Je me souviens avoir lu, récemment, un statut ou un commentaire d’un ami soulignant l’attitude harassante et désormais ridicule de certaines figures politiques nationales et de leurs partis. Il s’agit de ceux-là qui, en temps de crise, résultat de leur incompétence ou de leur inconscience à conduire les urgences de notre pays et de son peuple, cherchent à camoufler leur faiblesse ou leur défaillance par un discours répétitif et anachronique de rejet de la responsabilité sur les épaules de Bourguiba et Ben Ali.
Je me souviens également avoir écrit quelque chose du genre, quelque temps après janvier 2011, pour souligner qu’une telle attitude ne saurait constituer la voie idoine vers l’édification d’une société unifiée autour d’une noble et nécessaire entreprise de redressement politique en faveur de la démocratisation et de révision rationalisée du développement socio-économique de façon à en préserver les acquis et à en corriger les mauvais choix. J’avais écrit alors que cela ne saurait se faire à coup de démagogie creuse, dégageant un écho assourdissant mais n’offrant aucun confort pour un meilleur bien-être.
Nous voici donc de nouveau comme devant un feuilleton de télévision, plusieurs fois rediffusé jusqu’au ras-le-bol, ou devant cette chansonnette qui ne séduit plus, faute d’authenticité et de crédibilité, et qui ne fait qu’attirer le ridicule ou la pitié sur la voix solitaire qui se tue à en exprimer l’ardeur supposée et la ferveur hypothétique. Il ne s’agit évidemment pas ici de défendre Bourguiba ni Ben Ali, l’Histoire seule dira, quand il le faudra, et retiendra alors leurs réussites et leurs erreurs respectives. Cela me rappelle aussi une réponse de feu Habib Boularès, un vrai homme de culture dont la politique n’a pas affecté l’intégrité, à Insaf Yahyaoui qui lui demandait, juste après le changement de janvier 2011, comment il jugerait Ben Ali : « Ce n’est pas moi, répondit-il, qui jugerais Ben Ali, c’est l’Histoire qui lui reconnaîtra ses mérites et qui critiquera ses erreurs ».
Nous voici donc devant des courants politiques prêts à tout, même à vendre le pays ou à détruire son Etat, pour se maintenir dans le paysage politique, la complicité de certains médias aidant. Comme ils n’ont plus quoi dépenser dans leur tiroir intellectuel et politique, ils se rabattent de nouveau sur le premier demi-siècle de la Tunisie indépendante pour en dénigrer les réalisations incontestables. Même l’éducation, la santé et l’émancipation des catégories sociales diminuées physiquement ou socialement, pourtant internationalement reconnues comme relevant d’une exception tunisienne, sont jugées obsolètes. Rien ne leur semble devoir rester de cette Tunisie que la répression, forcément condamnable, de certains opposants dont on semble nous dire qu’il faudra soit nier les crimes attestés, soit les justifier !
De grâce, ce n’est pas de tels discours ni de telles attitudes maladives que la Tunisie a besoin aujourd’hui ! Encore moins de vos tiraillements politiques stériles, faisant l’effet d’une farce tragi-comique. Notre pays a besoin de tout son peuple, et surtout de toutes ses compétences, tous fédérés autour et pour un plan unanimement convenu de redressement de la situation économique et de relance de la création des richesses et de l’application au travail. S’il faut une quelconque réorganisation pour la conduite et la gestion de ce plan, qu’elle se fasse vite et loin des petits calculs de politicards en perte de vitesse.
Sachons surtout que cela ne saurait se faire sans une participation effective (et non fictive) de la société civile dont on semble chercher à neutraliser les structures intellectuelles et culturelles qui ne voudraient pas s’aligner politiquement sur un quelconque parti-pris ni subir passivement la démagogie de parties influentes.
(Publié aussi par jawharafm.net)