Il ne manquait que ce cataclysme pour compléter la liste de malheurs que les Libanais vivent depuis des décennies. Dans le jour d’après marqué par une incroyable stupéfaction et une immense désolation, ils demandent des comptes. Ils n’en peuvent plus et leur désespoir se radicalise. Leur pays est aujourd’hui non pas au bout du gouffre mais il est tombé dedans. Leur pays, jadis si beau, s’effondre ; rien n’y va plus ; ils sont sidérés de voir leur État en faillite et ne contrôlant plus rien. Ils n’ont plus d’accès à leur compte bancaire, leur monnaie en chute libre, une inflation hors contrôle, un tourisme sinistré, et de longues coupures d’électricité quotidiennes… C’est cela le Liban ?
Voilà à quoi est réduit un pays qui n’a plus confiance en ses gouvernants. Voilà un exemple criant prouvant que le laxisme et l’incurie peuvent emporter un pays. Voilà le résultat auquel on aboutit quand le peuple se réveille et n’accepte plus d’être l’otage d’une équipe dirigeante agrippée à ses juteux privilèges. Comment ne pas parler de négligence criminelle quand ce nitrate d’ammonium, qui peut devenir un fort explosif dans certaines circonstances, n’est pas sécurisé, dans l’indifférence générale, .alors que c’est un sujet de sécurité nationale. Vous vous souvenez certainement du temps mis pour régler le nauséabond sujet des ordures.
Franchement les Libanais se souviennent avec désolation de leur ancien mode de vie jouisseur et dispendieux qui a totalement disparu. Ils n’ont cessé de réclamer un état civil et non confessionnel mais ils se sont toujours heurtés à une forme de “vétocratie”
On a hâte de connaître le résultat de l’enquête qui pourrait s’étaler dans le temps, mais cela n’empêche pas toute sorte de rumeurs de circuler car dans ce monde sans repères tout est possible. Il suffit de tirer les leçons de ce qui s’est passé en Irak, au Yémen, de ce qui vient de se passer en Syrie, de ce qui se passe actuellement en Libye et aujourd’hui le Liban peut être dans l’œil du cyclone. Quelle triste réalité pour les pays arabes !
A ce sujet aucun dirigeant arabe ne s’est empressé pour se rendre au Liban ce dont a profité le président Macron qui sera aujourd’hui à Beyrouth capitale meurtrie, dévastée, éventrée. Bien évidemment il en profitera pour être le premier dans la reconstruction de la ville nommée le petit Paris. Kais Saïd pragmatique et efficace a dépêché 2 avions militaires pleins de médicaments et de ravitaillements et qui vont ramener 100 blessés graves à prendre en charge dans nos hôpitaux, décision louable à la hauteur de l’esprit de solidarité qui anime le chef de l’État depuis toujours.
Les Libanais ne méritent pas ce trop-plein de malheurs. Ce n’est pas le mauvais sort qui s’acharne, ce n’est pas le courage et la volonté qui manquent, c’est le fossé qui s’élargit entre gouvernants qui regardent ailleurs et gouvernés qui veulent respirer l’air pur.