Vendredi et samedi derniers, les non-voyants invités ont rapporté sur leur passé des souvenirs douloureusement impérissables. Cela frisait quelquefois l’horreur et la monstruosité. Il devient parfois difficile de relater après eux les effroyables sévices qu’ils avaient subis. Il ne s’agit pas que d’affronts et d’humiliations. Certains épisodes racontés dépassent l’entendement en termes de sauvagerie et d’inhumanité. Ils parlaient même de camps de concentration en évoquant les établissements éducatifs qui les prenaient en charge. Ce chemin de croix et tous ces calvaires et supplices se poursuivent parfois en milieu universitaire et après le recrutement.
Mais au-delà de ces événements marquants, les non-voyants ont retenu des leçons de vie ô combien bénéfiques pour leur intégration et pour leur rayonnement. Nous avons beaucoup apprécié les interventions qui mettent l’accent davantage sur l’effort de dépassement grâce auquel ils ont vaincu le sort et accédé au statut de citoyens remarquables et distingués. C’est avec beaucoup d’humour que certains intervenants revivent leur passé fait de frustrations et de souffrances. Ils subliment ainsi la douleur en anecdotes drôles et édifiantes, en belle et tendre poésie, en charmantes mélodies entraînantes. Aujourd’hui, chacun de tous ces non-voyants brille à sa manière dans son domaine respectif. Ils s’illustrent tous en dehors de leurs professions en déployant de nombreux talents artistiques, littéraires, scientifiques et autres.
Badreddine BEN HENDA