Université de Kairouan
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Kairouan
Département de français
Colloque national interdisciplinaire
« La licence de français, état des lieux et perspectives »
Kairouan les 26,27 et 28 octobre2022
Argumentaire
Le Département de français de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de
Kairouan envisage d’organiser, en partenariat avec la Commission Nationale Sectorielle de
français, un colloque national interdisciplinaire où seront convoqués tous les départements de
français de la Tunisie. Il sera question du statut à la fois institutionnel et épistémologique des
enseignements de la licence en langue, littérature et civilisation françaises dans le contexte
tunisien ainsi que des difficultés énormes que connait l’enseignement du français au niveau
des formations ainsi qu’au niveau des débouchés, -ce qui menace l’existence même desdits
départements. A cela s’ajoute l’absentéisme des étudiants et leur démotivation en partie liés à
la fragilité des prérequis langagiers et à la difficulté de maitriser les compétences linguistiques
et culturelles nécessaires,- à l’écrit comme à l’oral.
Selon l’actuelle maquette de la licence de français en Tunisie, il est question d’une
formation organisée en unités d’enseignement fondamentales centrées sur la langue, la
littérature et la civilisation françaises, en unités transversales et en unités optionnelles.
Enseignement de la littérature
Concernant la littérature, les licences en cours présentent un programme et des approches
variés de l’enseignement de ce module fondamental. Au niveau des contenus : le choix des
siècles, des courants littéraires, des auteurs et des œuvres est très hétérogène vu que chaque
département choisit ce qui l’intéresse de manière très autonome. Sur le plan méthodologique
et didactique, les approches semblent proches, mais l’hiatus entre les performances ciblées et
les compétences réelles est grand.
La réflexion sur l’enseignement de la littérature à l’université est d’autant plus
importante surtout qu’on assiste aujourd’hui à la baisse des effectifs dans les départements de
français, à la baisse du niveau (les notes de français au bac en témoignent) et la
professionnalisation des formations universitaires. Pour mieux repenser l’enseignement de la
littérature et les nombreuses difficultés qu’il implique, nous proposons une reconsidération
commune des fondamentaux de l’enseignement littéraire du français à partir d’une
interrogation incontournable sur le statut problématique du français en Tunisie (langue
étrangère privilégiée au secondaire, langue seconde au supérieur ?), ses finalités et sa mise en
pratique. Entre le désir de revenir aux littératures médiévales et classiques et à l’école
humaniste ou la nécessité de propulser l’homme dans le Savoir et la technologie au nom de ce
qu’on appelle la cyberculture en privilégiant l’anglais aux dépens du français et sa culture,
y’a-t-il d’autres issues possibles ?
Quels moyens, méthodes, dispositifs et jargons techniques à mettre en place pour redonner du
sens à la littérature et à son enseignement ?
Quelles littératures pour quels apprenants ? Qu’est-ce qu’on attend de la littérature française
ou francophone ?
A quoi peut servir l’enseignement de la littérature française dans le contexte actuel tunisien
(la question des valeurs et de la citoyenneté à méditer) ?
Quel est le profil de l’étudiant qu’on cherche à former ? de simples enseignants ou chercheurs
ou inventer de nouvelles « formations professionnalisantes » (spécialistes de la
communication orale et/ou écrite, experts dans le domaine du livre… ?)
Enseignement de la civilisation
Quant au module de civilisation, les descriptions des enseignements consultées soulignent
l’intérêt de l’enseignement de la civilisation et son aspect déterminant dans la formation en
licence, sans pour autant dire comment faire pour donner à cet enseignement tout à la fois un
contenu didactisable , une épaisseur intellectuelle et, par extrapolation, un statut institutionnel
et épistémologique clair. L’enseignement de la civilisation tel qu’il se présente à travers les
programmes en cours dans les différents départements de français est marqué par un
métissage disciplinaire où l’on trouve à la fois la littérature, les arts, l’Histoire politique,
l’Histoire sociale, l’Histoire des mentalités, l’Histoire des idées, les questions de société (mai
1968, féminisme, société de consommation, minorités sexuelles, diversité, temps de travail,
etc.). Il est souhaitable que le caractère pluridisciplinaire de cet enseignement soit interrogé et
discuté sur des bases scientifiques et fondées. D’une manière générale la définition de l’objet
de l’enseignement de la civilisation et de ses méthodes reste à inventer. L’expression «
question de civilisation » n’est-elle pas trop vague ? Le volume horaire amputé ne porte-t-il
pas préjudice à l’enseignement de la civilisation ? Quels sont les présupposés idéologiques
explicites ou implicites de l’enseignement de la civilisation française ? L’enseignement de la
civilisation ne serait-il pas qu’un ampliatif de l’enseignement de l’Histoire littéraire?
L’enseignement de la civilisation tel qu’il est conçu ne favorise-t-il pas le bachotage?
Enseignement de la langue
Pour partir sur de bonnes bases dans notre réflexion sur l’enseignement de «langue » en
licence fondamentale de français, il est utile de rappeler que son objectif général est de «
pratiquer la langue dans des situations variées et de savoir décrire son fonctionnement ».
L’étudiant est amené à développer et à réinvestir des capacités : – de compréhension et de
production aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, – d’interaction et de communication dans des
contextes variés pour se préparer aux activités professionnelles relatives à sa formation. Pour
chacun des modules de langue (syntaxe, compréhension et production orales/ écrites,
initiation à la linguistique, sémantique, analyse du discours et stylistique), l’enseignant se fixe
des objectifs spécifiques à chaque activité envisagée.
Parmi les résultats attendus de cette formation diplômante, le titulaire d’une licence
fondamentale de français doit être en mesure de : « connaître le fonctionnement de la langue
française aux niveaux morphosyntaxique et lexico-sémantique, faire l’analyse des différents
types de discours, apprécier l’art de la rhétorique et de l’argumentation ». L’étudiant devra
être capable de : « produire des études critiques écrites dans différentes perspectives
(synthèse, commentaire, dissertation et étude stylistique), avoir une connaissance raisonnée du
système de la langue française et savoir la mettre en application, avoir une perception des
niveaux de langue et savoir les utiliser de manière appropriée, utiliser le vocabulaire
spécifique à un champ professionnel, produire des textes à visées professionnelles, planifier
son parcours professionnel, participer au développement de son domaine de spécialité,
identifier et saisir les opportunités qui s’offrent à lui sur le plan professionnel, s’ouvrir sur son
environnement social ». Au niveau du « savoir être », l’apprenant en licence de français est
censé « avoir un esprit critique, être ouvert sur d’autres domaines de la connaissance ». Il
devrait être capable de s’adapter aux diverses situations de communication et de s’engager
dans le renouvellement des méthodes d’apprentissage dans son domaine de spécialité. Il sera
capable d’assumer des responsabilités dans son milieu professionnel, de développer le travail
en équipe et de faire preuve d’esprit citoyen dans tous les domaines en respectant l’éthique du
métier. Or, le constat général partagé par tous les enseignants est que ces objectifs généraux et
spécifiques ne sont pas atteints, et ce pour tous les niveaux confondus. Les raisons sont
multiples et ce colloque devrait permettre de faire un véritable état des lieux, de mieux
comprendre les causes et les conséquences de cet « échec » et, surtout, de réfléchir sur les
solutions possibles. Quelles sont les principales causes de « l’échec » de l’apprenant en
licence de français ? Comment faire pour que la théorie et la pratique de la langue soient au
service des objectifs et des résultats attendus de cette formation diplômante ? Dans quelle
mesure les enseignements d’une année à l’autre répondent-ils à une véritable continuité
pédagogique et scientifique ? Les divers intitulés des U.E. et des modules, parfois très
généraux et vagues (par exemple : « activités pratiques »), seraient-ils à revoir ? L’évaluation
« positive » dans l’enseignement de la langue en licence de français : difficultés et solutions ?
Quelles sont les insuffisances au niveau de l’enseignement de l’oral et de l’écrit :
compréhension et production (diagnostic et remèdes) ? Quels sont les outils adéquats et
quelles sont les méthodes innovatrices pour ces enseignements ? Quels sont les enjeux et les
défis pour que l’enseignement de la langue réponde aux exigences du marché de l’emploi ? Et
quelles sont les solutions préconisées pour que le futur diplômé réussisse à s’insérer
professionnellement ? Réflexion sur le statut de la langue en Tunisie : quels sont les enjeux de
la politique linguistique en Tunisie ?
Le colloque, qui a pour Titre : « La Licence de français, état des lieux et perspectives » et
qui se tiendra les 26, 27 et 28 octobre 2022 à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
de Kairouan sera l’occasion pour écouter les hommes de spécialité, les enseignants du
français, les experts en didactique du français, les directeurs des départements. Les résultats
et les constats de ce colloque serviront à installer une nouvelle licence nationale de français
avec un esprit nouveau qui tient compte des attentes de l’étudiant et de l’enseignant.
Bibliograhie :
-ABBASSI, DRISS. 2009. Quand la Tunisie s'invente: entre Orient et Occident, des
imaginaires politiques. Paris. 157 pages.
-ALBERTINI, EUGENE (dir.). 1955. L'Afrique du Nord française dans l'histoire. Lyon :
Archat. 375 pages.
-BACCOUCHE, TAIEB & MEJRI, SALAH. 2004. L'Atlas linguistique de Tunisie : les
questionnaires. Tunis, Paris : Ambassade de France en Tunisie, Maisonneuve et Larose. 103
pages.
-BARTHES (R.) « Littérature/enseignement ». Œuvres complètes, t. 4, p. 879-886. Paris : Éd.
du Seuil, 2002.
-BOUKHARI A., 2006/3, « La réforme de l’enseignement du Français en Tunisie : enjeux et
difficultés », Le Français aujourd’hui : former au français dans le Maghreb, n o 154, Paris, Armand
Colin, p. 35-41.
-BOURDIEU (P.), « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, n°22, p.49-
126 , 1971.
-DUBOIS (J.), L’Institution de la littérature, Paris/Bruxelles, Fernand Nathan/Éditions Labor,
1978.
-FONCIN, PIERRE. 1900. La langue française dans le monde. Paris : Alliance Française.
299 pages
-GARMADI-LE CLOIREC, JULIETTE. 1970. « L'interférence grammaticale ». Revue
tunisienne des sciences sociales, 22. 203-218.
-GARMADI-LE CLOIREC, JULIETTE. 1977. « Remarques sur la syntaxe du français de
Tunisie ». Langue française 35. 86-91.
-GRANDGUILLAUME G., 1995, Arabisation et politique linguistique au Maghreb, Paris,
Maisonneuve et Larose.
-HAMMAMI M. et DUTREY J.-F., 2006/3, « L’enseignement du Français en Tunisie : un
programme ambitieux de rénovation et de soutien », Le Français aujourd’hui : former au
français dans le Maghreb, n o 154, Paris, Armand Colin, p. 67-74.
-NAFFATI H., 2000, Le français en Tunisie : étude sociolinguistique et lexicale, thèse de
doctorat, université de Provence.
-VELTCHEFF C, 2006/3, « Le français en Tunisie : une langue vivante ou une langue
morte ? », Le Français aujourd’hui : former au français dans le Maghreb, n o 154, Paris,
Armand Colin, p. 83-92.
Les modalités de soumission des propositions :
– Un texte de 500 mots sous format Word ; – l’identité de l’auteur ou des auteurs (le
prénom, le nom, le statut et l’institution de rattachement, adresse, E-mail, téléphone).
– Durée de la communication : 15 minutes
– Email d’envoi : aydicolloque@gmail.com
Dates à retenir :
Réception des propositions : du 1 er au 15 septembre 2022 (dernier délai)
Notifications de l’acceptation des propositions : 30 septembre2022
Déroulement du colloque : 26, 27 et 28 Octobre 2022
Publication des actes du colloque : Les articles sélectionnés par le comité
scientifique feront l’objet d’une publication conforme aux normes académiques
internationales.
Responsables :
– Lazhar Aydi : directeur du département de français de la FLSHK.
– Abderazak Sayadi : coordinateur de la Commission Sectorielle Nationale du français.
Coordinateur du colloque :
Lazhar Aydi
Comité scientifique :
-Hédia Abdelkefi
-Radhouane Briki
-Abderazak Sayadi
-Mohamed Chagraoui
-Naima Meftah-Tlili
-Mustapha Trabelsi
-Saloua Béji
-Mokhtar Farhat
-Houda Ben Hammadi
-Zouhour Ben Aziza
-Anis Nouairia
-Lazhar Aydi
-Anissa Zrigue
-Lasaad Oueslati
-Lasaad Heni
Comité d’organisation :
-Anissa Zrigue (chef)
-Dorra Barhoumi
-Mustapha Chihani
-Malak Khbou
-Asma Gueddah
-Mondher Chafra
-Mohamed Fkih
-Kais Benslama
-Roua Fejji