L’autre jour, au Lac 2, je suis entré à l’intérieur du parc d’attraction Dah-Dah que je n’ai plus revisité depuis deux décennies. Dans l’une des aires de jeux, une imposante pancarte écrite en français prévenait les parents des enfants contre certains risques et certaines imprudences. Non loin de là, on pouvait lire sur une pancarte moins imposante – écrite toujours en français- d’autres consignes de précaution à l’adresse des visiteurs adultes. Les deux textes trahissaient au moins une vingtaine de fautes inadmissibles et ridicules (voir photo).
La même semaine, un “écrivain” tunisien francophone m’a demandé de préfacer un nouvel essai philosophique qu’il s’apprêtait à publier. Lorsque j’ai lu les premières pages du livre, j’ai relevé plusieurs incorrections et maladresses que j’ai pris soin de signaler en couleur à l’intention de l’auteur. Il y en avait de légères, mais aussi de très grossières. De plus, et en plusieurs endroits du texte, les constructions étaient trop longues et alambiquées. Ce dont j’ai courtoisement prévenu mon ami “écrivain-philosophe-exégète” qui s’autorisait des traductions libres du Coran, des citations d’auteurs très évasives ainsi que des interprétations fort discutables des textes sacrés et des ouvrages pris en exemples.
Dans ma première réponse, j’ai très gentiment prié le monsieur de relire son manuscrit et de m’envoyer la version revue et corrigée pour une éventuelle préface. Mon “ami” semblait n’attendre que cette réaction de ma part pour s’en prendre à moi, à mes aptitudes intellectuelles surtout, et pour contester mon évaluation. Pour lui, je m’intéressais trop à la forme et délaissais totalement le fond. Il trouvait même irréprochable le français avec lequel il avait développé “ses” idées.
J’ai alors écrit une deuxième réponse plus détaillée et plus démonstrative. Elle ne l’a pas du tout convaincu quant à la nécessité de publier un livre qui soit à la fois bien écrit et bien pensé. Ce qui importait à ses yeux c’est que l’essai soit déposé le plus vite possible à la Direction du livre relevant du Ministère des Affaires culturelles pour que la Commission des achats en acquière un maximum d’exemplaires.
J’ai oublié de vous dire que notre “essayiste” avait déjà publié d’autres livres en français, dont un roman bourré d’incorrections et de maladresses dès l’incipit, et que l’Union des Ecrivains Tunisiens a édité manifestement sans la moindre relecture. Le Ministère des Affaires culturelles, de son côté, en a sans doute acheté des dizaines d’exemplaires, répartis probablement entre les différentes bibliothèques du pays !