« Digitalisation et humanisation du numérique » est le titre d’un colloque ayant eu lieu le 8 décembre 2022 à Tunis, parrainé par l’Université Tunis El Manar (UTM) et piloté par l’association « Questions et Concepts d’Avenir » (QCA) en partenariat avec l’Université de Monastir (UM) et le Centre d’études et de recherches économiques et sociales (CERES). D’illustres noms ont meublé les travaux de cette rencontre: Pr Moez Chafra (Président de l’UTM), Pr. Youssef Ben Othman (DG du CERES), Pr. Sadok Hammami et M. Mohazmed Maamri (chercheurs spécialisés en matière de web et de communication), M. Tahar Ben Ghedifa (Enseignant et créateur en matière de cinéma et d’audio-visuel), Mme Nadia Hebaz (Enseignante et chercheure en pédagogie)…
Au-delà de la réussite de cette rencontre, déjà annoncée ici même à la fin de septembre dernier, et des perspectives d’actions qu’elle a ouvertes, au moins pour trois rendez-vous en 2023, il y a bien lieu d’admettre que la digitalisation est inévitable, et qu’elle est en passe de transformer notre vie et notre être le plus profond de façon à annoncer un monde nouveau et de nouvelles dynamiques de gestion de la vie sociétale.
Aussi ingénieuses que puissent être nos spéculations sur notre monde en devenir et nos conjectures sur l’avenir qui se prépare, nous ne saurions en être assurés tellement l’Intelligence Artificielle (IA) a tendance à surprendre l’intelligence humaine qui l’a pourtant inventée. C’est dire que l’homme n’est pas certain de garder sa maîtrise de ce qu’il crée ou invente ; pire même, il risque même d’en devenir l’esclave ou l’objet.
C’est dire aussi combien, malgré tout, il est urgent pour chacun de se mettre à l’apprentissage de la digitalisation et d’en maîtriser les commandes et les mécanismes, sinon il finira en marge de tout, incapable même de rêver d’une île déserte qui l’accueillerait en nouveau Crusoé, « seul au monde ». Apprendre et maîtriser pour ne pas se laisser maîtriser, n’est-ce pas là le propre de la nature humaine et la spécificité de l’être humain sur le reste des créatures ? Au moins pour ce qu’il en sait ! On comprend alors l’intérêt central de ce colloque, résidant plus dans le mot « humanisation » que dans le reste de la phrase, étant entendu que l’humanisation ne se confond pas avec « les humanités » qui, malgré leur importance en tant que matières enseignées, pourraient rester en-deçà de l’humain et de l’humanisation de la société, si elles ne marient pas l’éthique à l’intelligence, dans le foyer de la connaissance.
Cela est vrai pour l’intelligence humaine, mais cela est peut-être tout aussi vrai pour l’intelligence artificielle, car à la fin, c’est toujours l’homme qui établit les règles et c’est sa défaillance à l’éthique qui en ferait l’esclave du numérique, tout comme elle en avait fait, parfois, l’esclave de la technique et de la technologie. Dès lors, l’humanisation du numérique passe d’abord par l’humanisation de l’homme lui-même, par l’affinement de sa conscience à l’humanisme qui couve en son fond et qui nécessite un entretien régulier et un suivi d’adaptation pour se refaire régulièrement en un « nouvel humanisme » dur à manipuler et solidement ancré dans ses valeurs éternelles et universelles.
On comprend alors pourquoi le colloque du 8 décembre a centré la réflexion sur trois axes : La digitalisation et la socio-économie ; la digitalisation et l’enseignement ; l’humanisation du numérique. Ce sont d’ailleurs ces trois volets qu’il est promis d’étudier plus profondément dans les trois journées annoncées pour 2023, au CERES, à l’Université de Monastir (ISL-Moknine) et à l’Université de Tunis El Manar (ISSH-Tunis). Cela est d’autant plus heureux que le président de l’UTM, Pr. Moez Chafra, a annoncé un projet très important et à grand budget que son université conduira avec et pour ses enseignants-chercheurs et ses étudiants, mais aussi avec et pour ses partenaires, institutionnels ou de la société civile.