Par Mansour M’henni
Aujourd’hui, j’ai croisé un statut de ma collègue et amie Ghada Nechi, comme elle a l’habitude d’en fournir en grand nombre et toujours aussi heureux et aussi instructifs les uns que les autres, un statut sous forme d’image disant : « Pour s’entendre, il ne faut pas les mêmes idées… Il faut le même respect. » Cela m’a renvoyé à quelques souvenirs et certaines initiatives datant de quelques années mais toujours d’actualité, à mon humble avis. Aussi me permettrai-je d’en rappeler au moins l’esprit, qui est ceci : « l’éthique du respect doit être le fondement et le pilier principal de la notion de société ».
La première initiative que je voudrais évoquer date du 4 février 2012, celle du lancement d’un blog personnel, lerespect, pour une apologie du respect :
“Le respect est au centre de toute conscience individuelle et de toute dynamique sociale qui cherche à s’inscrire dans l’humanité en tant que valeur. C’est pourquoi, chers amis, j’ai choisi de nommer ainsi mon blog que je voudrais un espace d’échange constructif et enrichissant pour chacun de nous avec comme principe de base de tout comportement : le respect.
Evidemment le respect n’exclut pas la critique ; au contraire, il la revendique comme une condition du vivre-ensemble et du faire-ensemble. Ainsi, être critique dans la logique et dans l’éthique du respect, c’est aider à édifier la démocratie sur des fondements inébranlables. Et tout le reste est littérature !” (Mansour M’henni)
J’y ai immédiatement mis un article datant du 15 novembre 2011, mais non moins valable actuellement. J’avais accroché un aphorisme personnel, comme un talisman : « Je ne manque de respect à personne ; mais personne ne me confisquera ma liberté » et je l’avais intitulé « Plaidoyer pour une République du Respect » :
« Dimanche 13 novembre, la France a fêté la valeur de la gentillesse ; ce qu’elle fait annuellement depuis 2009. Une pensée philosophique même est en train d’accompagner cette vision civilisationnelle d’une société qui se cherche ou qui cherche à retrouver un certain équilibre dans un monde qui l’expose à tous les risques et la met au défi de tous les paris. A y réfléchir de plus près, je me suis dit que nous aussi, nous sommes exposés à autant de risques sinon plus et sommes au défi d’autant de paris sinon davantage. Quelle valeur alors nous servirait-elle le mieux et fonderait-elle le plus solidement et le plus durablement notre projet de société ? J’avoue que la gentillesse a beau être souhaitable, elle me paraît fort insuffisante et parfois à même de fragiliser un fonctionnement de droit qui peut se retourner contre la société qui en ferait le principal mode du vivre-ensemble. Au nom de la gentillesse, on cède sur certaines questions, et à force de céder on tombe dans la soumission, au moins dans le silence complice. Les Tunisiens, qui ont assez expérimenté la gentillesse et qui ont brûlé à son feu, ne sauraient aujourd’hui se fourrer dans la gueule du même loup et franchir une étape importante de leur Histoire sans en tirer l’enseignement qui se devrait. Au vu de cela, je pense qu’aujourd’hui plus que jamais, peut-être même en tout temps de leur histoire moderne, les Tunisiens ont expressément et impérativement besoin d’une « République du Respect ». Si j’avais à fonder un parti politique, je crois que c’est ce parti que je choisirais de lancer. Si quelqu’un lançait un tel parti, je crois qu’il serait le premier à me tenter et à susciter mon intérêt. En effet, le respect est la valeur qui présuppose toutes les autres. Il y a d’abord le respect de soi, qui suppose la dignité et la revendication des droits individuels, dont la liberté de propriété, de culte et d’opinion, et du droit à la citoyenneté en toute justice et en toute équité. Il y a ensuite le respect de l’Autre, qui suppose le dialogue, la tolérance, la démocratie et le refus de tout fanatisme et de toute forme d’exclusion. Il y a enfin le respect de la communauté, qui suppose la solidarité, la responsabilité et l’engagement pour l’intérêt commun et pour la protection et la sauvegarde des biens publics. Qu’importe donc que quelqu’un veille bien ou non fonder le Parti de la République du Respect, si nous choisissons d’être les citoyens volontaires et volontaristes de cette république et de la valeur qui la fonde. Tout le reste ne serait alors que jeux et spectacles du paysage politique qui finissent par donner l’impression que dans ce genre de sport, les terrains, les joueurs et les arbitres peuvent changer, mais que les tactiques sont les mêmes, avec des moyens réemployés et des visées inchangées. » (Mansour M’henni)
L’amère constat, c’est que cette voix n’a fait que prêché dans un désert, celui de ce blog resté sans impact et celui d’un pays livré aux vents de sable. L’appel est donc lancé, de nouveau, pour une République du Respect, au besoin par la voie d’un mouvement baptisé « Mouvement pour la République du Respect » (MRR), (التحرك لأجل جمهورية الاحترام). Idéalisme, diriez-vous ? Pourquoi pas ! Je le répète encore : l’idéal est la seule voie à devoir animer une vie… respectable.