Dites avec moi ! Dites à l’Avenir de ne pas venir ! Dites à l’Avenir que nous ne sommes pas prêts pour l’accueillir !
O Avenir, tarde à venir ! Reviens demain, ou dans un mois, ou dans les siècles à venir !
Mets encore du temps pour passer du côté de chez nous ! Ici, ils aiment vivre sans avenir ! Ils préfèrent revenir le plus loin possible de l’avenir !
O Avenir, ne viens même pas ! Ils ne voudront pas de toi !
Ils se sentent si bien sans devenir, sans avenir, sans demain, sans lendemains, sans temps à venir !
Ils ? Ce sont ces gens nombreux dans mon pays qui se contentent – heureux ou malheureux (ou les deux à la fois) – de gérer “leurs affaires courantes”, de vivre, hhhhh, de mal vivre oui, de subvenir, de mourir au jour le jour, et de pourrir !
Ils ? Ce sont ces gens nombreux qui se contentent d’aller et venir entre hier et aujourd’hui, ne s’inquiétant pas le moins du monde de ce qui peut, demain, advenir d’eux, de leurs enfants, de leur pays, ou de la planète ! Qui ne voient rien venir ni survenir !
Ne viens pas, O Futur! Tu n’auras rien à faire ici, en terre de passés antérieurs et d’imparfaits ! Reste là où tu as ta place en conjugaison ! Ici, ils n’en prévoient pas pour le futur; ils ne prévoient rien pour l’Avenir !
Reste Avenir ! Ici, ils te feront flétrir et dépérir; tu seras révolu avant même de venir ! Ici, tu seras souvenir, hhhhhh, oui, rien d’autre que sous-venir !
Reste Avenir chez ceux qui pensent à l’avenir, qui travaillent pour l’avenir, vivent pour l’avenir et, s’il le faut, quand il le faut, inventent et réinventent l’avenir !
L’Avenir, chez nous, n’est même pas un conte pour endormir ! Ce n’est même pas un mensonge politique ! Ni un gag pour faire rire !
L’Avenir, ici, en terre de Machreq et de Maghreb, ne se lève ni avec le soleil, ni avec la lune ! Il brille par son absence ! Non ! Il ne brille même pas par son absence !
L’Avenir, ici, en terre de Machreq et de Maghreb, est impasse et sens interdit ! Ne passe pas par ici; tu ne trouveras pas par où passer ! Tu n’as, ici, que par où trépasser!
Ne viens pas, s’il te plaît, Avenir ! Car j’ai peur, oui, j’ai peur pour toi, Avenir ! J’en suis, hélas, à craindre pour ton avenir, O Avenir bien-aimé! Pas pour le mien, ni pour celui des miens !
Va, Avenir ! Va loin ! Très loin ! Va là où tu as de l’avenir, O cher, très cher Avenir !