C’est un dimanche studieux de cogitations, d’interprétations, de questionnements, d’explications, que les Tunisiens excédés par ce climat politique viennent de vivre. On veut commenter, analyser les véritables intentions de Kais Saïd qui a surpris tout le monde avec son franc jeu en confiant la responsabilité de former le énième gouvernement à son propre candidat, un homme auquel il fait de prime à bord entièrement confiance.
Ce qui est clair c’est que Kais Saïd et Hichem Mechichi n’appartiennent à aucun parti. Ce qui est notoire c’est que Kais Saïd n’a tenu compte d’aucun nom des 21 proposés à sa demande par les partis dans des listes non contraignantes, une démarche qui apparemment aurait provoqué des réactions hostiles. Ce qui ne laisse place à aucune équivoque, c’est que Kais Saïd reste ferme et très attaché à ses principes, fidèle à sa ligne de conduite affichée depuis son entrée dans la course à la présidence quant au respect de la légalité et du droit.
Aucun parti n’ayant la majorité absolue, le chef de l’État se permet d’affirmer sa stratégie et d’afficher ses choix. Du coup il prouve qu’il n’est pas pour le consensus auquel son prédécesseur a eu recours. Alors soit le gouvernement passe et le tandem pourra travailler dans un climat de confiance même relative entre Carthage et la Kasbah, soit il casse et ce sera la dissolution du parlement ce qui ne sera pas du goût de plusieurs. Excédé mais audacieux Kais Saïd, en prenant cette décision inattendue, a voulu non seulement siffler la fin de la récréation mais le début d’une nouvelle partie décisive pour le passage à une autre étape. Kais Saïd, qui a les cartes en mains, soutient à fond son poulain et avec lui il marque des points précieux. Il est presque impossible de compter sur un duel entre ce duo qui sait ce qu’il veut et où il peut aller.
Maintenant vient le temps de la formation de l’équipe, un jeu subtil, car un bon coach choisit en principe les meilleurs(es) qui existent et qui attendent un coup de fil. Les Tunisiens recommencent à espérer tout en continuant de s’impatienter et n’acceptent plus d’être à chaque fois déçus. Le pays a besoin de compétences affirmées et de cadres expérimentés.
Kais Saïd, maître du temps, devient le chef d’orchestre d’une scène politique troublée et en si peu de temps il est devenu une figure tutélaire dont la moindre prise de parole est scrutée et analysée et provoque même des remous. Il faut en finir avec toutes les magouilles car le pays est menacé, le régime secoué, le peuple, toujours la victime, éreinté.