Par Badreddine Ben Henda
J’allais parler, ce matin, de Hamma Hammami que j’ai suivi hier soir sur deux chaînes tunisiennes de télévision. Sur la 9, il fustigeait Kaïs Saïed comme il ne l’a jamais fait avec aucun Chef d’Etat tunisien; et il jugeait trop légèrement plusieurs personnalités politiques et juridiques dont le seul tort était de n’être pas de son camp. Malgré cette totale liberté que le plateau lui accordait, il prévenait tout le monde contre le projet de “dictature” que l’actuel Président prépare aux Tunisiens. En même temps, il s’attaquait violemment à Ennahdha, alors que parmi les partis qui composent sa coalition contre le référendum, figurent au moins deux alliés connus du parti de Rached Ghannouchi, à savoir Ettakattol (de Mustafa Ben Jâafar) et Al Jomhouri (de Issam Chebbi) !
Plus tard dans la soirée, Hamma Hammami était l’invité de Maïssa Badis qui anime une émission médiocre sur Telvza TV. C’était surtout pour s’étendre sur son passé militant et ses nombreuses incarcérations sous les régimes successifs de Bourguiba et de Ben Ali. Et bien évidemment sur son histoire d’amour avec Radhia Nasraoui, son épouse chérie. C’était comiquement épique d’une part, piètrement lyrique et mièvrement romantique de l’autre. Pour l’animatrice, qui tout récemment interrogeait le salafiste Khamis El Méjri dans la même émission, il fallait, par tous les moyens et avec des questions préparées sciemment à cet effet (peut-être ensemble avec Hamma), tirer quelque “buzz” de l’inamovible chef du POCT (PO seulement, désormais). Et ce dernier se laissait complaisamment faire !
Hier aussi, et toujours avant 20 heures, j’ai suivi l’universitaire Slaheddine Daoudi au micro de Imène Maddah sur Hannibal TV. L’homme, que je n’ai jamais rencontré et dont je ne partage guère les vues politiques, m’a beaucoup séduit et entièrement convaincu: d’abord parce qu’il parlait bien dans un arabe maîtrisé à merveille. Il ne fanfaronnait pas du tout et en toute chose se montrait humble et prudent. Sans s’énerver le moins du monde malgré les provocants ricanements de l’animatrice (dont nous savons tous pour qui elle “roule”, elle et sa chaîne), il répondait finement, intelligemment, méthodiquement et très rationnellement. En restant constamment respectueux de son hôtesse et des téléspectateurs ! Durant plus d’une heure, il n’a nommément insulté ni offensé personne parmi les anti-Saïed! Il a juste critiqué certaines démarches et maintes fois reconnu que lui-même, tout comme les autres membres de l’Instance chargée de concevoir une nouvelle Constitution pour la Tunisie, pouvaient se tromper. Il disait en substance, “Nous assumons nos erreurs éventuelles et sommes disposés à en répondre devant le Peuple et la justice ! Kaïs Saïed n’y échappera pas non plus !”
Ah ! J’allais vous parler aussi de citronnade et du biscuit croquant qui va avec. Oui, depuis la puberté, je salive immédiatement dès qu’on m’en parle. Mon grand-père paternel m’a passé cette particulière envie gourmande. Matinale, surtout ! Avant d’aller au café, il commandait toujours un “kess w kâaba” à son pâtissier jendoubien favori (Entendez un grand verre de citronnade et un biscuit croquant pour l’y tremper!) Quel délice, la citronnade authentique ! S’il ne tenait qu’à moi, je ne consommerais que de la citronnade toute la journée ! Ce n’est pas bon pour la santé ?? Peut-être! Mais c’est bon tout court, pour moi ! Proust aimait sa madeleine, moi j’adore mon verre de citronnade fraîche ! Il y a des pages et des pages à écrire sur “ma” citronnade ! Pour retrouver le Temps, perdu à cause de Hamma Hamami; pour retrouver le Goût, perdu à cause de Hamma Hammami !