Balti enflamme Hammamet : entre ferveur populaire et conscience engagée
Le 4 août 2025, sous le ciel étoilé de Hammamet, Balti a offert à l’amphithéâtre un moment suspendu dans le temps. Plus qu’un concert, ce fut une célébration, un cri du cœur, une communion entre un artiste et un public qui lui ressemble.
Dès son apparition sur scène, précédée d’un DJ set vibrant et d’un mapping visuel sur fond de drapeau palestinien, le ton était donné : l’émotion allait côtoyer l’engagement. Et Balti n’a pas failli. Il a livré un concert à son image, dense, humain, viscéral. Ses chansons ont résonné avec force, portées par des paroles chargées de sens et une intensité rare. Son hommage à la Palestine, profond et sincère, a bouleversé la foule : un moment suspendu, où la musique devient prière, où le verbe devient résistance.
Le public, de tous âges, connaissait chaque mot, chaque souffle. Car Balti chante pour eux, avec eux. Il incarne cette génération qui doute, qui rêve, qui lutte. Il leur parle d’exil, de solitude, de famille, d’appartenance, de femmes fortes, de mères silencieuses, de quartiers oubliés. Mais aussi de lumière, d’espoir, de dignité.
Sa philosophie du rap est celle d’un art qui dérange, qui questionne, qui secoue. Une forme de révolte douce, où la parole devient outil de libération. Balti ne joue pas un rôle : il vit ses textes, il les offre à son public sans filtre, sans artifice. C’est ce qui le rend si proche, si vrai.
Autour de Balti, une jeune troupe complice et vibrante a su insuffler une énergie unique à la scène. Entre professionnalisme et spontanéité, elle a construit une écriture scénique et chorégraphique vivante, traduisant les paroles du rappeur en mouvements, regards et silences. Chaque chanson devenait ainsi un tableau incarné, où les corps parlaient autant que les mots. Les costumes, choisis avec une intelligence visuelle, participaient à cette narration scénique : entre streetwear stylisé et clins d’œil à l’identité tunisienne, ils enrichissaient le sens et ouvraient des lectures symboliques multiples. C’est une véritable dramaturgie visuelle qui s’est jouée sur scène, révélant la profondeur émotionnelle des morceaux à travers une mise en scène soignée et immersive.
Mais au-delà de sa propre gloire, Balti regarde vers l’avenir. Il a tenu à inviter sur scène deux jeunes artistes, les encourageant devant le public à croire en leur talent. Geste fort, porteur de sens. Pour lui, transmettre l’art est une nécessité. L’expérience ne vaut que si elle est partagée, transmise. Le flambeau doit passer.
Cette nuit-là, Hammamet n’a pas simplement vu un artiste à succès. Elle a vu un homme debout, une voix singulière, un cœur grand ouvert. Balti a prouvé, une fois de plus, que le rap peut être une poésie de la rue, une philosophie de la tendresse, une arme de fraternité.
Rim Khalifa
Hammamet 05/Août/ 2025