Horrible est le sentiment haineux, le discours de haine l’est davantage. Ce discours conduit aux crimes les plus odieux (suicides, homicides, lynchages, fusillades en masse…). Ce discours est souvent une incitation à la haine radicale. Or, le crime est, par métonymie, “l’acte sur quoi se fonde la décision.”. La haine n’est pas seulement ” un sentiment de tristesse et de peine qu’un objet absent ou présent excite au fond de notre cœur “; elle est aussi, comme le crime, une décision, un parti que l’on prend, un acte volontaire. N’est-ce pas là le fanatisme? Saurions-nous “écraser l’infâme”?
“Hommes naturellement nés, en qui les haines sont vivantes, que je vous plains même dans votre sommeil ! Vous portez en vous une furie qui ne dort jamais. Si toutes les passions étaient aussi cruelles que la haine, le méchant serait assez puni dans ce monde. Si on consulte les faits, on trouvera l’homme plus violent encore et plus terrible dans ses haines, que dans aucune de ses passions.” (Diderot)
” Ô sainte horreur du ma! Devoir funèbre ! Ô haine ! ” (Hugo)
” La Haine est un ivrogne au fond d’une taverne,
Qui sent toujours la soif naître de la liqueur
Et se multiplier comme l’hydre de Lerne.
– Mais les buveurs heureux connaissent leur vainqueur
Et la haine est vouée à ce sort lamentable
De ne pouvoir jamais s’endormir sous la table.” (Baudelaire)