Nous voici de nouveau à l’épreuve de l’éternel retour à la guerre pour échanger de la question palestinienne ! Les mots et les discours à ce propos semblent ne plus avoir de sens ni d’effet ; on en use juste pour se manifester, à l’occasion, dans un besoin, ferme ou circonstanciel, de s’aligner sur une position ou sur une autre, quitte à changer cette position, plus ou moins nettement, en fonction de l’évolution des choses et du rapport de force.
D’un côté comme de l’autre des acteurs de la guerre, tout semble se décider en fonction d’alignements géostratégiques et d’idées, de positions et d’intérêts. C’est à donner raison à l’idée souvent développée que la guerre mondiale n’a jamais cessé et qu’elle ne fait que se manifester successivement dans des lieux géographiques prédisposés à l’accueillir pour y perdre ce qu’ils peuvent au profit de leurs maîtres ou leurs commanditaires. Et dans cette géostratégie de la guerre incessante, la cause palestinienne semble jouer le rôle de la bonne à tout faire : chaque fois qu’une partie influente ou une autre a besoin de revoir la redistribution des cartes ou de refaire parade de ses moyens belliqueux, la guerre palestinienne est suscitée ou provoquée comme prétexte pour exécuter les plans à exécuter – sordidement puisque toujours au détriment des pauvres citoyens qui n’ont rien à voir et qui parfois ne maîtrisent pas le mécanisme des pouvoirs en présence.
J’avoue que ce spectacle de notre monde a tout pour nous le rendre exécrable ! Il nous dissuade de tout brin de confiance à avoir dans les gouvernants et les décideurs des sorts des pauvres gens ; il nous pousse à nous demander si l’expression « valeurs d’humanité » est vraiment idoine pour nous désigner, sauf peut-être par ironie ou par antiphrase.
J’entends partout les Grands de ce monde crier, à l’occasion de ce nouvel épisode de la guerre israélo-palestinienne, qu’Israël a le droit de se défendre ! A la bonne heure et personne n’a rien contre le principe de l’autodéfense devant une attaque ou un danger. Mais le peuple palestinien, indépendamment de qui le dirige, n’a-t-il pas le droit d’exister et de vivre sur sa terre natale en toute liberté et en toute responsabilité de son destin ? Pourquoi crie-t-on au scandale au moindre mal supposé pouvoir atteindre un Israélien et ferme-t-on les yeux aux douleurs et à la misère chronique des pauvres Palestiniens ? Quels jeux nous réservent les Grands de ce monde dans les parties de cartes qu’ils jouent entre eux pour des enjeux qui nous dépassent ou qui nous ignorent quand il y a un profit à tirer ?
Autant dire que le Moyen-Orient est désormais adopté comme le terrain propice aux compétitions les plus violentes, au propre et au figuré, et les plus appropriées aux mises de ces compétitions où il y a plus à prendre qu’à y laisser.
Voilà bien un siècle passé dans l’ignominie des relations internationales, un siècle dont l’humanité ne semble vouloir tirer aucune leçon d’intégrité. Indépendamment des conditions qui ont présidé à la création de l’État d’Israël comme un produit d’une nouvelle distribution des rôles, l’État de Palestine, même non encore unanimement reconnu, est dans son droit incontestable. Pourquoi ne l’aide-t-on pas à se réinstaller dans sa légitimité et son interaction internationales ? Le Liban, à côté, donnait l’exemple parfait d’un état vivant paisiblement et démocratiquement son ethnicité plurielle et ses confessions variées ; il a donc fallu le détruire pour donner la preuve que ce modèle sociétal est impensable et qu’un État palestinien de ce genre est inconcevable. Et de guerre en guerre, on en est arrivé à la solution des deux États ! Pourquoi alors fait-on tout au profit de l’un et prive-t-on l’autre, parfois juste du soutien moral à même de l’aider à continuer sa lutte pour exister ?
Honnêtes citoyens du monde, réveillez-vous et cherchez dans votre conscience la moindre petite lumière capable de briller encore au nom de l’humanité !