Le dimanche 19 Juin 2022 est une journée à marquer avec de l’encre indélébile.
Tout d’abord, les français ont encore marqué leur total désintérêt pour ce 2ème tour des élections législatives. Cette désertion des urnes est marquée par un taux d’abstention de 52,41 %. C’est terrible. Mons d’un français sur deux s’est déplacé pour voter. Ce divorce entre la population et la vie politique et démocratique est, à peine, évoqué par les différents acteurs et responsables politiques. Ce clivage va en se radicalisant. Les français le disent haut et fort, à tort ou à raison, « Ils ont de moins en moins confiance dans leur classe politique ». Mais pourquoi ? Certes beaucoup de citoyens se sentent abandonnés, Ils ne comprennent plus rien à leur élite politique. Il ne s’agit pas seulement de citoyens des quartiers ghettos et des gens exclus. La sociologie des abstentionnistes montre que le phénomène traverse pratiquement toutes les catégories sociales. Pourquoi. ? Pour le savoir, ne demandez surtout pas aux politiciens. Ils ont d’autres chats à fouetter.
L’autre fait majeur de ce deuxième tour de ces élections législatives c’est l’échec du président actuel à obtenir une majorité absolue lui permettant d’appliquer ces promesses et son programme annoncés pendant les 2 rounds des présidentielles. Jupiter pendant la législature précédente mais redevenu simple humain et affaibli aujourd’hui.
Là encore les français ont désavoué la majorité présidentielle et ont refusé de lui accorder leur totale confiance. Ils ont voulu signifier que désormais le pouvoir ne doit plus rester entre les mains d’un seul homme et d’un seul parti. On a donc un président affaibli, avec une majorité relative qui devrait composer et chercher des compromis avec d’autres composantes politiques.
Mais le plus grave dans cette affaire est la percée de l’extrême droite avec 89 sièges obtenus à l’Assemblée Nationale c’est du jamais vu sous la 5ème République. Donc les digues démocratiques, censées contenir les idéologies anachroniques et obscurantistes, les fascistes de tout poil, les chantres de la haine et de l’exclusion, ont toutes cédé.
Face à cet état de décomposition avancée de la vie politique, on peut observer une petite embellie incarnée par une victoire politique de la gauche qui a su se rassembler. C’est le résultat d’un savoir-faire politique et d’une volonté de sortir du nombrilisme néfaste et faire des choses en commun. Les accords entre les différents partis de la gauche française ont accouché d’un OPNI* qu’a été la naissance de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale Cette coalition a tenu toutes ses promesses. Le nombre de sièges pour la NUPE a réussi à obtenir 137 sièges alors qu’en 2017 toute la gauche, tous partis confondus, réunissait à peine 60 sièges
Cette unité entre les insoumis, les écologistes, les socialistes et les communistes tiendra-t-elle ? Hier, quelques fissures se sont fait voir entre les différentes composantes de cette gauche victorieuse et peut être surprise de son propre succès. Le débat est le suivant : Faut-il oui ou non former un groupe parlementaire uni rassemblant tous les partis ou au contraire laisser la liberté à chaque parti de former son propre groupe à l’Assemblée Nationale ?
On va attendre et voir.
N’empêche que nous assistons bel et bien à un paysage politique fracturé, trop fragmenté et traversé par toute sorte d’instabilité, où les légitimités naturelles d’hier ne sont plus à l’ordre du jour. Est-ce que tout cela sera gérable ou se dirige-t-on vers des blocages politiques et des enchères politiciennes ? Une vie politique où les coups de théâtre, les psychodrames, les dissolutions de gouvernement ou d’Assemblée seront monnaies courantes comme au bon vieux temps des 3ème et 4ème Républiques.
Aux dernières nouvelles, notre Président penserait à un gouvernement d’Union Nationale. Ah bon !!!
*OPNI : Objet Politique Non Identifié.