Le succès est moins un état qu’un processus. Ce processus est d’abord linguistique, voire lexical. Le mot “succès” a commencé par désigner un “résultat favorable ou défavorable d’une entreprise , d’un événement ou d’une situation.” Ses principaux synonymes sont “issue” et “fortune”, comme dans “succès funeste”, “heureux succès”. Ce mot a ensuite désigné “avantage, issue favorable”. Il s’emploie à propos d’une personne pour désigner le fait d’aboutir au résultat escompté, d’atteindre le but recherché”. Le succès peut, à cet effet, être qualifié de beau, brillant, prompt, réel, vif… On espère l’obtenir et le remporter. Il décuple l’énergie et exalte l’enthousiasme de la résilience ; la patience et la persévérance en sont les premiers éléments. Pensons et imaginons le succès, et nous réussissons. Le succès suit la réussite et annonce la gloire. La réussite peut durer, mais elle finit, le plus souvent, par s’effondrer; le succès, lui, est accueilli avec les honneurs: il dépend de l’approbation des gens, et peut rester longtemps dans leur mémoire.
Le mot “succès” peut, du point de vue logique et sémantique, être mis en rapport avec le nom “issue” et le verbe “succéder” . L’issue “est la manière dont on peut sortir d’un affaire, la manière dont une une chose arrive à son terme.” Elle se rattache à l’idée d'”ouverture offrant la possibilité de sortir d’un lieu”, d’où la locution prépositive “à l’issue de”, au sens de “sortant de , à la fin”. Le succès est, quant à lui, “l’action de pénétrer dans un lieu”. Le mouvement de l’issue est centrifuge, celui du succès est centripète.
Les succès est donc un processus, puisqu’on peut aller, marcher, voler de succès en succès. Tandis que que certains volent de succès en succès, d’autre vont de Charybde en Scylla. Ceux-là respirent le bonheur, ceux-ci tombent la tête la première dans la fange de la vilenie, de l’opprobre et de l’ignominie. Laids et horribles, les pauvres ! Fi donc ! Leur mal est incurable. Laissons-les et revenons à l’essentiel, au succès, à cette marque d’intérêt et de distinction. Le succès peut mener au renom, à la célébrité, au triomphe, à la gloire.
“J’ai éprouvé que quand un homme a du succès, les jaloux sont les plus fervents à le féliciter; ainsi la bassesse de la jalousie se trahit toujours soit par la réserve dépitée, soit par les empressements serviles.” (Sully Prudhomme, Journal intime). Les félicitations sincères émanent du cœur et vont droit au cœur.
Pour ce qui nous concerne, nous poursuivons, imperturbable, notre petit bonhomme de chemin. d’espoir en espoir, de poème en poème, de beauté en beauté et de succès en succès… “Ce qui fait la nuit en nous peut laisser en nous des étoiles.” (V.Hugo) Le reste? Vanité, puisque notre bonheur est inouï…