Il est des fléaux humains qui sont pires que les fléaux naturels. En effet, si ceux-ci surviennent en dehors et contre la volonté humaine, ceux-là sont une œuvre des êtres humains motivés par des sentiments vénéneux et par des idées obscurantistes qui poussent parfois à se demander si l’homme vit pour faire valoir son humanité ou pour la bafouer et en faire une ordure de la Création.
Aujourd’hui, dans notre pays surtout, nous sommes confrontés aux deux natures des fléaux. Il y a certes l’insaisissable covid 19, ses ravages et ses mauvaises surprises qui nous sortent d’un moment à l’autre des formes mutées, des formes régulièrement mutantes, exaspérant notre lutte et affaiblissant nos moyens. Mais ce(tte) covid ne fait que raviver, chez les esprits saints, l’acharnement à lutter contre l’absurde pour donner sens à la vie. Plusieurs valeurs trouvent alors leurs lumières dans le labeur ininterrompu pour revaloriser la vie, au sommet même de la conscience du non-sens. Une proximité affective se développe avec plus de douceur et de générosité ; une solidarité respectueuse s’étend contre les catégorisations hasardeuses des personnes et des groupes de personnes ; la conscience du vivre-ensemble reprend ainsi tout son sens, tout son bon sens.
Cependant, en face de la pandémie, tous les jours ou presque, notre paysage politique nous jette à la figure la face horrible de notre humanité présumée et cela nous vient de ceux qui sont censés présider à notre destin, ceux qui ont été élus pour commander notre sort ! Il y a dix ans, un séisme social fort explicable a été récupéré, comme toujours dans l’Histoire, par des groupuscules ayant fait le choix du professionnalisme pernicieusement politicard, différemment inspiré ou manipulé. N’empêche que le peuple en déroute s’est laissé séduire par leurs promesses caressantes, oubliant dans l’enthousiasme de l’instant son esprit critique et sa vigilance citoyenne.
Aujourd’hui, après dix ans d’agitation farcesque habillée de sentences rhétoriques esquissant des châteaux en Espagne, voici que la réalité politique du pays est devenue beaucoup trop vulgaire, beaucoup trop sauvage, pour laisser croire à une quelconque promesse de réparation de la société politique et d’amélioration des conditions sociales et civilisationnelles de la société nationale. Où que regarde le citoyen, il ne voit que des inconscients livrés à des batailles de la rue comme des enfants ayant trop tôt perdu leur innocence naturelle ; il ne voit que des bandits de toutes sortes de mafia livrés à des batailles à mort pour des intérêts égoïstes et égocentriques : du plus haut du tableau, jusqu’au plus bas de l’échelle !
Devant tout cela, le peuple semblait ne pas perdre espoir et continuer de croire en quelques résidus des valeurs humaines ; mais le rideau s’est levé et les masques sont à terre depuis que dans la Chambre des Lois, apparemment sans esprit des lois, ont été diffusées des images de la sauvagerie de nos députés et de leur extrême bassesse éthique, en plus de leur inculture politique.
Ce qui s’est passé dernièrement à l’ARP, l’agression d’une députée par un innommable « collègue », est exaspérant, est révoltant, est intolérable. Il ne s’agit plus de défendre une présidente de parti politique et de groupe parlementaire, car sur ce plan, on peut ne pas être de son côté, mais la prétendue démocratie qui nous tente nous impose de la contrer – politiquement et non physiquement, toujours dans le respect – par des arguments rationnels et des actions concluantes. Sinon, on est en plein dans le terrorisme dont tout le monde se plaint mais dont on fait le plein par un machiavélisme politique sans vergogne. Ce serait le cas pour elle comme pour tout autre groupement ou structure politique observant les règles d’une société en démocratisation. Il s’agit donc, dans l’acte du 30 juin 2021, d’un acte de trahison de notre histoire, de notre culture civile, de notre éthique humaniste et, disons-le clairement, de l’esprit rationnel de notre culte islamique tel que perçu par les intelligences éclairées.
Le reste du détail n’est que littérature. La conclusion est seulement qu’aujourd’hui plus que jamais, en Tunisie, il y a bel et bien péril en la demeure. A bon entendeur, salut !