CONTE DE LA NUIT DU DESTIN (suite et fin)
(Résumé de l’épidode précédent : La débandade se poursuit dans mon foyer après ma metamorphose magique en bel homme suédois. Les solutions manquent pour retrouver l’équilibre initial. Cependant, tout n’est pas perdu.)
Je ne tenais plus en place et notre chambre s’avéra trop petite pour mes incessantes allées et venues hystériques. Il me vint tout à coup une idée :
– Écoute, je crois avoir trouvé une solution rapide. Appelle ton esthéticienne! Je lui refilerai l’argent qu’elle voudra; pourvu qu’elle me fasse retrouver mon profil de toujours.
– Tu es fou ! Thourayya ne tient pas sa langue; elle ébruitera partout ton histoire et on en parlera à la radio, dans le journal télévisé et les quatre vérités de Hamza Belloumi, sur Facebook et Twitter ! Il vaut mieux pas, chéri !
– J’achèterai son silence quel qu’en soit le prix. Je tiens à ma peau d’origine. Tu comprends pas ? Je veux mes yeux noirs, mes cheveux crépus, mes dents en fourche et mon sourire crispé ! Tu as son numéro ? Appelle-la !
– Tu l’appelleras toi-même ! Voici le numéro de son salon !
Le téléphone sonne plusieurs fois mais personne ne décroche. Je recompose le numéro; toujours personne à l’autre bout du fil.
– Ne te fatigue pas, hobbi ! Il n’est pas encore dix heures. C’est surtout l’après-midi qu’elle est disponible. Encore faut-il qu’elle accepte de sortir de son salon pour venir te maquiller ici.
– Me maquiller ? Tu te moques de moi maintenant ? Je la rappellerai dans une heure et toutes les heures s’il le faut ! Pour les enfants et la fête, je vais faire le malade. Ne laisse personne entrer dans la chambre !
– Crois-moi, azizi ! Mon idée est meilleure. Tu garderas ton nouveau look et tout le monde finira par avaler la pilule de la Nuit du Destin !
– Les choses sont aussi simples pour toi ? Tu n’as peur de rien; pas même de la police si l’on venait à enquêter sur ma “disparition “. On te soupçonnera la première de m’avoir achevé pour prendre un amant, moi en l’occurrence, version blonde !
– Ha ha ha ! Tu seras donc pris pour complice
d’exécution. Arrête de radoter, habibi ! Moi, te tuer ? Moi, te remplacer par un autre ? Quoique… ha ha ha!
Quoi ha ha ha ! En tout cas, tu viens de me tuer à ta manière. Qui sait si tu n’en as pas toujours eu envie ! Je ne te plaisais pas au fond. Tu aurais aimé un plus séduisant que moi ! Tu accepterais, toi, que Dieu te transforme selon mon désir en belle brune indienne ?
Tiens, je vais prier le Seigneur de te métamorphoser en sulfureuse danseuse de Bollywood.
Je murmure quelques incantations pendant que mon épouse ricane. Deux minutes, trois, cinq, dix !
Miracle ! J’ai sous les yeux la plus désirable des actrices indiennes !