Le mois de mai nous vient avec un préavis de faveur annonçant trois valeurs comme autant de clés du bonheur. Ces trois valeurs sont le muguet, le travail et la liberté.
Le premier mai est en effet le Jour du muguet et la Fête du travail, tandis que le 3 mai, c’est la Journée internationale de la liberté de la presse. Voilà bien de quoi se gaver, le temps d’un weekend au moins, de tout ce qui sonne à contrepoint du confinement que nous impose la pandémie de la covid !
Il y aura sans doute des gens de chez nous qui se sentiraient froissés (pour ne pas s’avouer frustrés) par l’origine française de la fête du muguet, bien que l’histoire de la plante et de sa fleur soit plus lointaine. Franchement, il y a des traditions qui nous viennent d’ailleurs et dont la saveur est universelle : la Saint-Valentin et le Muguet de mai en font partie. Sans doute d’autres peuples trouvent-ils dans notre culture de quoi égayer leurs jours aussi…
Le muguet est d’abord symbole du printemps avec tout ce que cette saison symbolise : la germination (Bonjour Germinal !) ; l’amour (« Le lait a aigri… », dicton de chez nous) ; la beauté (toutes nos fleurs, le coquelicot surtout ! Dieu aussi est Beauté !), etc. C’est pour cela que, dans le langage des fleurs, le muguet est associé à la jeunesse, à la coquetterie et au bonheur.
Heureux que la fête du muguet soit finalement jumelée à celle du travail, après une période d’inconstance. C’est qu’au fond, toutes les idées et tous les sentiments suggérés par le muguet trouvent leur répondant dans le travail : la germination naît d’un travail de l’homme, tout en amour, et finit dans un travail de la nature, tout en gestation ! La beauté est un travail également, un travail d’artiste quelle nature que puisse avoir l’actant artiste et quels que soient les signes de son langage !
La fête du travail est certes le symbole d’une action militante pour l’acquisition, le recouvrement et la sauvegarde de droits inaliénables ; mais il faudrait la penser aussi comme une mise en éveil constant de la conscience de responsabilité, en tant qu’un devoir d’action face au besoin d’être. Engager son labeur dans la nécessité du vivre-ensemble, c’est se donner la valeur d’être dans la logique de l’altérité autant, sinon plus, que dans la logique de la « mêmeté ». Autrement dit, être en même temps responsable de soi et des autres, tout en prenant garde de ne pas prendre « responsable d’autrui » pour « dominateur d’autrui », même quand on en a le pouvoir, surtout quand on en a le pouvoir.
Et nous voici, ainsi, droit dans le champ de la troisième valeur de ce début de mai, la troisième clé qui a pour nom « Liberté » ! Il est vrai qu’il s’agit ici particulièrement de la liberté de presse, mais celle-ci est bel et bien représentative de la liberté en général. On dirait même que c’est à la lumière dont nos médias usent de la liberté que nous pouvons apprécier notre conscience et notre sens de la liberté. J’ai bien dit « user de la liberté » et non en abuser, parce que la liberté est autrement et plus gravement une autre forme de responsabilité. Oui, un actant médiatique, personne ou entreprise, n’est libre que s’il est pleinement responsable et il ne peut être pleinement responsable que s’il a la juste mesure de sa liberté. Question et situation aussi délicates l’une que l’autre, mais c’est dans cette délicatesse que réside la noblesse de la fonction journalistique, dans sa double fonction informative et culturelle, autant dire « dans sa fonction citoyenne ».
Pour conclure, l’entrée dans le mois de mai est à trois clés qui nous ouvrent les vrais chemins de la liberté et du bonheur, grâce à notre conscience vigoureusement laborieuse et à notre sens d’être à l’altérité pour le bien de la communauté, sans nuisance aux droits et au bien-être de la personne individualisée.
(Publié aussi sur jawharafm.net)