tunisie). Aussi ai-je accepté avec plaisir, conviction et engagement de contribuer à cette louable action, surtout que l’ambition va en grandissant avec le projet imminent du site letempsnews.
Je partage donc avec vous mon premier article dans cette nouvelle aventure, non moins agréable que les deux précédentes dans le même journal, dans les années 70 du siècle dernier et dans la période de la fin des années 80 et du début des années 90.
Bonne chance pour toute l’équipe permanente et les collaborateurs externes. C’est d’une importance nationale que de réhabiliter Le Temps et tous les médias tunisiens en difficulté. Notre espoir est que les autorités compétentes s’activent à régulariser la situation des entreprises confisquées, dont Dar Assabah et Shems FM.
La Tunisie de demain a besoin de toutes ses voix, dans leur large différentiation et dans leur plus large liberté, consciente, respectueuse et responsable. »
Article paru le 04-08-2021 (Titre de la rédaction)
Le Président fait comme Talleyrand : « Doucement, je suis pressé »
Par Mansour M’henni
Le 25 juillet 2021 a bien eu lieu, avec toutes les nouveautés qu’on lui connaît désormais, une dizaine de jours après l’événement. Il est donc temps d’y voir et d’y penser les voies les plus idoines pour un meilleur avenir. Donc de s’interroger sur ce que nous prépare comme programme le président Kaïs Saïed au vu de la situation actuelle du pays, par trop inquiétante, ce qui justifie ses décisions fermes pour la plupart des Tunisiens, et en rapport aux attentes citoyennes désormais plus amples et plus nombreuses.
De ce point de vue, le constitutionnalisme outrecuidant ayant toujours permis à certains de faire du plat et d’user de tous les subterfuges interprétatifs en faveur de leurs intérêts, toute fixation quasi-obsessionnelle sur la constitutionnalité ou non de la démarche présidentielle devient populairement hors de propos et réduite à des divergences d’écoles ou d’humeurs entre constitutionnalistes, de spécialité ou de circonstance, et ne saurait forcer une marche à rebours dont les effets seraient graves et fâcheux. Seul importerait aujourd’hui une marche en avant, avec le Président, pour l’assister, l’éclairer, et le contrôler. De fait, voilà ce qui semble être le fond de l’engagement citoyen, dans l’état actuel des choses, dont l’esprit est la participation constructive pour un meilleur avenir, surtout que tout le monde s’accorde sur la situation lamentable de notre gouvernance lors de la dernière décennie !
D’ailleurs, dans la même perspective, il y aurait lieu de s’étonner de l’impatience de certains compatriotes devant ce qu’ils considèrent comme un retard exagéré à rassurer le peuple et les partenaires par la nomination du nouveau gouvernement (ou au moins son président) et par la présentation de la feuille de route des prochaines étapes du processus. Trop tarder est risqué certes, mais se précipiter l’est encore plus. En effet, ne faut-il pas le temps qu’il faut pour ne pas se tromper dans le choix des nouveaux responsables et n’en faut-il pas aussi pour une concertation approfondie avec les spécialistes pour déterminer les urgences et le classement des priorités ? Une feuille de route pour l’immédiat tunisien ne s’improvise pas en deux ou trois jours. Le Président seul va l’assumer, devant nous et devant le monde ! Donc, précaution se doit !
Ne faut-il pas également un petit coup de balai pour dégager le chemin devant le nouveau gouvernement de certains obstacles majeurs, qui sont peut-être d’ordre humain avant autre chose ? Tenant à ne pas jeter sa nouvelle équipe dans un bourbier qui l’acculerait à trainer sur des vétilles et à répondre à des provocations peu innocentes, soucieux aussi de l’aider à être immédiatement opérationnelle (ce qui nécessitera sans doute certains ministres sans problèmes), il paraît s’activer à user de son potentiel de crédibilité pour améliorer, ne serait-ce que légèrement, les conditions sociales des plus démunis. On le voit chercher également, par les voies légales, à délester l’administration des intrus et des compromis, susceptibles de la crocher et de bloquer son bon fonctionnement, et en même temps à libérer l’initiative de la Justice, longtemps incommodée par diverses pressions et différentes influences. En bref, il donne tout l’air de préparer au nouveau gouvernement les conditions lui permettant d’emblée d’aller droit au but et de faire ce qu’il faut.
D’une certaine façon, cela ferait partie de la feuille de route et s’inscrirait dans une vision politique du président que certains d’entre nous, depuis avant même les élections, trouvaient idéaliste alors que pour lui elle s’inscrirait dans l’être et le faire démocratique. On peut rester méfiant devant une telle démarche, mais on ne peut la contrer avant d’en évaluer la portée, les autres voies empruntées s’étant avérées inefficaces, voire nuisibles. Les Tunisiens sont exaspérés par dix années ayant transformé leurs espoirs en un vrai cauchemar ; ils attendent une vraie main amicale qui essaierait sincèrement de les tirer de leur naufrage. Qu’importe de qui elle viendrait, ils seraient près, selon les mots de Baudelaire, « d’aller au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau » ! Mais Kaïs Saïed n’est pas nouveau pour eux et n’est pas un inconnu, encore moins un aventurier de l’inconnu. Après un soutien teinté de scepticisme, il a fini par gagner, chez eux, un capital de confiance que les politiques nationaux semblent avoir perdu, ou n’avoir jamais eu : l’intégrité éthique et intellectuelle, et le souci du bien-être de ses concitoyens.
Nous croyons savoir que des équipes sont au travail pour l’élaboration de la feuille de route du président et que des compétences certaines y travaillent. Kaïs Saïed a lui-même rassuré nos partenaires, frères et amis, quant au caractère inaliénable des acquis de la société tunisienne : les libertés individuelles, le respect des lois et des institutions, bref ce qu’on entend communément par le processus de démocratisation.
Il va sans dire que si cela se confirme, la Tunisie fera encore une fois une sorte d’exception historique. Pour l’instant, elle est dans un état d’exception, celui d’une « suspension de certaines garanties juridiques, prévue par la Constitution et/ou la loi du pays qui l’applique, pour faire face temporairement et localement à une circonstance exceptionnelle ». Elle n’est pas comme certains juristes veulent nous le faire croire dans un « état de fait », celui-ci désignant une situation qui se produit « indépendamment des règles » et qu’on ne peut que constater. On voit bien la différence entre un état d’exception qui attend de nous une action et un état de fait qui nous met en impuissance.
Or les Tunisiens ont plus que jamais besoin d’être des citoyens de l’action, même et surtout dans un état d’exception, quitte à orienter cette action contre le Président en personne en cas de dérapage ou de détournement de son initiative. La Tunisie leur est trop chère pour accepter de la monnayer contre un quelconque autre intérêt : elle est leur vie, leur avenir et celui de leurs enfants. Elle est le gage de leur liberté et de leur dignité qu’ils ont toujours défendues contre tous les vents et contre toutes les marées.
PS: Mon article du 5-8-2021, à lire dans le journal (Feuille de route ou navigation à vue: l’UGTT monte au créneau)