Par Mansour M’henni
Plus les jours passent plus le marasme nous envahit et cherche à nous réduire au désenchantement, à l’impuissance et à l’isolement. Ainsi nous veulent, semble-t-il, ceux qui nous gouvernent ! Ou peut-être alors, ainsi nous sommes-nous voulus, livrés aux manipulations, la conscience dans le vent, au gré des circonstances !
Je comprends, chaque jour un peu plus, mes concitoyens qui commentent ironiquement la situation où nous sommes par des expressions telles : « Ce n’est pas le covid qui nous tuera le plus ! » ; « Si la tête est pourrie, quelle santé peut avoir le corps ? » ; « Tout est abîmé et celui qui l’a fait est un vrai connaisseur. », etc.
En effet, la covid (et je m’en tiens, ici surtout, à la règle de l’Académie, par réaction) nous fait voir de toutes les couleurs, mais à y penser profondément, elle n’est en fait qu’un nouvel agent de la mort inéluctable, venant s’ajouter à tous les autres dont les victimes sont parfois aussi nombreuses sinon plus. Ce qui est déplorable, ce n’est même pas l’improvisation qui accompagne la lutte contre la covid, c’est plutôt de se permettre, en pareille circonstance, des animosités, des conflits et des complots par égoïsme, arrivisme et égotisme, et de gaspiller ainsi une énergie, un temps et des moyens on ne peut plus utiles et bénéfiques pour la communauté citoyenne. Quand ce mal atteint le sommet de l’Etat, apparemment de façon incurable, il faut bien craindre le pire et se préparer à toutes les éventualités malencontreuses, tragiques même. Jusqu’à quand va-t-on trainer ce bras de fer entre les têtes (cornes ?) du pouvoir ?
Oui, j’ai bien dit « cornes », car ce vocable me paraît mieux couvrir toutes les caractéristiques de notre situation actuelle, par toutes les variantes de son paradigme. Au lieu de s’atteler tous, de façon solidaire, à « prendre le taureau par les cornes » pour venir à bout de notre crise généralisée, ne voyons-nous pas nos « chefs » en train de se prendre mutuellement « sur leurs cornes » ? Même leurs discours officiels, normalement commandés par une éthique stricte sauvegardant la respectabilité de l’Etat, sont devenus l’occasion de « se faire les cornes », comme pour nous faire « porter des cornes ». « Corne de diable » ! Qu’est-ce donc que ce terrible désastre ? N’y a-t-il plus une lueur de raison dans les ténèbres des tueries politiques, réelles et symboliques, qui nous ont envahis ? De grâce ! Ne nous parlez plus de liberté, de démocratie, de voix du peuple, et de tous ces slogans en manchettes qui ne cherchent qu’à rabougrir les citoyens pour mieux abuser du pouvoir ! Les spectacles ahurissants que nous voyons à tout bout de champ, y compris dans les sièges de la souveraineté de l’Etat et de ses institutions, nous écœurent à nous faire vomir notre dépit et notre révolte.
En un mot, assainissez nos institutions de la voyoucratie, par la force de la Loi et du droit ! Aidez-nous à rétablir l’éthique de la citoyenneté solidaire ! Sinon rendez à César ce qui est à César !
(Publié aussi par jawharafm.net)