Le jour où a été annoncé le cessez-le-feu à Gaza (à ne pas confondre avec un accord de paix), les avis étaient partagés entre l’accueillir comme un prélude à la paix ou y voir une autre face de la stratégie de guerre. Donald Trump lui-même, à l’occasion de son investiture à la tête des Etats Unis d’Amérique, annonçait une paix imminente ; mais Netanyahou n’a pas arrêté de tuer et de détruire pendant tout le temps séparant l’annonce de l’accord conclu, jeudi 16 janvier, et sa mise en application dimanche 19 janvier à la mi-journée. On dirait qu’il cherchait à battre un record des âmes liquidées et des biens saccagés, à supposer que l’on puisse parler encore de « biens » à l’acquis d’un peuple démuni de tout, même de la simple idée d’avoir des biens ! C’est dire qu’il ne faut point crier victoire avant d’avoir gagné. Peut-être serait-il plus approprié d’utiliser l’autre formule : « Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué » !
Certes, il y a un moment d’accalmie relative pour ces citoyens de tous âges malmenés de la pire manière jusqu’à ce que mort s’en suive ! Il est donc humain, pour ceux qui ont encore de l’humanité dans l’âme, d’avoir un pincement de cœur pour les quelques temps que ces malheureux peuvent souffler et respirer un air de paix, même simulée. Mais ne nous y trompons pas, la Guerre à Gaza a la couleur et l’odeur de la mort exterminatoire, celle-là dont on a fait un mythe lié au destin des Juifs, à leur survie et à leur suprématie, et qui n’est en fait que la manifestation d’un instinct de mort habitant les tréfonds de l’inconscience humaine et se manifestant différemment selon les circonstances. Ce mythe d’extermination, construit par l’Occident comme pour atténuer le degré d’atrocité d’un moment de son Histoire, a retrouvé son action inhumaine sur les Gazaouis devenus aujourd’hui les victimes innocentes des victimes d’hier devenues les bourreaux d’aujourd’hui ! Quelle complexité de la nature humaine !
C’est pourquoi, en face de ce regard compatissant mais peu puissant à l’égard des opprimés de Gaza, il convient de rester attentif à ces discours pompeux d’exhibition d’une victoire cousue sur mesure pour sonner comme une justification de ce qui a été commis et, sans doute, comme une raison de ce qui se prépare. Rien de concret n’y indique une démarche sincère vers la paix définitive grâce à un dépassement juste et rationnel des termes du conflit et une reconsidération constructive des principes humains fondés sur le respect mutuel et sur l’inviolabilité des droits des peuples à ce qui leur appartient, dans un noble sentiment d’hospitalité à la différence. Rien de cela ne nous paraît s’exprimer sincèrement. De chaque côté des belligérants, on se plaît à développer l’intelligence belliqueuse qui aurait conduit à la victoire, revendiquée de toute part. Et les médias sont là pour porter haut et fort ces voix de la guerre, qui se répètent autour d’un seul message : « Détrompez-vous, la guerre n’est pas finie ; elle ne finira que par l’extermination de l’ennemi ».
Pauvre humanité !