En ces temps de grande déroute des sociétés arabes et du constat évident de l’invalidité de la notion de « monde arabe », on ne peut que déplorer encore une fois, dans une impuissance frustrante et annihilante, le triste sort du Liban. Le Liban de longue Histoire se voit de nouveau dans le triste sort que lui imposent des stratèges de lourdes tragédies, depuis le milieu des années 70 du XXe siècle.
Aujourd’hui, sur un fond de ce qu’il convient d’appeler « une vraie farce », nous sommes secoués par une image tragi-comique du « monde arabe », déchiré par ses conflits internes, ses animosités périlleuses, ses divisions ridicules, ses idéologies improductives. Finalement, c’est peut-être à cela surtout qu’aura servi l’épreuve de la Guerre de Gaza, qui aura duré une année dans quelques jours. Le bras de fer entre Israël et le Hamas aura été la preuve, s’il en fallait, que le Hamas est si peu soutenu et que son vis-à-vis militaire l’est fortement, malgré toutes les hypocrisies de certaines déclarations politiques qui ne font que se rire autrement de la gueule des représentants de l’arabité dans ce conflit à plusieurs facettes de conduite des conflits armés.
Aujourd’hui, samedi 28 septembre 2024, Hassen Nasrallah est tué par une attaque israélienne, comme Ismaïl Haniyeh il y a tout juste neuf semaines, et cela a suscité la douloureuse désolation des siens, la satisfaction festive de ses ennemis et la méditation détachée ou soupçonneuse des autres. En effet, il y a bien lieu de se demander pourquoi le petit État d’Israël est si profondément infiltré dans les systèmes sécuritaires du monde arabe, si bien qu’il réussit presque tous ses coups destructeurs et meurtriers, et pourquoi le « Grand Monde Arabe » ne réussit rien de ces stratégies militaires, ou alors rarement, comme si une réussite épisodique et de peu d’effet lui était concédée par un tiers, juste pour mieux conduire le jeu occulte de la domination internationale. Peut-être faut-il une fois pour toute faire du conflit arabo-israélien ce qu’il est vraiment et ce qu’il doit paraître à tout le monde, un juste conflit israélo-palestinien : entre Israël et La Palestine, deux États devant être pareillement considérés, à tous les niveaux, avec les mêmes droits et les mêmes pouvoirs. Après, chaque État est libre de se définir et de se positionner par rapport à chacun des deux belligérants, en toute liberté et en toute responsabilité. Faute d’une telle considération des choses, la cause palestinienne, une cause on ne peut plus juste d’un peuple privé des conditions de son humanité et de sa dignité, se verra toujours monnayée au plus offrant, par les uns et par les autres, ou cyniquement exploitée pour la manipulation idéologique par tous genres de politiciens.
Mais à chaque fois que ça chauffe dans la région, il y a un dindon de la farce qui est porté sur l’autel du sacrifice, l’État libanais. C’est sur lui que tous les malheurs s’abattent, c’est lui qui paie la facture la plus salée… La plus sale ! Pourquoi ? À mon humble avis, comme je l’ai dit plus d’une fois, tout simplement parce qu’il a un jour offert au monde l’exemple d’un État capable de réussir une démocratie ouverte à toutes les différences, minoritaires ou majoritaires, ethniques ou confessionnelles, etc. Or ce modèle est en tous points le contre-exemple de l’État d’Israël. Et c’est tout dire…