Par Badreddine Ben Henda
Gérer l’été des enfants et des adolescents est un vrai casse-tête pour les parents, surtout pour les plus déshérités d’entre ces derniers. Les grandes vacances commencent très tôt chez nous; dès la fin mai, les collèges et les lycées sont plus ou moins désertés par leurs élèves, lesquels remplissent comme ils peuvent ces heures libres, ces journées libres, qu’ils s’offrent eux-mêmes, ou plutôt que le temps scolaire pratiqué dans la plupart des établissements leur offre dès avant juin.
Où vont-ils pendant ces “vacances” prématurées? Partout, sauf chez eux ou dans des lieux où ils se sentent contrôlés d’une quelconque manière. Toujours en groupes de cinq membres au moins, ils prennent les tramways vers le centre-ville ou les banlieues en y causant toutes sortes de tapage et de nuisances, voire en y commettant parfois de graves imprudences et quelquefois de dangereux actes de délinquance.
Ces groupes sont plus imprévisibles lorsqu’ils sont composés exclusivement de garçons; mais lorsque des filles s’y mêlent, la contagion violente, polluante et imprudente n’est guère à exclure. La canicule ambiante n’est pas pour tempérer ces ardeurs jeunes d’autant plus que les adultes eux-mêmes censés les calmer et les raisonner en suffoquent peut-être davantage.
La chaleur n’y est parfois que pour peu de chose; car la plupart des bandes en vadrouille sont sans argent conséquent : et c’est le plus grave dans ce genre de sorties improvisées et difficilement contrôlables. Les parents n’ont pas toujours les moyens des tentations de leurs enfants. Surtout que la moindre des balades en ville ou en banlieue revient à au moins cinq dinars pour les plus fauchés de ces “vacanciers”! Le problème se pose apparemment avec moins d’acuité dans les villes côtières. Faux ! vous diront plusieurs parents ! Parce que justement, l’été des jeunes là-bas n’est pas fait que de baignades peu coûteuses. Non, il revient à beaucoup plus cher économiquement d’abord, et aussi sur bien d’autres plans individuels et collectifs !
Ça ne fait que commencer en ce début de juin 2022. Et c’est ainsi tous les ans en pareille période. Les solutions manquent chaque année un peu plus pour les familles en crise. Comme c’est le cas d’ailleurs pour l’Etat lui-même qui n’a pas le temps ni les moyens de penser aux vacances des jeunes, encore moins à celles des moins jeunes. Chaque Tunisien est comme livré à lui-même quand il s’agit d’affronter les grandes vacances ! Alors il les passe n’importe où et n’importe comment en fonction de ce qu’il a ou n’a pas ! Et “moulaha rabbi” ! Il y a peu de chances qu’il en soit autrement les années à venir !