Dans L’Etrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde (The Strange case of Dr Jekyll and Mr Hyde), Stevenson emploie le mot « sawbones » (scieur d’os) pour désigner un chirurgien qui n’inspire pas confiance. Le mot, dont la traduction pose problème, vient de Charles Dickens qui l’emploie dans son premier roman Les Papiers posthumes du Pickwick club, connu aussi sous le titre Les Aventures de M Pickwick.
“There’s a couple o’ sawbones downstairs” .
“A couple of what!”, exclaimed Mr. Pickwick, sitting up in bed.
“A couple o’ sawbones”, said Sam…
“What’s a sawbones?” inquired Mr. Pickwick, not quite certain whether it was a live animal, or something to eat.
“What! Don’t you know what a sawbones is, sir?” inquired Mr. Weller. “I thought everybody know’d as a sawbones was a surgeon”.
Grollier traduit « sawbones » par « carabin », terme aujourd’hui inusité qui désignait un garçon chirurgien ne restant pas longtemps dans le même hôpital. Mme B.J. Lowe élude la difficulté et traduit par le pronom « il » reprenant le mot « docteur ». Jean Muray lui emboîte le pas. Charles Ballarin choisit « rebouteux » (personne qui guérit par des procédés empiriques fractures, luxations…). Charles-Albert Reichen opte pour une antonomase empruntée à Molière et emploie Diaphoirus, médecin dans Le Malade imaginaire.
J.P Naugrette fait plus simple, il choisit « toubib ». Quant à Théo Varlet, il traduit magistralement par Morticole, titre du roman de Léon Daudet Les Morticoles.
Dans la traduction arabe, sawbone est traduit («منشاري عظام») par Abbes Hafedh (عباس حافظ).
Nous pensons à une autre traduction (قصاب : signifiant boucher) où on retrouve la racine (ق ص ب ) désignant des os. Mais ce mot est à éviter à Tunis par égard pour l’éminent orthopédiste tunisien du même nom.