Houcine Bouslahi
“L’effet Flynn”, du nom de son concepteur, a fait son apparition dans les années 60. Il permet d’observer l’évolution du quotient intellectuel (QI), en passant d’une génération à une autre. Christophe Clavé a établi une articulation entre ce concept et le langage, en constatant qu’il y a une régression du quotient intellectuel chez les nouvelles générations. Il a travaillé sur des phénomènes discursifs qui se rapportent à l’appauvrissement du langage chez les jeunes :
1- Ce qu’on appelle en linguistique ” entrée encyclopédique” (Sperber et Wilson, La Pertinence, 1989) se trouve nettement réduit ; il y a moins de mots employés à l’oral, surtout chez les jeunes.
2- La subtilité du langage de l’esprit et du sous-entendu se trouve supplantée par l’expression superficielle, une forme de dire au premier degré.
3- Côté modalités, la disparition progressive du subjonctif et du conditionnel (modal) réduit le langage, chez les jeunes, au faits réels d’actualisation et prive cette génération des possibilités de virtualisation qui participent de la pensée complexe transcendante.
4- Un locuteur qui se prive délibérément des concepts qui, selon Kant, permettent au sujet de synthétiser sa pensée, s’expose au risque de faire du réel un simple contenu narratif primaire, et de fait, la transcendance du monde perçu demeure superficielle, chose qui à son tour réduit le QI de l’usager de la langue.
J’ajouterai que le grec et le latin étaient des langues de savoir, à plus forte raison qu’ils ont créé des concepts, administratifs, scientifiques et surtout philosophiques. Ce fait était à l’origine de la suprématie culturelle, qui a conduit à la maîtrise du monde au moyen de la langue.
L’absence du langage complexe, selon Christophe Clavé, induit l’absence de la pensée complexe. Et ce phénomène conduit à l’appauvrissement du QI. Le résultat : une incapacité à donner des mots à ses émotions.
Chose qui conduit à la violence, comme on pourrait le constater actuellement chez les jeunes qui s’expriment, dans l’obscurité de la nuit, au moyen de la destruction.