Hier, j’ai passé près de deux heures avec le collègue et ami Hamadi Ben Mime, professeur de physique qui a longtemps exercé au Lycée de Bab El Khadhra avant d’enseigner à l’Université après avoir obtenu son doctorat en 2006. Je l’ai connu au milieu des années 1980, lors de mes premières rencontres tunisoises avec des figures connues de la gauche politique et syndicale. Jusqu’à une date récente, Hamadi Ben Mime était un militant actif du Parti des Ouvriers dont il est l’un des fondateurs. En 2019, il a publié son ouvrage en arabe “Les dessous de la Révolution Tunisienne”, une lecture personnelle des causes profondes de l’insurrection de 2011 et des leçons à en retenir. Quand j’ai lu ce livre, je l’ai trouvé trop orienté politiquement. Nous en avons discuté lui et moi, calmement et sans parti pris de sa part ni de la mienne. Même si, pour dire la vérité, j’ai toujours eu des positions hostiles à l’égard du POCT et surtout de son maître incontesté (et pourtant très contestable) Hamma Hammami.
C’est que, sur le plan humain et en partie sur le plan intellectuel, Hamadi Ben Mime est agréable à fréquenter. Il n’a rien – du moins avec moi – de la rigidité et de l’intolérance de certains autres militants et partisans de son parti (qu’il a fini par quitter, m’a-t-il appris hier). Hamadi Ben Mime est sympathique, il a le sens de l’humour, il écoute les autres et se laisse au besoin convaincre par leurs thèses quand les siennes montrent leurs limites. Hier, il m’a encore une fois prouvé qu’il n’est pas dogmatique, qu’il reste perméable aux critiques et qu’il se remet lui-même en question. Nous avons parlé de l’actualité politique en Tunisie et nous ne nous sommes entendus que sur peu de choses. Il ne s’en est guère fâché ; au contraire, c’est avec le sourire que nous nous sommes dit au revoir.
En fait, et avant de nous quitter, il m’a appris la publication de son deuxième livre (cela porte sur le “harak” en Algérie), et surtout qu’il est désormais l’inventeur reconnu en Tunisie et dans le monde d’un alternateur à hélice qui permet aux voitures électriques et hybrides une importante économie d’énergie. C’est après une brève parenthèse sur les réussites d’Ons Jabeur, immense patriote à mes yeux pour l’honneur qu’elle ne cesse de faire au drapeau tunisien, que Hamadi Ben Mime m’a parlé de son invention.
C’est ce Hamadi que j’aime et préfère. L’inventif et l’inventeur qui se rend utile à sa patrie et à l’humanité. Hamadi n’oublie donc pas de vivre son temps, de contribuer au progrès, d’évoluer profitablement sur le plan personnel et de faire bénéficier les hommes de son génie créateur. Contrairement à d’autres militants et “leaders” de la Gauche maladroite et imbue de ses dogmes anachroniques, Hamadi “positive”, pour reprendre ses propres termes d’hier. En effet, si l’Opposition de gauche bat dramatiquement de l’aile en Tunisie, c’est sans doute parce qu’elle ne sait pas encore “positiver” à la manière de Hamadi lequel, du haut de ses 71 ans, prouve, m’a prouvé du moins, qu’il reste un homme d’avenir !
Salut Badreddine,
Ton témoignage est à la fois émouvant et juste au regard de ce grand bonhomme que , moi aussi, j’ai connu dans les couloirs de la faculté des sciences du temps des structures syndicales provisoires.
je l’ai aussi accompagné dans la finalisation de son projet technologique. J’ai alors découvert chez lui une détermination et un enthousiasme d’un jeune homme de 25 ans.
Hammadi est un idéaliste indéfectible et une personnalité facilement accessible.
Bien à toi.