Intéressant à plus d’un titre est le colloque « Culture-Francophonie-Méditerranéité », organisé les 28 et 29 novembre 2022 à Kairouan, dans le cadre du 9ème Symposium des Expressions Culturelles et Artistiques de la Méditerranéité (SECAM 9), par la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Kairouan et l’association pour la Culture et les Arts Méditerranéens (ACAM), en partenariat avec l’association Brachylogia et l’association « Questions et Concepts d’Avenir » (QCA).
Soulignons d’abord la très bonne organisation de cette rencontre, dans son ensemble (colloque, exposition de livres, soirée poétique et musicale), grâce à l’engagement d’une petite équipe d’organisation mixte (Dorra Barhoumi pour la faculté et Badreddine Ben Henda pour l’association) intelligemment conduite par le Doyen Radhouan Briki et fermement soutenue par le Président de l’Université, M. Taha Guerfel qui a ouvert ses travaux après l’allocution du Doyen et du président de l’ACAM, Mansour M’henni, et avant la conférence inaugurale du Pr. ém. Samir Marzouki. Cette remarque est importante parce qu’elle indique nettement que dans les moments difficiles, la Tunisie trouve toujours dans certaines énergies intellectuelles, pédagogiques, culturelles et associatives(re) de quoi ranimer ses espoirs d’un avenir meilleur et de quoi renforcer en elle sa confiance dans de nobles intentions toujours en veille et en éveil. En effet, le savoir, la culture et la citoyenneté sont les piliers les plus solides et les plus fiables de toute construction sociétale.
Sur un autre plan, et nullement en rupture avec la première remarque, le sujet du colloque, « Culture-Francophonie-Méditerranéité », a laissé paraître de nombreux points à (re)penser et à discuter encore, en rapport à l’être à soi et à l’être à l’Autre, en rapport à la conscience d’identité et à l’intelligence d’universalité, en rapport à l’éthique et à la pratique, etc. En fait, la question centrale serait : comment tirer profit de l’Histoire, avec ses revers et ses jours heureux, pour repenser un humanisme digne des inaliénables valeurs d’humanité ? De ce point de vue, il conviendrait d’abord de s’entendre sur les constantes universelles du concept de culture, tant dans sa définition fuyante, malléable, monnayable même ; puis de convenir des objectifs évolutifs qu’une culture générale intelligemment travaillée permettrait de viser et d’essayer d’atteindre. Il conviendrait tout autant de s’appliquer, un tant soit peu, à examiner l’intérêt et la pertinence du concept de La Méditerranéité en tant que vision d’un vivre-ensemble s’inspirant d’une histoire et d’une culture locales ou régionales et s’étendant, de par les valeurs partageables, à la dimension universelle. Dès lors, la Francophonie peut être revue à la nécessité de son évolution historique et à sa délocalisation pour porter, culturellement surtout, ces valeurs partagées qu’un concept comme celui de la Méditerranéité pourrait servir et contenir.
Il y a incontestablement d’autres points à discuter à propos de cette rencontre et d’autres aussi concernant le degré de mobilisation et de coordination du cadre enseignant, en interne et en interaction avec les étudiants, pour mieux rentabiliser intellectuellement et culturellement des occasions aussi fructueuses. Mais, pour l’heure, restons aux premières impressions comme celles publiées sur les pages de certains participants. Ali Toumi Abbassi de l’Université de La Manouba a écrit, sous le titre « Culture, Francophonie et Méditerranéité : un colloque audacieux », le statut suivant : « Je rentre du colloque de Kairouan avec les meilleurs souvenirs. Un audacieux challenge voulu par un comité d’organisation fédérant des virtuoses de l´université (Radhouen Briki, Mansour Mhenni et Badreddine Ben Henda) et des fleurons de la génération en épingle, précisément Dorra Barhoumi.
L’audace a donné ses fruits. Un bouquet de conférences lumineuses et de saveurs dignes de la variété méditerranéenne, ainsi que de profonds échanges entre d’honnêtes gens avisés et courtois. Surtout des éclairages complémentaires parfois passionnés sur les concepts complexes de la francophonie et de la méditerranéité. Chapeau bas à tous les fifres, donc ! »
Et Alain Massé, un célèbre et dynamique acteur international des médias et de l’audiovisuel, a répondu : « A mon tour de souligner après Ali le grand intérêt que j’ai retiré de ma participation à ce symposium particulièrement riche du fait de vos communications, mais aussi des échanges que je qualifierai avant tout d’empathiques. Ce qui nous rapproche sur le terrain des valeurs est immensément riche, ce qui nous oblige à travailler ensemble, dans nos diversités, pour promouvoir ces dernières. »
En avant donc sur cette voie de la pensée, de la conversation et du partage, pour un monde meilleur, malgré vents et marées !
Rédaction VA