Ces jours-ci, le débat sur l’histoire de la ville de Sayada redeviens un des soucis d’une localité qui prends de plus en plus conscience de l’indifférence dans laquelle on tient depuis quelques années, jusqu’à la voir livrer à l’incurable abcès de la pollution sans bouger le petit doigt. Est-ce le recours désespéré à l’identité localité faute de se trouver sa place dans l’identité nationale ? Que sais-je ?
En tout cas, le débat en cours est instructif et épanouissant à un moment où le scepticisme tend à empoisonner l’âme de l’espoir. L’article qui suit a été précédemment publié dans la revue Thétis et d’aucuns ont manifesté le désir de le voir paraître de nouveau pour enrichir la matière faisant la plateforme de la discussion sayadienne. J’y réponds dans VOIX D’AVENIR, qui a trouvé important d’ouvrir un espace de publication baptisé HISTOIRE(S), un espace bien à propos.
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Une agglomération à la périphérie de l’Histoire :
Aussi loin que l’on veuille remonter l’Histoire, on peut trouver trace de ce lopin de terre destiné à porter plus tard, bien plus tard, le nom de Sayada, un nom dont l’origine n’est pas encore certaine et que d’aucuns rattachent à la légende d’une femme fondatrice.
En effet, l’imaginaire populaire local a longtemps répété l’histoire d’une veuve originaire de la ville de Moknine, à cinq kilomètres au sud-ouest. Elle aurait échappé de nuit à son beau-frère qui l’importunait, amenant avec elle ses deux enfants. Dans son naufrage, elle aurait échoué sur une grotte perchée au flanc d’une colline donnant sur la mer.
Elle s’y installa, la Veuve, et, avec le temps, s’occupa à pêcher le poisson sur un littoral qui n’en manquait pas. Elle le vendait dans les environs et les gens disaient qu’ils achetaient le poisson chez la « sayada », ce mot arabe qui veut dire « pêcheuse » et qui a fini petit à petit par coller à l’agglomération naissante. Les deux enfants de la veuve seraient ainsi à l’origine des deux premières familles de la localité et leur auraient donné leurs noms respectifs.
Comment ne pas reconnaître dans ce récit la structure mythique de la fondation du monde telle que racontée par les textes sacrés des religions monothéistes. Sauf que l’exilée est ici une femme seule et non un couple (Adam et Eve) et que cette femme est victime et innocente et non coupable comme l’avaient été les exclus du Paradis de Dieu.
En tout cas pour ce qui concerne cette colline sur laquelle s’est installé le premier noyau du village, il paraît qu’elle est constituée d’une roche marine qui la ferait remonter à des ères géologiques lointaines, du temps où la mer avait couvert la terre presque entière, le temps d’un certain « toufan », un déluge comme il y en a dans tous les mythes eschatologiques, mais cette fois un déluge bien repérable dans les mouvements climatiques et morphologiques qui avaient commandé l’histoire de notre Terre.
A quoi bon remonter aussi loin, restons plutôt dans les limites de notre Histoire, nous avons déjà bien trop de problèmes à résoudre avec elle, et bien d’énigmes à élucider.
Première Histoire : Les Origines Libyques
L’on sait que « le Sahel antique [était] une région rurale paysanne diamétralement opposée à la réalité moderne[i] ». A l’époque de la fondation de Leptis, la région de Sayada (qui, rappelons-le, ne devait pas avoir ce nom-là ou qui ne devait pas avoir de nom du tout) était occupée par des agriculteurs autochtones qui étaient installés dans les grottes creusées à même la roche et qui vivaient des terres environnantes. En effet, la structure originelle de la ville de Sayada est implantée sur deux collines dont l’une, la première à connaître le repeuplement moderne et à porter le noyau central de la Médina, conserve encore à l’état visible et parfaitement conservées trois de ces grottes originelles qui ont d’ailleurs servi plus tard comme des boutiques pour des unités de tissage. Mais l’on sait que la plupart des maisons de la Médina, sur cette colline, couvent sous leurs constructions d’autres grottes à dimensions multiples, maintenant bouchées mais ayant longtemps servi comme des dépôts ou des étables. Je me souviens que dans notre maison, il y en avait deux, dont l’une va jusqu’en dessous de l’entrée de la Grande Mosquée, l’Ancienne Mosquée.
Quant à la deuxième colline où il est difficile aujourd’hui de retrouver des grottes aussi visibles et aussi bien conservées, peut-être importe-il de souligner que son principal quartier s’appelait « le Quartier des Grottes », Houmet el-Ghirane.
De fait, il n’est plus à prouver que les puniques qui s’étaient installés sur le littoral d’Africa, notamment au Sahel, l’avaient fait dans des lieux déjà occupés par des agriculteurs autochtones qu’ils avaient ensuite intégrés dans leurs sociétés, donnant même naissance à un phénomène civilisationnel caractérisé que Habib Ben Younès appelle « une culture libyphénicienne ». Et le chercheur d’ajouter :
« La population sahélienne semble donc être non pas une population étrangère implantée dans cette région comme ce fut le cas à Hadrumète, mais une population installée dans ces contrées bien avant l’arrivée des Phéniciens.
Les vestiges préphéniciens témoignent de la densité de cette présence. Les nécropoles mégalithiques de l’Enfidha, Sidi Bou Ali au nord ; Ksour Essaf, Salakta, El Alia et Sidi Alouane au sud, parallèlement à la présence des houanet des îlots de Monastir et des environs de Lemta, confirment cette présence préphénicienne importante.
Hérodote ne désignait-il pas les populations de la côte orientale de libyens cultivateurs qui ont des maisons. […]
L’hypothèse, devenue par la suite certitude, avancée par P. Cintas à propos des échelles phéniciennes, ces escales, nécessaires aux navigateurs phéniciens, qui sont devenues par la suite des villes tout au long du littoral africain, n’a plus lieu d’être retenue d’une façon systématique. Les Phéniciens auraient pu aborder non pas dans des contrées vierges, mais au contraire dans des zones déjà habitées. »[ii]
Le travail de H. Ben Younès est fort intéressant du point de vue de cette population et cette culture mixtes qui sont nées de l’entremêlement de ces populations autochtones, avec leurs us et coutumes, et cette population phénicienne qui s’est d’abord frottée à eux par des contacts de plus en plus réguliers et de plus en plus solides jusqu’à la fondation de la cité punique comme a été la cité de Leptis minor. Sans doute cette vision importe-t-elle pour expliquer certaines attitudes prises par cette ville dans des moments importants de son Histoire.
Par ailleurs, il est à présent attesté que la région de Sayada, jusqu’aux frontières de Tapsus, en passant surtout par les fermes de Soukrine, avait constitué une étendue importante des domaines agricoles de la cité de Leptis où les propriétaires étaient installés autour de puits artésiens et étaient dotés d’unités artisanales spécialisées dans les poteries, cependant que les installations hydrauliques au nord de la ville étaient à base de citernes[iii].
Il importe ici de conduire une remarque importante pour les gens de la région : ces nouvelles données historiques n’ont à apporter ni aux uns ni aux autres, ni plus de fierté ni moins de rayonnement, encore moins une validation de primauté d’une ville par rapport à l’autre. En effet, certains désagréments ont pu paraître chez certains citoyens au moment où cette perception de l’Histoire a commencé à être développée ; ils sont insensés et anachroniques, car de quelque point de vue qu’on la considère, la région de l’ancienne Leptis Minor constitue bel et bien une unité urbaine caractérisée et au moins les trois villages actuels qui la constituent (Sayada, Lamta et Bouhjar) ont une histoire commune qui est faite plus pour les rapprocher que pour les séparer. Et puis, l’Histoire, c’est l’Histoire !
Puisque Leptis a, elle au moins, constitué le cadre le plus reconnu et le plus incontestable de la communauté de destin des villages de la région, en tout cas de Lamta et Sayada, il importe ici d’accorder l’attention qui se doit à l’histoire de cette cité.
Longtemps l’histoire de la fondation même de Leptis est restée inconnue, comme l’est déjà peut-être encore l’histoire de sa destruction. En 1970 par exemple, Gilbert-Charles et Colette Picard qui commentaient l’histoire de la conquête phénicienne commencée avec Hannon, après 480 av. J.C., notaient : « Il est actuellement impossible de dire si les autres villes phéniciennes de Byzacène, Thapsus (qui existait en tout cas au milieu du IV° siècle), Lepcis Minor, Sullectum, Acholla avaient été fondées avant la conquête […] »[iv].
Même l’histoire du débarquement d’Hannibal à Lepcis, dont l’imaginaire populaire et la fierté dynamique de certains intellectuels se nourrissent fort légitimement d’ailleurs, ne semble pas bénéficier d’assez de crédit auprès des spécialistes. Aussi lit-on encore dans Vie et mort de Carthage le commentaire suivant : « […] des gens d’Hadrumète, arrivés à Carthage, annoncèrent qu’Hannibal venait de débarquer sous leurs murs. […]
Hannibal avait débarqué en Byzacène pour deux raisons : ayant dans ce pays ses clients et ses biens patrimoniaux, il en connaissait exactement les ressources, et pouvait en disposer sans avoir de comptes à rendre. D’autre part, on pouvait atteindre d’Hadrumète, par une rote facile, en cinq ou six étapes, le coeur du pays massyle. Hannibal souhaitait enlever son royaume à Massinissa comme celui-ci avait ravi le sien à Syphax ; s’il y parvenait, la situation des Romains, coincés entre la Numidie et une Carthage pratiquement inexpugnable, deviendrait difficile. »[v]
L’on comprend bien que l’imaginaire veuille broder sur une histoire de domaines agricoles appartenant à la famille d’Hannibal et se trouvant à Thapsus, ou qu’il raconte une histoire d’oliviers plantés par son armée, lors du débarquement, pour échapper à l’oisiveté, mère des révoltes dans les rangs militaires. C’est fertilisant pour l’imagination et propice pour la créativité ; mais il est de tout intérêt de s’interroger en vue de retrouver la logique de l’Histoire, et de formuler les inquiétudes qui pourraient y conduire. Tel est l’objectif de l’auteur du présent propos qui, pour être un profane et un amateur, n’en est pas moins un passionné de l’Histoire.
Pour ce qui est de notre objet donc, force est de reconnaître peut-être que Lepcis n’a pas joué un très grand rôle dans l’Histoire et que les sources y font rarement référence, sauf quand il est question de son ralliement à Rome dans sa dernière guerre contre Carthage, ce qui lui a valu le statut de cité libre.
Deuxième Histoire : La Destruction de Leptis
L’énigme de la destruction de Leptis semble avoir posé plusieurs questions aux chercheurs et continue sans doute d’en poser d’autres. Pour tout dire, il est hasardeux de prétendre que cette énigme puisse être résolue avant l’accomplissement de fouilles suffisant à élucider ce phénomène.
L’on a certes pensé à un violent séisme comme il y en a eu à Agadir au Maroc ou plus récemment à Al-Asnam en Algérie. Cela a paru d’autant plus plausible que ces deux villes se situeraient sur la même ligne d’articulation géologique que la ville de Ruspina (Monastir), à quinze kilomètres de Leptis. Mais l’Histoire ne rapporte pas l’avènement d’un séisme d’une telle ampleur à l’époque correspondant à la destruction de Leptis.
Au contraire, il semble que cette ville soit sortie de l’Histoire avec le déclenchement de la chute de l’Empire romain, progressivement certes, mais sûrement. Cela pousse à croire que sa destruction a été progressive, s’étendant sur tous les mouvements de violence et de destruction qui ont accompagné les flux et reflux des différentes invasions. D’abord les Vandales qui auraient affecté la structure de la cité en la fragilisant, sans l’achever ; ce qui expliquerait le regain de la vie à l’époque byzantine. Mais après, avec la conquête arabo- musulmane et toutes les décisions de destruction des symboles de la religion rivale, dans certains moments de reddition, (La destruction de Carthage aura été l’acte symbolique de tous les autres symboles détruits), Leptis n’aurait pu échapper au même destin, sombrant ainsi dans un oubli total, peut-être même dans un état de non-vie, jusqu’au Moyen-Age, quand la vie y reprit, petit à petit, autour du Ribat de Lamta, et plus tard sur la colline fondatrice de Sayada.
Troisième Histoire : Renaissance et repeuplement de Sayada.
D’aucuns pensent que le repeuplement de Sayada a commencé vers 1400. Sans doute bien longtemps après Lamta dont le Ribat a constitué un pôle d’attraction d’abord pour les Moravides (Al-Mourabitoun), puis pour des populations qui se sont installées dans les environs du Ribat.
Il faut croire que c’est d’abord les paysans de la campagne de Sayada qui petit à petit se sont décidés à se regrouper en une agglomération qui redonnerait vie aux grottes encore exploitables, surtout par les conditions climatiques difficiles, tant pour les hommes que pour les bêtes.
Cette nouvelle agglomération s’est donc dressée sur la capote sphérique délimitée par la position de deux des trois grottes encore perceptibles. Il faut croire que c’est ce premier noyau urbain qui a présidé à la structure première du village qui en est né. La petite Rahba au pied de la Mosquée, à la sortie d’une impasse en arc de cercle qui a son symétrique de l’autre côté des deux grottes, ce deuxième arc étant sans doute postérieur au premier.
Il est probable que le village se soit étendu du côté nord, laissant derrière lui la rivière, Oued Essakli, qui sert comme lit d’écoulement des eaux fluviales vers la mer. C’est des cours comme il y en a beaucoup aux différents détours des collines du paysage.
Les grottes font face à la mer et devant elles s’étendait le cimetière.
Le coin était paisible et semblait servir de bon refuge aux exilés ou aux passagers de fortune. On raconte que le célèbre corsaire turc, Arudj, y avait fait escale au cours (de l’une) de ses courses, peut-être vers le premier tiers du seizième siècle, pour se ravitailler et pour reposer ses mercenaires. C’est pourquoi, un lieu précis de la région de Sayada qui précède Soukrine porte encore, dans l’esprit de certains, le nom de Bou-Arudj[vi]. L’idée n’est pas saugrenue, elle est même fort probable.
Mais en dehors du caractère fort plausible de cette donnée, il est permis d’en déduire qu’au début du XVI° siècle, il y avait assez de gens pour ravitailler les troupes du corsaire, pour retenir l’événement et pour le raconter. En tout cas, il est peu probable que l’événement se soit répété malgré le caractère séduisant du lieu, situé en plein centre de la baie reliant Monastir et Mahdia et permettant, par dessus ses collines, de dominer toute la baie et son horizon lointain, en haute mer. Donc, si escale il y a, elle n’aurait pu avoir lieu que dans ces moments de difficulté où la guerre de course contre les Espagnols a pu mettre le corsaire turc (natif de Grèce, faut-il le rappeler) en difficulté et dans la nécessité de débarquer dans un lieu difficilement repérable par les Espagnols qui n’avaient pas l’habitude de ces lieux. Sans doute est-il plus plausible de penser à la période située entre 1535 et 1571, marquée par une grande confusion et par des hauts et des bas d’un côté comme de l’autre des deux belligérants : « De 1537 à 1571 : la période est dominée sur le plan militaire par une grande confusion. Jusque-là, Turcs et Espagnols avaient remporté respectivement de grandes victoires. Mais il s’est vite révélé qu’aucune de ces victoires n’a été décisive.
Ainsi il pouvait paraître qu’en 1535 la prépondérance espagnole ait été consacrée en Ifriqiya. D’une part, Moulay Hassan restauré sur le trône était allié de Charles Quint. D’autre part des garnisons espagnoles ont été installées à la Kasbah de Tunis comme dans les principales villes de la côte (Hammamet, Monastir, Mahdia). Ces enclaves espagnoles furent cependant de courte durée. Et on a assisté de 1541 à 1571 à de multiples prises et reprises de villes de la côte au bénéfice tantôt des turcs et tantôt des Espagnols »[vii].
Par ailleurs, le terme retenu par l’imaginaire local, celui de « Bou-Aroudj », a une structure linguistique courante quand il s’agit de relier un lieu à un personnage illustre : Bou-hajar, Bou-merdes, Bou- Ali, Bou-Saïd, etc. De ce fait, cette partie du sud de Sayada serait rattachée à Aroudj, sans doute le principal personnage illustre ayant transité par ce lieu qui, à l’époque, était pratiquement à la périphérie de l’Histoire ou carrément à sa marge. Il ne reste pas moins que le lieudit n’est peut-être pas relié exclusivement à Aroudj, qui n’était en fait que le compagnon de course de son frère cadet Khereddine Barberousse (1480 ? – 1546), celui-ci étant plus célèbre dans ces opérations maritimes, au point de mériter de se faire nommer Capoudan Pacha (Grand Amiral)[viii] par Sélim 1er.
Il est possible ainsi de penser que « Bou-Aroudj » soit tout simplement le produit d’une altération du mot « Barberousse », ou qu’il soit le produit d’une fusion amputée des deux termes constituant le nom suivi du prénom du corsaire : « Barberousse-Aroudj » donnant Bou-Aroudj.
Tout cela pour souligner que la mémoire populaire ne semble pas fonctionner à partir de rien, et qu’elle a ici un repère historique assez solide pouvant trouver appui sur des textes comme celui dont est tiré l’extrait suivant : « Dès les premières années du siècle, ce furent des navires turcs armés pour la course qui choisirent comme abris et bases d’opération, les ports de l’Ifriqiya. Leur apparition coïncide avec les débuts de l’affrontement turco-espagnol pour la prépondérance en méditerranée. Il faut du reste noter que les côtes de l’est tunisien présentaient un abri maritime particulièrement favorable, bien défendu par les hauts fonds constituant le relief sous-marin et la présence de nombreuses îles au large des côtes.
Dès 1500, l’île de Djerba qui commande le golfe de la petite syrte, devenait une base importante entre les mains de corsaires levantins parmi lesquels se signalèrent particulièrement les frères barberousse (Aroudj et Khereddine). Puis d’autres points de la côte entre Tripoli et Tunis devinrent à leur tour des bases de corsaires. Cette installation ne semblait pas avoir provoqué une vive opposition de la part de la population locale. Cela s’explique par trois raisons : l’appartenance à la même religion, la lutte contre le même ennemi chrétien et les bénéfices que l’entreprise maritime rapportait aux autochtones. Ainsi par exemple dans les ports du sahel, les populations furent d’autant moins récalcitrantes à accepter l’établissement des corsaires qu’elles avaient eu à souffrir des déprédations des corsaires chrétiens. Et du reste, à l’exception de Djerba, il s’agit moins d’une occupation permanente des villes que de visites saisonnières au cours desquelles les corsaires se ravitaillaient, en hommes, en matériel (bois, cordes, goudron) et en vivres, et déversaient les produits des prises qu’ils effectuaient sur les navires des chrétiens. Ces visites auront tendance cependant à devenir de plus en plus longues et régulières à partir du moment où l’affrontement turco-espagnol transformera les données de la course en faisant des corsaires levantins des soldats du grand seigneur. La course prendra un aspect de guerre de religion entre chrétiens et musulmans.
Alors que du côté chrétien les opérations étaient commanditées par l’Espagne qui était la première puissance maritime européenne, c’était la Turquie qui du côté musulman dirigeait la guerre. »[ix]
C’est sur ce fond de conflit meurtrier et d’absence de sécurité que mon ancêtre le Djerbien s’en vint à terre de son îlot des Lotophages. Il élit domicile sur la colline de la Pêcheuse, mais ça, c’est bien une autre histoire, l’histoire de mon ancêtre le Djerbien, qu’un jour peut-être je conterai.
[i] Ben Baaziz (Sadok), « Les établissements ruraux du Sahel antique », in Du Byzacium au Sahel, itinéraire historique d’une région tunisienne, Textes réunis par Abdellatif Mrabet, Tunis, Edition l’Or du Temps et la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse, 1999, p. 34.
[ii] Ben Younes (Habib), « Le Sahel préromain, pays des libyphéniciens », in Du Byzacium au Sahel, itinéraire historique d’une région tunisienne, Textes réunis par Abdellatif Mrabet, Tunis, Edition l’Or du Temps et la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse, 1999, pp. 11-20.
[iii] Ben Baaziz (S.), Op. cit. Pp. 42- 43 et 47. : « Le réservoir d’eau ne pouvait être qu’en dur et bénéficiant d’une étanchéité complète, et de ce fait le monument hydraulique apparaît comme l’une des composantes essentielles d’un établissement rural sahélien : c’est le bassin, la citerne ou le puits. […]
Le monument hydraulique est placé loin des autres bâtiments de l’établissement. Ce qui augmente sensiblement la dimension des sites d’une part, et parfois l’impression que le monument hydraulique est isolé en pleine campagne, d’autant plus qu’il est le seul bâtiment en dur de l’établissement et de ce fait le seul repère. […]
La ferme antique de cette région est à la fois un centre de production agricole et artisanale, disposant d’une agriculture basée sur une production variée où l’arboriculture tient une place de choix. »
[iv] Picard (Gilbert-Charles et Colette), Vie et mort de Carthage, Paris, Hachette, 1970, p. 91.
[v] Picard, Op. cit. p. 263.
[vi] On prononce « [buaruj]
[vii] Masmoudi (A.) & Smida (M.), « Tunis au XVI°s. : de la chute des Hafsides à l’installation des Turcs », dans Histoire de la Tunisie, les temps modernes, Tunis, STD, 1983, pp. 17-18.
[viii] Ibid. p. 16, note 2.
[ix] Ibid. pp. 12-13.