Désormais, c’est tous les jours que des caméras sorties d’on ne sait où sont installées à toute heure en centre-ville et prioritairement sur le terre-plein de l’Avenue Habib Bourguiba. Quelquefois, c’est plutôt rare, vous devinez pour quelle chaîne de télévision connue travaillent les jeunes filles qui filment et interrogent les passants. Mais le plus souvent, rien dans l’appareillage de ces filles ne signale le nom de leur canal employeur.
Elles sont trop jeunes, inconnues du public, et sans doute encore novices dans le domaine. Les passants qu’elles abordent sont les premiers venus parmi ceux qu’une interview télévisée tente bien plus qu’un repas de prince à Gammarth. Que leur pose-t-on comme questions, en fait, et à propos de quels sujets ? Manifestement, les filles de ces télévisions sont formées à l’école des animateurs médiocres des émissions nulles que beaucoup de Tunisiens suivent quotidiennement : elles demandent n’importe quoi, n’importe comment à n’importe qui! Et l’interviewé de se prendre alors pour la grenouille de la fable qui veut paraître aussi grosse que la vache !!
Aujourd’hui, jeudi 2 juin 2022, une camerawoman s’est très tôt mise à me filmer avec d’autres clients attablés sur la terrasse du café de Paris. Elle n’a auparavant demandé la permission de personne ! Jusqu’à ce que je lui aie fait signe d’arrêter ses prises. Au début, elle m’a signifié son accord d’un geste de la main. Mais, moins d’une minute après, elle a repris la caméra en dirigeant son objectif vers d’autres clients du même café. Lorsque je suis allé la voir et lui demander pour quelle chaîne elle travaillait, la jeune fille a fait semblant de ne pas comprendre ma question. Ensuite, après m’avoir reconnu, elle a dit : “Non, monsieur, je ne vous ai pas filmé tout à l’heure” !
Arrêtez de nous prendre pour des cons, jeunes filles et jeunes garçons aux mains de qui on met arbitrairement ces armes ô combien dangereuses que sont la caméra et le microphone. Ne vous prenez pas pour d’illustres reporters mondiaux ! C’est de vos têtes qu’on se moque; et à votre tour vous voulez vous payer les nôtres ! Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?!Pour qui roulent ces caméras qui filment nos têtes?? !
Badreddine Ben Henda