A la Bibliothèque Maghrébine de Ben Arous :
Première Session du Forum sur le Haïku en Tunisie
Le Haïku japonais séduit la muse des poètes tunisiens
L’Association des amateurs de la bibliothèque et du livre, en coopération avec la Bibliothèque Maghrébine de Ben Arous, a organisé la première session du forum du Haïku ce samedi 27 mars. En suivant le mouvement littéraire et les nouvelles créations poétiques en Tunisie, nous avons remarqué, surtout ces dernières années, l’apparition d’un nouveau genre d’écriture poétique, le haïku, un court poème, né au Japon à la fin du 17° siècle qui s’écrit principalement sur trois lignes selon le rythme court / long / court : 5 / 7 / 5 syllabes. Ce genre poétique d’origine japonaise a l’air de se développer dans les productions de nos poètes et à travers même des clubs de poésie.
Ce Forum envisage d’étudier ce nouveau type de poésie dans la littérature arabe en général et d’analyser ses débuts, son développement et sa diffusion en Tunisie et de voir ses caractéristiques, de fond comme de forme. Quand le haïku s’est-il introduit en Tunisie ? Avec qui ? Quelle est sa réalité et quelles sont ses perspectives ? Telles sont les questions soulevées dans ce Forum et d’autres encore dans les différentes communications et interventions des participants et des auditeurs, formés essentiellement d’hommes de lettres et de poètes.
L’ouverture a eu lieu vers 10h par Fathia Chaâbane, directrice de la Bibliothèque Maghrébine, qui a prononcé le mot d’accueil. Elle a été suivie par le poète Soufi Abid, l’initiateur du Forum qui annonça les grands traits du programme. Après quoi, les travaux du Forum ont commencé par la première séance présidée par le poète Mohamed Habib Zennad. La première communication a été assurée par le poète Salem Lebben, alias El Hakawati, qui nous donna un aperçu historique sur l’introduction du Haïku dans le monde arabe et en Tunisie. Se considérant comme l’un des premiers poètes tunisiens à avoir utilisé le Haïku, il parla de son expérience et de son recueil de poésie qu’il avait consacré totalement à l’écriture poétique à la manière du Haïko. Son recueil paru en quatre tomes s’intitule « Les Quatre Saisons ». Il a également parlé des caractéristiques, exemples à l’appui,de ce nouveau genre de poésie qui commence à se propager chez pas mal de poète chez nous, aussi bien en arabe qu’en français.
Ensuite, ce fut le tour des deux poétesses, Souad Hajri (poésie française) et Sonia Ben Ammar (poésie arabe) de donner leurs témoignages et leurs expériences avec le Haïku. La première a reconnu avoir pris contact avec le Haïku grâce à un livre traitant de ce genre de poésie provenant du Japon. Quant à la seconde, elle a souligné que l’une des caractéristiques du Haïku est le déni de soi et la célébration de l’évanescence des choses et des sensations qu’elles suscitent chez tout un chacun. Ces communications ont été suivies d’un débat lors duquel les uns sont favorables à l’introduction du Haïku dans la poésie en Tunisie et le voient comme étant un enrichissement de notre poésie, d’autres considèrent que le Haïku est un intrus qui s’impose non seulement sur la littérature arabe, mais sur toutes les littératures du monde. D’autres encore se sont interrogés s’il ne s’agissait pas d’une invasion littéraire et culturelle japonaise à travers le Haïku. Certains participants ont proposé que le Haïku soit adapté à la muse de la poésie tunisienne, créant ainsi un mariage entre les genres poétiques.
La séance de l’après-midi, présidée par le poète Samir Bayati, a été consacrée à la lecture de quelques extraits des productions poétiques de Haïku, assurée par plus d’une dizaine de poètes présents. Cependant, on a pu constater que certains poèmes déclamés s’apparentent à ce qu’on appelle en littérature la poésie-flash plutôt qu’au Haïku, car il s’avère que les règles de la versification du Haïku sont très rigoureuses. La clôture fut marquée par la rédaction collective d’une série de recommandations en vue de les adopter dans la session prochaine, sachant que cette première rencontre était une session constituante du Forum, lequel doit s’améliorer et se consolider.
Hechmi KHALLADI