NDR: Dans ce temps de troublante ingratitude et de nouvelle crise des inaliénables valeurs d’humanité, conscients de notre rôle de “média-associatif”, nous ouvrons, dans www.voixdavenir.com notre catégorie “Histoires”, surtout sa rubrique “Mémoire pour l’Avenir” (MpA) à des témoignages, des hommages et des récits essayant de rendre justice, par l’écrit, à des personnes qui ont pensé intelligemment leur rôle citoyen et ont tenté de l’assumer du mieux qu’elles ont pu. Voici un des textes de cette série qui vous est ouverte:
NON, NOUREDDINE ! C’EST TOI, L’HOMME D’EXCEPTION !
À Tunis, je n’ai pas de vrais amis ! À Jendouba au contraire, j’en ai beaucoup ! Noureddine Souli est de ceux que j’aime rencontrer en premier dès que mes pieds foulent le sol du bled.
Nous nous sommes connus, lui et moi, au tout début des années 1980 à la faveur de notre engagement syndical commun. Dans ces temps-là, Noureddine faisait partie d’un groupe de militants démocrates qui m’impressionnaient par leur clairvoyance, par la pondération de leurs prises de position, par la limpidité et la profondeur de leurs raisonnements.
Noureddine ne s’emporte presque jamais pendant les meetings organisés par le syndicat des enseignants, par l’UGTT ou par les partis politiques et les organisations de la société civile. Il a toujours défendu les causes qu’il juge justes. Son combat pour les droits de l’homme et les libertés individuelles est infatigable. Tu peux ne pas être d’accord avec Noureddine sur certains sujets, mais lui, contrairement à bien d’autres, il ne cherche jamais à imposer son opinion à qui que ce soit.
Dans la vie de tous les jours, Noureddine est très sociable. Nombreux sont les cercles qu’il fréquente à Jendouba, et il a toujours l’attitude et le discours convenables avec chacun de ces entourages diversifiés, avec même chacun des membres de chaque groupe côtoyé. Tout en étant très franc, Noureddine ne blesse jamais ses interlocuteurs en les jugeant. Et le langage qu’il adopte dans ces instants-là, est équitablement dosé en reproches adoucis et en compliments compensateurs.
C’est aussi un bon vivant et il a beaucoup d’humour. Je ris beaucoup en sa présence et je l’aime beaucoup parce que mes taquineries (parfois déplacées et excessives, je le reconnais) le vexent rarement. La discussion avec Noureddine est toujours plaisante et ne se termine jamais en queue de poisson; parce qu’il lui trouve chaque fois le dénouement qui met tout le monde d’accord.
Noureddine est un époux et un père de famille modèle. Mais c’est surtout un Jendoubien heureux en dépit des aléas de l’existence, des soubresauts du quotidien tunisien, de la médiocrité ambiante autour de lui, et de la difficulté d’être heureux aujourd’hui dans une ville de l’arrière-pays. Noureddine a conscience de tout cela, et il s’en porte témoin dans tout ce qu’il dit et écrit.
Parce que Noureddine est aussi un écrivain talentueux. À son actif, il compte des recueils de nouvelles et de poésie. Mais sa présence intellectuelle à Jendouba frise l’ubiquité. Il n’est pas de rencontre culturelle qui vaille sans Noureddine Souli en animateur, en invité ou en participant fortement et intelligemment impliqué.
Dans les établissements scolaires où il a exercé, Noureddine Souli a enseigné l’histoire et la géographie certes, mais plus essentiellement les nobles valeurs humanistes et humanitaires qu’il n’a jamais cessé d’incarner en imposante et incontournable figure de la Gauche jendoubienne.
Cher Noureddine, j’écris ce témoignage pour rendre modestement hommage à ta noble personne et à ces nombreuses valeurs que tu as toujours incarnées et que tu défends encore sans relâche ! C’est toi, Noureddine, l’homme d’exception !
BADREDDINE BEN HENDA