Sous l’égide de l’Université Tunis El Manar et en partenariat scientifique et organisationnel avec le Centre d’études et de recherches économiques et sociales (CERES), l’association « Questions et Concepts d’Avenir » organise, dans le cadre du programme du « Collectif civil : Culture-Université-Recherche-Association » (CURA), le troisième colloque « Science-Culture-Citoyenneté » (SCC 3) autour du thème :
Citoyenneté et flux migratoire via la méditerranée hier et aujourd’hui :
Pour une réflexion dépolitisée
المواطنة وتدفقات الهجرة عبر البحر الأبيض المتوسط أمس واليوم: لأجل مقاربة فكرية غير مسيّسة
Le colloque aura lieu à Tunis les 28 et 29 novembre 2023, à l’occasion de la Journée de la Méditerranée, avec une journée à l’ISSHT et une journée au CERES.
Les propositions de communication (titre, abstract, 5 mots-clés, aperçu biobibliographique de l’auteur de la communication) sont à adresser, avant le 30 septembre 2023, à l’adresse électronique suivante : fqca.association@gmail.com
Argument
Historiquement, la Méditerranée a toujours constitué un espace géographique particulier informant même de la naissance du concept « monde » et de son évolution civilisationnelle. Sans doute est-ce pour cela surtout qu’au centre des problèmes et des crises à portée mondiale, concomitants des heurts et malheurs d’une mondialisation peu humaine, pour ne pas dire franchement sauvage, les problèmes du bassin méditerranéen et de son environnement immédiat paraissent représentatifs de cette « géopolitique du chaos » dont Ignacio Ramonet esquissait déjà la configuration alarmante. En effet, il y voyait sombrer les secteurs censés constituer le baromètre le plus crédible des dérapages civilisationnels : le savoir, la culture, les médias et la conscience citoyenne. Sous le sous-titre « Vers une civilisation du chaos », au terme de son introduction du livre Géopolitique du chaos, il note avec cette triste inconstance entre l’espoir et le désespoir :
Les sociétés occidentales ne se voient plus clairement dans le miroir du futur ; elles semblent hantées par le chômage, gagnées par l’incertitude, intimidées par le choc des nouvelles technologies, troublées par la mondialisation de l’économie, préoccupées par la dégradation de l’environnement, et fortement démoralisées par une corruption galopante. De surcroît, la prolifération des « guerres ethniques » répand sur ces sociétés les relents d’un remords et comme un sentiment de nausée[1].
Il avait certes raison de s’interroger alors sur la responsabilité de la culture et des créateurs, sur celle du savoir et des penseurs ; mais n’y aurait-il pas lieu de s’interroger sur la responsabilité de la marginalisation de la culture et de l’intelligence constructive, et tout autant sur la responsabilité d’en déconnecter le commun des citoyens, tant au plan national qu’international ?
De ce fait, une grande question s’impose aujourd’hui par rapport à ce déclenchement déstabilisant par le mythe fantomatique de la mondialisation : Où en sommes-nous de ces indications préventives d’il y a un quart de siècle ? Qu’avons-nous fait pour adapter notre logique du progrès au besoin d’un bien-être démocratiquement partagé ?
Il paraît évident que des troubles graves annoncent comme une violente tempête en Méditerranée, née de vents divers et en son sein convergents, venus d’Afrique surtout, mais aussi d’Asie et d’Europe, voire d’ailleurs aussi peut-être. A croire que le monde, se souvenant d’être né dans l’esprit de la Méditerranée, défierait la mondialisation et ses effets divers pour se réfugier dans le sein méditerranéen où il est désagréablement surpris de se voir sujet à toutes les calomnies et aux dysfonctionnements de l’absurdité humaine. C’est ce qui nous paraît assez bien résumé dans un extrait du compte rendu, fait par Rim Otmani[2], à propos d’un collectif[3] de grande importance pour notre réflexion :
Bien que les hommes aient toujours été mobiles, la Méditerranée est devenue aujourd’hui un espace ouvert aux contrastes multiples qui rendent compte de l’intensité et de la diversité des mouvements migratoires dans un contexte de crises. Force est de constater que les désordres politiques et les instabilités sociales au Maghreb, au Moyen et Proche-Orient ont largement contribué à l’ampleur et à l’accélération des migrations de cette dernière décennie. Face à cette crise migratoire sans précédent, l’Europe et la rive sud de la Méditerranée se retrouvent réunies dans un espace commun où chaque Etat est devenu zone de départ, de transit ou d’accueil et, parfois, les trois en même temps. Aujourd’hui, la Méditerranée est considérée comme zone de rencontres et de fractures, caractérisée surtout par la fermeture des frontières, les expulsions ou la mort de migrants et de réfugiés aux portes de l’Europe.
Ainsi, à l’interférence des calculs économiques et géostratégiques, le bon sens humaniste se doit de prendre en compte les exigences d’un projet de société à même de garantir aussi démocratiquement que possible les droits des individus et des groupes d’individus, quelles que soient les formes et les facteurs historiques de leurs regroupements. Cependant, le constat persistant est que l’humanité n’y parvient pas encore, peut-être à cause des compartiments contradictoires ou conflictuels dans lesquels elle a choisi de se répartir, et des valeurs fondamentales dont elle semble vouloir se départir au profit de l’opportunisme individualiste ou oligarchique toujours croissant.
Force est cependant de reconnaître certains efforts ayant générés des initiatives qu’il importe d’évaluer pour en tirer les conclusions à même d’envisager d’autres initiatives plus heureuses et plus efficaces. Pensons, par exemple, au « projet de migration ville à ville en Méditerranée (MC2CM) » qui a été lancé en 2015[4]. Des rencontres ont été organisées à cet effet, comme le colloque organisé à Rome les 26 et 27 mai 2014, intitulé « Le modèle migratoire méditerranéen dans la tourmente[5] ».
De fait donc, aujourd’hui encore, les intellectuels, hommes et femmes du savoir et de la culture, se doivent de réfléchir encore et de communiquer, de converser surtout aussi largement que possible pour concevoir en commun des voies du bien-être partagé.
Une réflexion non politique, a-t-on dit ? Pensons-y ! Nous suggérons quatre grands axes pour les interventions attendues, celles-ci étant programmées pour quatre séances, en plus d’une conférence inaugurale déjà fixée, à caractère historique.
Axe 1 (4 communications) : Historique de la migration et mémoire d’avenir ;
Axe 2 (3 communications) : Migration, culture et géopolitique ;
Axe 3 (3 communications) : Migration, économie et société ;
Axe 4 (3 communications) : Migration et citoyenneté.
Les propositions de communication (titre, abstract, 5 mots-clés, aperçu biobibliographique de l’auteur de la communication) sont à adresser, avant le 30 septembre 2023, à l’adresse électronique suivante : fqca.association@gmail.com
Dates à retenir :
Réception des propositions : au plus tard le 30 septembre 2023.
Notifications de l’acceptation des propositions : au plus tard le 15 octobre 2023.
Déroulement du Congrès : Tunis, les 28 et 29 novembre 2023, respectivement à l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis (ISSHT – Université Tunis El Manar) pour l’ouverture officielle et les travaux de la première journée, puis au Centre d’études et de recherches économiques et sociales (CERES) pour les travaux de la deuxième journée et la clôture officielle.
Publication des actes du Congrès : Les textes des communications sont à envoyer à la même adresse électronique au plus tard le 25 novembre 2023, en vue d’une publication au cours du premier semestre 2024. Les normes de rédaction des articles seront indiquées avec l’envoi du programme définitif du colloque.
Directeur du colloque : Pr. Moez Chafra, Président de l’Université Tunis El Manar
Adjoints : Pr. Youssef Ben Othman, Directeur général du CERES & Pr. ém. Mansour M’henni, Président de QCA.
Notes:
[1] Ignacio RAMONET, Géopolitique du chaos, Paris, Gallimard, Coll°. Folio, 1999, p. 15.
[2] Référence papier
Rim Otmani, « Camille SCHMOLL, Migrations en Méditerranée. Permanences et mutations à l’heure des révolutions et des crises », Insaniyat / إنسانيات, 70-69 | 2015, 167-169.
Référence électronique
Rim Otmani, « Camille SCHMOLL, Migrations en Méditerranée. Permanences et mutations à l’heure des révolutions et des crises », Insaniyat / إنسانيات [En ligne], 70-69 | 2015, mis en ligne le 30 septembre 2017, consulté le 28 juillet 2023. URL : http://journals.openedition.org/insaniyat/15320 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insaniyat.15320
[3] Camille SCHMOLL, Migrations en Méditerranée. Permanences et mutations à l’heure des révolutions et des crises., Hélène THIOLLET, Catherine WIHTOL DE WENDEN (dir.), Paris, CNRS EDITIONS, 2015, 382 p.
[4] https://learning.uclg.org/wp-content/uploads/2021/07/28_citoyennete_locale_et_migrations.pdf
[5] Camille Schmoll. Introduction. Migrations en Méditerranée. Hélène Thiollet; Camille Schmoll; Catherine Wihtol De Wenden. Migrations en Méditerranée, CNRS Éditions, pp.9 – 29, 2015. ffhal01675533f