Nul ne peut nier le fait que la « Révolution » de 2011 a dévié progressivement de ses principes fondamentaux durant ces dix dernières années sous le gouvernement d’En-Nahdha et ses adeptes. En effet, dès le départ, souvenez-vous, sous le pouvoir de la Troïka, puis sous tous les gouvernements qui ont suivi où En-Nahdha a toujours été omniprésente, la Révolution a commencé à avoir un effet boomerang, si bien que la situation s’est empirée sur tous les plans. L’euphorie générale éprouvée par le peuple, le 14 janvier 2011, s’est révélée éphémère et les rêves se sont vite évaporés.
Economiquement, la situation allait de mal en pis durant cette décennie. Le taux de 5% du Produit National Brut d’avant la Révolution devenait un rêve inaccessible, par tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir, à cause de leur mauvaise gouvernance, étant incapables de remédier ni à la crise économique que le pays a connue ni au désordre politique et au chaos social que nous avons vécus. Dans de circonstances pareilles, le citoyen se posait la question : « Où va la Tunisie ? »
En réponse à cette question, il a fallu que le Président de la République ait l’initiative et le courage de mettre fin à cette situation désastreuse en prenant des décisions politiques draconiennes, conformément à l’article 80 de la constitution, le 25 juillet 2021, jour de la Fête de la République, date d’autant plus significative et symbolique, et ce, suite à une journée marquée par des manifestations spontanées dans toutes les régions du pays, menées essentiellement par des jeunes, la couche sociale la plus touchée par cette crise, qui tiennent En-Nahdha pour responsable de tous les maux du pays.
Le Président de la République qui semble plus déterminé que jamais à aller de l’avant pour mettre en œuvre ses décisions, doit être soutenu et appuyé par le peuple et les partis politiques désireux de mettre la Tunisie sur les rails pour sortir de la crise en appliquant les principes de la Révolution : dignité, liberté et travail pour tous.
Rappelons-le, les décisions présidentielles consistent en le gel du parlement, la levée de l’immunité parlementaire de tous les députés dont certains seront traduits devant la justice, la prise momentanée du pouvoir exécutif et la supervision du ministère public. Si de telles décisions ont été bien accueillies par la quasi-totalité de la population, il n’en demeure pas moins que certains observateurs accusent le Président de s’octroyer ainsi de vastes pouvoirs et que d’autres, dont le parti En-Nahdha, crient au scandale politique en parlant d’un coup d’état constitutionnel fomenté par le président.
Qu’à cela ne tienne ! En politique, il y a toujours ceux qui soutiennent et ceux qui rejettent ! D’ailleurs, selon le dernier sondage d’Emrhod Consulting, publié mercredi 28 juillet 2021, 87 % des Tunisiens affirment approuver les décisions du président de la République Kais Saied. Cela est assez suffisant pour que le Président poursuive l’exécution de ses décisions. En tant que chef suprême de l’Etat, il doit agir et sévir, surtout quand le pays est en train d’aller à la dérive. Que peut-on faire devant un pays usurpé par une classe politique fantoche, médiocre et peu soucieuse des problèmes socio-économiques sans cesse graves et inquiétants et qui n’a rien réalisé pour le développement économique et social du pays durant toute une décennie ?
Le Président, en agissant conformément à la Constitution, a poursuivi son projet, en limogeant le Président du gouvernement Hichem Michichi et certains hauts responsables, en mettant certaines personnes sous résidence surveillée ou en faisant arrêter d’autres, inculpées ou recherchées par la police pour avoir commis des crimes économiques ou de corruption demeurés jusque-là impunis ou encore en faisant émettre des mandats d’amener contre certains députés.
Cependant, les Tunisiens qui soutiennent massivement le Président ne semblent pas lui donner son blanc-seing, car certains s’inquiètent de voir une telle concentration de pouvoirs qui pourrait dégénérer à la longue à une dictature. Sur ce point, l’interview accordée le vendredi 30 juillet 2021 par Kais Saeid à une équipe de journalistes du New York Times vient de rassurer l’opinion publique nationale et internationale, en déclarant qu’il « n’est pas un dictateur » et qu’il « respecte les droits et les libertés », soulignant qu’il « n’existe aucune crainte pour la liberté de presse et d’expression. »
Il est vrai que cette décennie vécue par les Tunisiens a été un véritable calvaire, long, douloureux et pénible ! Aujourd’hui que le peuple est déterminé à changer sa destinée, suite à l’intervention courageuse de son Président, il n’y a aucun doute que la situation du pays s’améliorera progressivement. Toutefois, la méfiance est de mise, car l’ennemi de la nation est encore redoutable et il peut à tout moment renaitre de ses cendres !
L’on peut dire aujourd’hui que la volonté du Président de sauver la situation est ferme et qu’il est censé appliquer la loi dans toutes les mesures qu’il aura à prendre pour satisfaire les attentes du peuple. Mais, à son tour, le peuple tunisien est appelé plus que jamais à mettre la main à la pâte et à consentir des sacrifices pour sauver le pays et voir de meilleurs jours.
Ce dont la Tunisie a besoin est un effort collectif pour que l’espoir renaisse et le rêve se réalise.