Aujourd’hui 29 septembre 2022, au Centre des Arts, de la Culture et des Lettres (au palais Ksar-Saïd), commencent les travaux de la première édition d’un séminaire annuel international sur les lois du vivre-ensemble. Ces travaux de deux jours (29-30 septembre 2022) partent de l’idée première énoncée par l’argument de cette manifestation, en l’occurrence que « le vivre-ensemble est une exigence de la philosophie de la diversité ». Et le même argument de conclure que « la nouvelle philosophie du vivre ensemble se fonderait […] sur l’esprit libre, sur la critique et la clarification ».
Trois volets sont retenus à l’étude et à l’interrogation, en trois séances, respectivement de cinq et deux fois quatre communications, consacrées à trois volets considérés comme les entrées préparatoires des rencontres qui seront programmées ultérieurement ; Ce sont :
1 – Individualité et lois du vivre-ensemble
2 – Citoyenneté, socialité et droits
3 – Humanité, universalité et nouvel humanisme
D’emblée, nous sommes donc au centre de la question de l’humain, non du simple point de vue des « humanités » définies par les dictionnaires comme une « formation scolaire où l’étude des langues et littératures latines et grecques, considérées comme particulièrement formatrices, est prépondérante ». Même en y intégrant, comme c’est le cas aujourd’hui, « à la fois les lettres et les arts, mais également l’ensemble des sciences humaines comme la philosophie, la sociologie, l’histoire, la communication… », on n’est pas certain de leur ôter l’impression générale qui consiste à dire : « Les humanités ne servent à rien en particulier, mais elles peuvent être utiles à tout ».
Ainsi vues, les humanités resteraient en-deçà de l’humain et de l’humanisation de la société, malgré tout ce qu’on peut y trouver pour favoriser la clairvoyance et la lucidité. On comprend alors l’intérêt plus moderne, plus universel, plus humain d’interroger l’humanisme, dans sa vision actuelle, au-delà (mais sans rupture forcément) de son noyau premier à la Renaissance européenne, et de (re)penser surtout la voie d’humanisation qui y conduit, dans un cadre d’intelligence à la fois spécifique et général, conformément à la logique cherchant à résoudre l’équation de l’individuel et du social. L’humanisme serait donc une pensée et une éthique associées faisant que l’interrogation et la réflexion ne se limitent pas au philosophe seul ou à quiconque d’autre de façon isolée, quelle qu’en soit l’intelligence, et que l’éthique ne soit pas réquisitionnée par un quelconque culte ou une certaine idéologie. On dirait alors, en référence à la dichotomie développée par Edgar Morin en 2001, qu’une fois l’hominisation accomplie, en tant que « processus d’évolution biologique de l’espèce humaine », le processus d’humanisation de la société devient du ressort de tout le monde et de chacun, dans le respect des différences sociales, culturelles et génétiques. Pour ma part, fidèle à ce qui me paraît l’ultime pensée socratique, je pense que cela n’est réalisable au meilleur de son rendement que grâce à l’esprit de conversation et à l’action idoine pour édifier les sociétés de conversation.
La conversation reste évidemment ouverte à ce propos, mais c’est l’occasion de souligner l’importance de ce colloque annoncé et conduit par un spécialiste tunisien de la question du vivre-ensemble, le Professeur émérite Fathi Triki. Et comme cette question est inséparable du progrès que connaît l’humanité, celui de la digitalisation en particulier, nous trouvons tout aussi importante et cruciale l’initiative de l’Université de Tunis El Manar d’avoir parrainé, depuis l’année 2021, le colloque proposé par l’association « Questions et Concepts d’Avenir » (QCA), dans le cadre du collectif civil « Culture-Université-Recherche-Associations » (CURA), un colloque portant le titre générique « Science-Culture-Citoyenneté » (SCC) et prévu, pour sa seconde édition, les 7 et 8 décembre 2022, en partenariat avec le CERES et l’Université de Monastir. La problématique de cette seconde édition (SCC2) tourne autour de « la digitalisation et l’humanisation du numérique ». Voilà pourquoi nous l’évoquons déjà à l’occasion de ce colloque de Ksar-Saïd. Et nous aurons à y revenir ultérieurement.