Par Mansour M’henni
D’abord mes remerciements les plus sincères et les plus chaleureux au Ministère de la Culture du Royaume du Maroc et à son Ambassade à Tunis pour l’honneur qu’ils m’ont fait de m’inviter à visiter le 37ème Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL) à Rabat, du 6 au 9 juin 2022. Un vrai moment de plaisir et d’intérêt académique et culturel, mais surtout un grand moment d’amitié et de noble humanité !
D’entrée, il serait utile d’apporter une petite précision : certains observateurs se sont interrogés sur les raisons de l’organisation de cette édition pour la première fois à Rabat. En fait, deux facteurs semblent justifier cette : d’un côté l’espace consacré à cette manifestation à Casa a été transformé en centre de soins à l’occasion de la pandémie du covid 19, de l’autre, la capitale Rabat est, en cette année 2022, à la fois Capitale de la Culture dans le Monde islamique et Capitale Africaine de la Culture. Cependant, au-delà même du conjoncturel, le Maroc a toutes les raisons de songer à une manifestation de cet ordre à deux volets annuels, un à Casa et l’autre à Rabat, en œuvrant à doter chacun d’eux d’une spécificité et d’une date particulière : par exemple un SIEL et une Foire du Livre Africain (incluant le Maghreb évidemment).
En tout cas, cette édition à Rabat est bien réussie, en ce début du mois de juin, et laisserait concevable, probable même, une seconde date en novembre pour meubler les deux semestres de l’année et doubler le rayonnement du Maroc, dans le prolongement de sa pertinente politique d’ouverture sur l’Afrique. Mais la décision revient bien au pays frère qui connaît mieux ce qui est plus judicieux, à ce propos, et qui agira en conséquence.
Toutefois, le Tunisien que je suis, soucieux de contribuer à la réflexion d’ensemble dont il se sent obligé de par ses différents statuts et son inaliénable engagement citoyen pour son pays, ne s’est pas privé de réfléchir la Foire Internationale du Livre à Tunis (FILT) et à ses perspectives d’avenir. Je rappellerais bien mon avis favorable à la décision de report de sa 37ème édition pour le printemps de 2023, donc à la date classique de son organisation avant le covid, ce qui rétablirait la répartition semestrielle des deux foires, internationale (en avril) et nationale (début novembre). Reste alors, à mon sens, l’intérêt de nommer assez tôt le comité directeur de la FILT 37, de façon à lui permettre une préparation réfléchie, rationalisée et efficiente. Reste aussi à repenser cette nomination dans le sens de la continuité évolutive et dans la prospection étudiée pour éviter les aléas de l’improvisation et de la précipitation.
Se posera en même temps la question de l’espace : là le SIEL 27 peut inspirer la FILT 37. En effet, il paraît vital de déplacer la FILT au plus près du centre de la Capitale. Il y a bien, entre la Cité de la Culture et l’avenue Bourguiba, assez d’espace pour installer plus d’une foire et la logistique moderne est à même de fournir les éléments nécessaires à une vision renouvelée de la foire internationale et à une rentabilisation de l’opération à plusieurs niveaux. En tout cas, la question mérite une discussion approfondie dans une prédisposition non conditionnée à l’esprit du changement.
D’autres questions non moins importantes seraient révisées en conséquence, pour un meilleur avenir du livre tunisien et pour son rayonnement. Il nécessiterait une nouvelle intelligence et une nouvelle éthique à instaurer dans le rapport entre les écrivains individuellement et leurs structures représentatives, ainsi qu’entre eux et leurs éditeurs. Nous y reviendrons, sans doute.