Badreddine BEN HENDA
Les réseaux qui organisent actuellement la fraude au baccalauréat emploient des professionnels du secteur de la téléphonie mobile, mais aussi, d’après les dernières arrestations et enquêtes effectuées dans le cadre de cette affaire, des médecins et des enseignants. Comme trafic, cela rapporte manifestement beaucoup d’argent : plusieurs millions en quelques jours ! D’où viennent ces millions versés par des élèves de condition moyenne ou même modeste ? Sont-ce les parents qui vont peut-être jusqu’à emprunter aux banques (pourquoi pas ?) les sommes exigées par les filières fraudeuses ? Y aurait-il d’autres bailleurs de fonds louches comme les formations politiques aux comptes bien garnis réservés pour entre autres le recrutement et l’embrigadement d’un maximum de “militants” jeunes d’un niveau intellectuel relativement élevé ?
La mafia est tentaculaire partout où elle opère; et c’est le cas pour celle des examens et des diplômes en Tunisie. Vraisemblablement, son action s’est élargie et a prospéré pendant la décennie “révolutionnaire”, lorsque l’Administration de l’Etat ne contrôlait plus rien avec la même fermeté et la même efficacité qu’auparavant. Aucune mafia au monde ne s’épanouit ni ne se renforce si elle n’a pas d’appui au sein des sphères dirigeantes ou dans la périphérie de ces sphères corruptibles à souhait, notamment lorsque le pouvoir est faible et largement infiltré par les truands de tous bords.
Qu’il y ait, parmi les agents de cette “piovra”, des médecins, des enseignants, des universitaires, des hauts cadres de l’Etat, des “leaders” politiques, cela ne devrait plus étonner personne ! Les diplômes de ces “agents” sont parfois eux-mêmes truqués ! Tout s’achète dans les régimes où tout est “truqué” ! Pas seulement les épreuves du Baccalauréat ou celles de la Neuvième et de la Sixième ! Montez plus haut et vous découvrirez les pires repaires de la triche.
Les bénéficiaires de tels trafics n’ont pas intérêt à les dénoncer. Au contraire, ils s’y laissent attirer dans une sorte de relais générationnel spécialisé dans la formation et le perfectionnement des fraudeurs en tous genres et de tout âge. Ainsi, les aînés apprennent aux cadets les ficelles du “métier” juteux. Il n’y a donc pas à s’inquiéter pour l’avenir de la fraude sous nos cieux lorsque l’honnêteté, la rectitude et l’intégrité ne nourrissent plus leur homme; lorsque les professions dites “nobles” sont infestées de malfrats sans foi ni loi, lorsque la manœuvre frauduleuse devient la règle et que la voie régulière et licite devient l’exception !