(Encore et toujours d’actualité !)
Cela se passe dans le hall d’un hôtel de Sousse. Deux fillettes très mignonnes d’à peine 6-7 ans se rencontrent pour la première fois de leur vie. L’une est Algérienne, l’autre est Russe. Aucune d’elles ne parle la langue de l’autre. Pourtant, pendant plus d’une demi-heure, les deux enfants s’amusèrent comme deux folles, elles colorièrent ensemble plusieurs dessins, toujours en riant et sans échanger le moindre mot. Avec des gestes simples, spontanés, elles communiquaient merveilleusement leurs diverses sensations et leurs multiples impressions. Il était clair qu’elles se comprenaient mutuellement, que l’essentiel pour chacune était de passer un bon moment avec cette Autre qui n’avait rien d’une étrangère, malgré les apparences physiques et le handicap de la langue.
J’étais à trois mètres des deux fillettes et, en suivant cette scène tendre et significative, je pensais à certains “amis” adultes (?) qui sont du même pays, qui parlent la même langue, mais qui ne communiquent entre eux qu’en se diffamant, qu’en se calomniant; qui ne savent plus rire pour rire, ni jouer pour jouer, qui ne peuvent plus voir l’autre sans le jalouser pour un bien, pour une joie, pour une qualité quelconques. Autour de moi, les “amis” ne sont plus des amis, les “confrères” se détestent ouvertement ou en sourdine. L’autre jour, .un universitaire me confiait qu’il éprouvait une “haine sanguinaire” à l’égard de l’une de ses collègues. Un invalide à qui j’ai toujours rendu service prend désormais plaisir à m”invectiver en toute occasion et de la manière la plus gratuite qui soit. Pour finir, je reçois, ces derniers temps, du courrier insultant, diffamatoire sur le fond, qui débute, néanmoins, par la formule consacrée “cher collègue” et se termine par cette autre tournure non moins hypocrite ” Cordialement”!!!