Un retour à la vie normale s’engage, ici et là de par le monde, en dépit de toutes les hésitations, pour ne pas dire de toutes les craintes, face à cette rébellion de ce spectre invisible nommé pandémie. Un retour s’applique, s’affirme, se décide, s’engage et se fait admettre « ce dur désir de durer », de survivre nous autres, parce que « Nous naissons de partout nous sommes sans limites », disait le poète (P. Eluard :1942). La détermination est là et adviendra que pourra ! Oui ! Faudrait-il le prendre positivement, cet adage ? Pour aller loin ! Oui ! Il est temps, semble-t-il, de retrouver à bras le corps cette « vie immédiate » dans ses extases mais aussi dans ses goûts amers parce qu’elle est paradoxalement emblématique de douleur mais aussi d’espérances et de nouveaux élans. Ainsi, vont-elles se transformer, ces choses de la vie, dans le cours des retrouvailles de ces lieux familiers tant appréciés naguère ! Ces lieux de toutes les professions confondues ! A chacun de nous de s’accomplir dans son métier, à sa manière et dans ces nouvelles convictions, celles de se surpasser à nouveau et transcender la peur.
En effet, tout est une question de manière comme posture pour penser les édifices et leurs accomplissements. Il va sans dire que notre fragilité en tant qu’être est compromise désormais, par l’incertitude de tout malaise probable en devenir, dont cette pandémie a épuisé dans ce tournant funeste de la maladie (re) connu, la dernière volonté de l’homme, du scientifique, à triompher du mal qui sévit, si vite, bien et certainement. Pourtant, dans le cours de « l’élève et la leçon », la morale reste à édifier, à faire admettre et à faire apprendre aux carrefours de la Pédagogie de l’Être et de l’avoir. Une vérité à dire ! L’Être se dépasse dans la démesure ! Pourtant, il doit se faire admettre, dans l’évidence de sa vulnérabilité, cette vérité philosophique et se dire: « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, tandis que les autres croient savoir ce qu’ils ne savent pas » (Socrate). Dès lors, est-il temps de (re) penser ce retour à cette « insertion dans l’Être » (M. Merleau- Penty : 1955) en vue de rétablir le dialogue avec cette « philosophie de l’éducation qui peut se présenter comme le noyau le plus actif des recherches contemporaines sur l’Etre » (Didier Moreau : 2011). De surcroit, la fragilité de l’Être redevient un cas d’école.
De nouvelles interrogations sont à soulever dans l’urgence, non seulement du côté du « savoir-faire », mais aussi et plus que jamais autour de la posture de « savoir-être » de l’Être et de son milieu, comme une alternative pour faire avancer les « savoir-faire » qui devraient, à notre avis, s’émanciper de toute doctrine directive. Ne faudrait-il pas voir émerger, dans ce désarroi causé par cette pandémie dévastatrice, de nouvelles donnes pour nous questionner sur l’absolu de nos convictions et nos certitudes ? « A chaque jour suffit sa peine » et, face au pouvoir de la Nature, l’homme reste encore impuissant du progrès scientifique. Pourtant, un nouvel itinéraire se dessine à l’horizon changeant nos manières d’être, de marcher, de nous conduire, d’agir autrement et de penser autrement l’ordre établi de cette vie commune, de tous les jours, dans ses interactions courtes ou langoureuses avec autrui. Sommes-nous alors (r) appelés à (ré)adapter nos pas, nos gestes, notre empressement, voire même notre contentement ou nos désillusions d’un jour ? En effet, la vie continuera dans ses moindres détails. Bien sûr, allons-nous changer pour le mieux afin que nous grandissions dans le cours d’une dialectique commune nourrie de clairvoyance qui saurait réussir cette « insertion dans l’Être ».
Au rendez-vous de l’école, la pédagogie devrait s’affirmer en tant qu’ « action conjointe » dans l’agir ensemble (G. Sensevy et A. Mercier : 2007) qui trouve son articulation avec cette réflexion philosophique à la suite de J-J Rousseau voyant, dans cette thématique ontologique de l’éducation, l’issue d’un surgissement de l’Être qui prête à l’Avoir un devenir meilleur de la « condition humaine ». En somme, un retour à une pédagogie de l’Être et de l’Avoir peut trouver une jonction heureuse avec la « la pédagogie brachylogique » qui, nourrie de « la pédagogie de la brièveté », permet de (ré) interroger le curriculum à l’échelle scolaire en privilégiant le droit à la parole et à la conversation dans sa vocation dialectique. Ceci contribue immanquablement au fait de se distancier sereinement des aléas de l’à peu près pour s’imposer la rigueur de la vérité scientifique qui compte parmi les éléments de base à même de façonner notre manière d’être, nous permettant de voir autrement le monde moderne (M. Mhenni : 2016). Aussi, les thématiques scolaires ont-elles la mission de se (re)positionner sur la prééminence de la réflexion philosophique prônant l’enseignement des valeurs citoyennes comme fondement ultime pour réhabiliter l’esprit de démocratie dans tous ses états.