« Firmamentum » est l’exposition collective qui se déroule actuellement au Presbytère Sainte Croix à Tunis. Une pléiade d’artistes-peintres se réunissent pour nous présenter leurs dernières créations et ce, jusqu’à la fin du mois courant.
Lynda Abdellatif fait partager sa passion pour la terre et le feu en nous présentant ses ouvrages en céramique où elle utilise le raku : cette méthode est différente de la cuisson traditionnelle où on attend que le four se soit complètement refroidi pour sortir la pièce ; le raku consiste à sortir la pièce entre 800 et 900° C. Cette méthode s’accompagne d’une autre technique appelée « enfumage », qui consiste à produire une fumée au cours de la cuisson des céramiques, ce qui provoque un noircissement ou des réactions sur les glaçures et les décors. C’est ainsi qu’on peut contempler ses six travaux fascinants intitulés respectivement : « Cérémonie de délivrance », « Régénération I », « Régénération II », « Femme fatale », « Perle d’eau » et « Kaos ». De même, Lynda nous présente une installation artistique intitulée « Wejh w kfe » (pile ou face).
Ces mêmes techniques, on les retrouve dans les œuvres de la céramiste Ahlem Mahjoub qui, à côté du raku, elle a ajouté du plexiglas, donnant ainsi des produits hétéroclites très beaux à voir. Cependant, elle nous propose également à voir ses photographies numériques, moyennant des techniques mixtes basées sur l’assemblage et le collage. Parmi ces photographies, on peut citer « Toute prison a sa fenêtre I » et « Toute prison a sa fenêtre II ».
Mustafa Denguezli nous présente un florilège de tableaux faits en aquarelle, une technique peu adoptée par la majorité de nos artistes qui préfèrent recourir à la peinture à huile ou à l’acrylique. c’est que l’aquarelle a la réputation d’être une peinture plus difficile à maîtriser que la peinture à l’huile ou à l’acrylique, car elle demande une maîtrise supérieure de la part de l’artiste pour qui il est impossible d’apporter des corrections au dessin une fois séché, comme dans la peinture à l’huile où l’acrylique. De ce fait, elle exige un geste vigoureux, certain et précis. La peinture à l’aquarelle peut également imposer l’utilisation d’un papier spécial pour faciliter les gestes car elle peut paraître un peu trop fluide au départ. Considérée comme la plus délicate des peintures à l’eau, on lui envie cependant ce côté fluide qu’elle donne aux œuvres et qui rend les peintures uniques en leur genre. Nous constatons ainsi dans les travaux de Mustafa Denguezli cette grande attention accordée à la méticulosité, à la minutie et à la netteté dans son travail. Parmi ses œuvres en aquarelle, on peut citer « Promenade dans l’avenue », « Confluence porte de France », « Séjour au Maroc », « Bonne fête », « Balcon » et d’autres non moins admirables.
Taoufik Kerkeni, lui, présente des œuvres multiples où se mêlent plusieurs techniques : on y trouve le dessin (05 tableaux), l’aquarelle (01 tableau), mais aussi la peinture à huile (01 tableau) et l’acrylique (01 tableau). Dans ses peintures à huile, on peut apprécier ses trois œuvres intitulées « Tout est dans le regard ». Ses dessins sont faits essentiellement au crayon, on peut en citer « Chorégraphie » ou « Quelques instants ».
La photo numérique est présentée par Anouar Safta, à laquelle il associe parfois la terre cuite pour en faire des tirages de photos uniques laminées. A coups de retouches et de trucages, l’artiste a bien pu réussir son photomontage, cette nouvelle technique qui s’impose de plus en plus dans la création plastique contemporaine. On peut admirer, entre autres, l’ouvrage intitulé « La rescapée de Mahdia ».
Quant à Rim Ben Cheikh, elle nous fait voir ses travaux en raku et céramique émaillée. De très belles créations à contempler, telles que « Triptyque bien servi », « Pomme d’amour » et « Femmes sucettes ».
Lassaad Ben Alaya est présent dans cette exposition avec trois ouvrages intitulés respectivement « La mort de Wild El Ghoula I », « La mort de Wild El Ghoula II » et « Mort de Wild El Ghoula III ». L’on se rappelle que le même artiste a exposé il y a quelques années ces mêmes tableaux où il présentait ces personnages « Ouled El Ghoula » encore vivants. Dans cette exposition, nous assistons à la mort de ces personnages horribles et hideux qui nous rappellent ces contes de fées. On peut donc voir des silhouettes, tels des fantômes qui ont au moins deux choses en commun : des yeux énormes et globuleux et des bouches ouvertes faisant voir des dents pointues et qui évoluent dans un cadre où dominent des couleurs sombres. On dirait que l’artiste s’est inspiré des souvenirs d’enfance, des traditions, quand on nous faisait peur par des histoires d’ogres et d’ogresses, ces créatures épouvantables qui sont restées gravées dans notre mémoire ! On se sent dans un monde imaginaire, fantastique !
Yosr Halloul a recours au lavis et à la plume pour réaliser ses tableaux. Rappelons que le lavis est une technique picturale consistant à n’utiliser qu’une seule couleur, alors qu’une plume et de l’encre, à elles seules, peuvent offrir une gamme illimitée de traits et de tons. Ces techniques adoptées par l’artiste ont abouti à d’agréables ouvrages, comme « « Elle rêve », « Il stagne ».
Hechmi KHALLADI