Jalal El Mokh, l’un des plus prolifiques écrivains tunisiens, compte à son actif plus d’une quarantaine de livres jusqu’à présent dans les deux langues (arabe et français) et dans divers genres littéraires (poésie, nouvelles, essais, anthologies…), sans oublier les nombreux articles écrits dans la presse tunisienne. Cependant sa production poétique massive a la part du lion dans toutes ses publications. Depuis sa prime jeunesse, sa belle plume ne tarit jamais, si bien qu’il vient de publier tout récemment cinq nouveaux recueils de poésie à la fois, actuellement sur le marché.
Parmi ces cinq recueils, nous avons choisi aujourd’hui de présenter à nos lecteurs celui intitulé « Al bariha Bittou Bila Kassid », dans l’espoir de découvrir les autres prochainement. Ce titre révèle d’ailleurs cette habitude de notre écrivain, devenue une manie presque morbide, de composer un poème chaque nuit, qu’il soit court ou long, avant de céder au sommeil. S’il n’arrive pas une nuit à taquiner la muse pour s’en inspirer quelques vers, il est en proie à une sensation de vide, à un sentiment de privation. Il se sent ainsi comme « Le foyer des pauvres sans pain/Comme les gens tristes sans joie/ Comme les solitaires sans amour/Comme des politiciens inconscients/ Comme des ivrognes insouciants… » p : 29
Ce recueil de 100 pages est constitué de 17 poèmes de longueur variée, présentés en ordre chronologique, tous écrits en 2020, excepté un seul en décembre 2019. Ils traitent de thèmes divers ayant trait au statut du poète dans la communauté, de la magie de la poésie, des états d’âmes du poète, de sa vision du monde et de l’entourage, des maux qui l’accablent et qui frappent ses concitoyens en particulier et l’humanité en général, mais surtout de son attachement affectif et profond à sa poésie qui devient en quelque sorte sa raison de vivre.
Personnellement, j’ai côtoyé Jalal El Mokh depuis plusieurs années et je l’ai suivi dans toutes ses productions littéraires, notamment poétiques, et j’ai remarqué qu’il ne cesse d’évoluer dans son écriture et son œuvre, si bien qu’il nous offre à chaque fois une poésie en mutation permanente, traitant non seulement des thèmes récurrents de la poésie classique, mais des questions d’actualités brûlantes, celles qui concernent l’homme dans son quotidien et sa vie en général. Et plus encore que la quantité des livres qu’il produit, il est important de souligner la qualité de ses textes qui ne cessent, avec les années, de s’améliorer et de nous subjuguer.
Avant de terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous citer ces quelques vers du recueil, en guise d’avant-goût. On peut donc lire dans le poème intitulé : « Je n’ai d’ennemi que moi-même » p 47 : « Mon unique ennemi est moi-même/ Que je combats avec toutes les armes/ Cet ennemi m’attaque avec ses armées les plus redoutables/ Nous nous luttons sans pitié ni trêve/…
On peut lire aussi dans le poème « Testament » p 97 : « Si jamais je meurs un jour/ Et vais-je mourir vraiment ?/ Je vous supplie, vous qui versez des larmes de crocodiles/ De ne pas dire que l’un des chevaliers du Mot est parti/ Ô combien je déteste cette expression…
Hechmi KHALLADI